Les mains tremblantes, Danielle Olinga fouille frénétiquement son sac à main, à la recherche de son téléphone portable qu’elle affirme pourtant avoir mis dans cet accessoire qui ne la quitte que rarement. Finalement, tout lui revient : les différentes secousses de ce second " client " qui n’arrêtait pas de se plaindre de tout et de rien dans le taxi.
Serrée à l’avant du véhicule avec ce dernier, elle se souvient qu’il "n’arrêtait pas de dire qu’il est trop à l’étroit, et que je l’empêchais de se mouvoir comme il le souhaitait. Il n’arrêtait pas de se plaindre et à un moment donné, le chauffeur du taxi a dit qu’il était fatigué de ces plaintes, et m’a demandé de descendre sans payer pour qu’il dépose ce client à destination vu qu’il avait payé un peu plus cher que moi."
Cette mésaventure décrit une activité des pickpockets qui se développe depuis plusieurs mois dans la ville de Yaoundé. Les plaintes, déposées dans les différents syndicats de taxis et autres postes de police, attestent de la récurrence du phénomène. Dans la plupart des cas, le procédé est le même : le taxi plein embarque un client supplémentaire qui accepte d’être en surcharge et serré dans le véhicule. Un jeune homme généralement, assis à l’avant, et complice du chauffeur, trouvera le moyen de perturber le nouveau venu, histoire de soutirer tranquillement le téléphone et, éventuellement, le porte-monnaie de la victime. " Souvent, certains usagers viennent se plaindre au sein de notre syndicat pour des vols de portables et autres. Malheureusement pour eux, on ne peut rien faire pour eux tant qu’ils n’ont pas retenu le numéro de badge ou encore, le nom du chauffeur en question", témoigne Alphonse Siakam, du Syndicat national du transport urbain et interurbain du Cameroun (Synactuicam).
Cependant, ces voleurs d’un autre genre n’ont pas toujours eu que des jours heureux. Martin Fossoua, commandant du Groupement spécial d’opération (Gso) évoque, par exemple le démantèlement d’un groupe le 19 mai dernier. "Tout est parti de la plainte qu’une femme avait déposée au sein de l’un des syndicats. Elle avait retenu le numéro de badge et le nom du chauffeur. Après enquête, nous nous sommes rendus compte que le chauffeur en question n’était pas de service à ce moment-là. Etonné, il a finalement reconnu avoir donné le taxi à son " mercenaire " qui a été rattrapé avec son complice" indique le commandant qui poursuit : " Il faut que les personnes qui se livrent à cet exercice sachent qu’elles s’exposent à une peine de 5 à 10 années d’emprisonnement pour vol avec faux et usage de faux dans le cas ou ils iraient jusqu’à utiliser le badge d’un autre chauffeur."
Source : Quotidien Mutations
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