Il y a aussi la musique. Le rap, ça ne leur dit pas. Le coupé-décalé, ils n'ont plus les articulations suffisamment huilées pour. Le makossa et le Bikut-si actuels ? Des musiques davantage commerciales à leur goût.
Ironie du sort, leur frustration est un fonds de commerce qu'exploite désormais chaque directeur de boîte de nuit à Yaoundé, Douala, Bafoussam, et même dans d'autres villes du Cameroun. Horaires étudiés, publicité, la nostagie d'une certaine génération de Camerounais pour certains rythmes et chanteurs qui ont accompagné leur jeunesse est "traitée" tel un filon, au moyen de techniques commerciales éprouvées.
Depuis quelque temps d'ailleurs, il y a comme une compétition entre les promoteurs de "matinées de vieux". D'une boîte de nuit à l'autre, chaque Dj veut être celui qui organise la matinée la plus courue. D'autant plus que dans leurs remontée du temps, les vieux "paient". Au cours de ces rencontres, en effet, les souvenirs coulent autant que la boisson. Une bonne partie de cette clientèle appartenant à la tranche dorée de la société. Les "matinées" de cette tranche d'âge font d'ailleurs d'elle la clientèle d'autres commerces que les boîtes de nuit. Les vendeurs de certains habits et chaussures, notemment. Il y a en effet un certain look pour la "matinée". Personne ne l'a formellement prescrit, mais on s'habille décontracté pour y aller. Survêtements, polos, jeans, baskets, sebago, voilà pour la tenue. Celle des hommes, surtout. Car, de plus en plus, les femmes dansent la dissidence, avec leurs kabas.
Seulement voilà : les vieux ont déserté les soirées ordinaires des boîtes de nuit pour une question de générations. La leur n'y avait plus de place, à côté de celle de leurs enfants, ont-ils estimé. Mais face aux "jeux", comme les quinquagénaires d'aujourd'hui appelaient certains loisirs, il y a 20 ans et plus, parents et enfants appartiennent désormais à la même génération : celle du marketing. Celle où tout est objet de commerce, est soumis à la mode et a un cycle de vie. Celle où le besoin est suscité. En effet le besoin des "matinées" n'est pas toujours naturel chez tous les vieux, comme celui des "ragas parties" ne l'est chez leurs enfants. Ce sont des besoins que l'on doit parfois à la société de consommation, comme beaucoup d'autres.
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