Habillée d'un pantalon Afritude, d'un pull-over blanc, Josephe-Clarisse, 24 ans, fait penser à un homme avec sa constitution solide, ses manières brusques et sa voix grave. Avec une certaine assurance, cette footballeuse coiffée de "locks" va d'un pas nonchalant vers un gendarme qui l'interpelle. Plus loin, Alice 19 ans, est couchée sur l'une des multiples tables de la gendarmerie de Nlongkak. Mince, de teint noir, cheveux au vent, vêtue d'un pull- over de couleur grise et d'un jean, comme son Joseph, Alice paraît décontenancée. En effet, depuis le samedi 21 mai 2005, ces deux jeunes femmes, présumées coupables d'homosexualité, croupissent dans les locaux de la gendarmerie de Nlongkak en compagnie de 15 autres homosexuels de sexe masculin cette fois-ci. Tout est parti d'un appel d'urgence d'Alice qui, suite à une bastonnade que lui a administrée son partenaire Josephe, décide de mettre un terme à cette histoire d'amour pas comme les autres.
"Josephe-clarisse m'a vue sortir avec un garçon. A mon retour, elle m'a frappée. J'avais peur qu'elle me tue, alors j'ai appelé le 113 et les gendarmes sont venus. Ensuite, ils nous ont embarqués quand ils ont su que nous sommes lesbiennes", explique Alice. Cette dernière poursuit : "Je suis contre l'homosexualité. J'ai mon copain qui ne sait pas que j'entretiens des relations avec des femmes. Les deux premiers mois de notre relation, Josephe me droguait et le matin je me réveillais toute nue dans son lit. Je ne pouvais pas me plaindre parce qu'elle me menaçait de mort".
Pour Josephe, cette version des faits racontée par Alice est fausse. "C'est elle qui me harcelait. Sa mère et sa tante m'ont aussi fait des avances que j'ai repoussées. Alice m'a envoyé plusieurs couriers dans lesquels elle dit qu'elle ne peut pas vivre sans moi, que si je la quitte elle va se suicider et laisser un mot dans lequel elle me tient responsable de son décès", déclare Josephe. D'après la cousine d'Alice qui a requis l'anonymat, "Josephe a envoûté ma soeur. Cette dernière ne jurait que par elle. C'est Josephe qui était l'homme et qui prenait les décisions. Alice n'avait pas droit à la parole et exécutait à la lettre les ordres donnés par sa compagne".
Suite aux déclarations d'Alice et Josephe-Clarisse, les éléments de la gendarmerie de Nlongkak ont effectué une descente dans un bar situé à coté du Madison night club, au lieu dit Nouvelle route Mimboman à Yaoundé et c'est là que les 15 jeunes présumés homosexuels ont été arrêtés. Un coin décrit par les deux filles, comme le repère des homosexuels. Selon elles, tous les dimanches, ces derniers se rassemblement à cet endroit pour faire connaissance et trouver de nouveaux partenaires. Ce que ne démentent pas les accusés de sexe masculin. D'ailleurs, l'un d'eux, debout derrière la grille de la cellule, avoue sans gêne son forfait. "Je m'en fous, je suis homosexuel et c'est mon choix. Il n'y a rien à expliquer et aucune négociation à faire".
Une source proche de la gendarmerie indique que ces 17 jeunes, accusés d'homosexualité, passeront dès demain devant le procureur de la République près les tribunaux de Yaoundé.
Source : Quotidien Mutations
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