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La police rafle les noctambules à Douala
(10/03/2004)
La police à Douala se permet en ce moment d'embarquer les noctambules à tout bout de champ...
Par Rédaction

Il devient de plus en plus désagréable de se retrouver à certaines heures de la nuit, dans les rues de Douala.La police se permettant d'embarquer les noctambules et de les libérer seulement contre de rondelettes sommes d'argent.


Il devient de plus en plus désagréable de se retrouver à certaines heures de la nuit, dans les rues de Douala. Les automobilistes, et surtout les chauffeurs de taxis, n’ont pas manqué de signifier, il y a peu de temps encore, leur ras-le-bol face à la multiplication des barrages de police et de gendarmerie partout dans la ville. " Toutes les tracasseries orchestrées par ces gens qui prétextent un contrôle des pièces du véhicule n’ont qu’un seul but : nous extorquer de l’argent, et rien d’autre ". Philippe Talolompeu, chauffeur de taxi dans la ville, laisse ainsi explorer sa colère. Mais depuis quelques temps, certains points " chauds ", ainsi que les populations rencontrées dans les rues sont devenus les cibles des policiers en "patrouilles ". A partir de 22 heures, certains débits de boisson sont vidés de leurs occupants, qui sont immédiatement transportés, avec ou sans carte d’identité, et gardés à vue toute la nuit durant, dans les commissariats.

Il est presque 2 heures du matin, non loin du carrefour de la Cité des palmiers à Bassa. Un pistolet mitrailleur au point, un policier en civil surgit d’un car qui avait à peine ralenti. "Montrez et nous allons vous accompagner où vous allez ", lance-t-il à l’endroit de trois jeunes gens stoppés net dans leur marche. Deux autres arrivent à la rescousse, pour décourager l’hésitation " des trois noctambules " qui commençaient à protester en montrant leur carte nationale d’identité. " Ne nous perdez surtout pas de temps, cela risque de vous coûter cher ", conseille violemment un autre policier, visiblement prêt à passer à l’acte. Sans donner d’autres explications ni même la destination, Eric, Emmanuel et Mémère sont obligés de s’entasser avec d’autres personnes déjà interpellées dans le fourgon qui continue sa " rafle ". Deux autres malchanceux sont cueillis, après avoir tenté un sprint pour regagner la veillée funèbre qui se déroulait à une cinquantaine de mètres de là, et qu’ils venaient de quitter pour repartir chez eux. Des coups de pied, des cris, et ils sont bousculés dans le car, avant de s’entendre dire: " vous n’aviez qu’à rester à votre veillée funèbre jusqu’au matin. Pourquoi vouliez-vous rentrer à 2 heures du matin ? Nous allons ajouter le délit de fuite à votre cas, et cela vous apprendra à nous faire courir ".

Cette phase de l’opération, qui n’était pas la première, s’achève dans les locaux du commissariat du 10ème arrondissement à Logbaba, dans la zone de Bassa. L’arrivée de ce nouveau contingent décuple presque l’enthousiasme des policiers de faction, qui commencent immédiatement à hurler des ordres. "Déchaussez-vous et entrez vous asseoir sur le sol comme les autres ". Un jeune homme qui insistait pour être identifié et savoir le motif pour lequel il allait être mis en garde à vue, irrite davantage celui qui semblait être le chef de poste. " La nuit est faite pour dormir et votre présence dans la rue à une heure aussi avancée, suffit pour que vous soyez interpellés et gardés à vue ". Son insistance devenant agaçante pour le sbire, il est jeté en cellule pendant un peu plus d’une heure de temps, " pour que les autres comprennent que l’heures n’est plus à la plaisanterie ". Le reporter du quotidien Mutations qui se trouvait parmi les interpellés trouve enfin une occasion pour décliner son identité. " Ecrivez au Président de la République si vous voulez, déjà que vous en avez l’habitude et cela n’a jamais rien fait à personne ", lance furieusement l’inspecteur de police Biliock, qui avait pris soin de coller son nom à l’envers sur son uniforme.

Lorsque près d’une heure après le car revient chargé d’autres personnes arrêtées ça et là, un incident heureusement vite dissipé, se produit entre les policiers. Ceux qui patrouillaient reprochent alors à leurs collègues restés au poste, d’avoir " libéré " une bonne quinzaine de personnes à leur insu. Cette fois donc, les tractations avec les " coupables " qui ne souhaitaient pas être embastillés, se sont faites directement près du car, avec le chef de la patrouille, loin des regards indiscrets. Deux couples qui avaient su " acheter leur liberté et mettre le carburant dans la voiture ", sont reconduits avec délicatesse chez eux, dans le car qui les avait pourtant amenés. Si l’on voit déjà là une nouvelle astuce des policiers pour arnaquer les citoyens, l’inspecteur de police Biliock a pour sa part, afin de justifier ces rafles organisées dès 22 heures, évoqué une circulaire du Délégué provincial à la sûreté nationale. " Nous avons une note du délégué qui nous autorise à interpeller toute personne rencontrée dans la rue à une certaine heure de la nuit ", a-t-il martelé. Une note qui jusqu’ici, reste inconnue des populations qui commencent à se terrer, épouvantées par les assauts nocturnes des policiers.








Source : Quotidien Mutations, Pascal E. Dang


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