Fin de parcours pour Dieudonné Nkodo, Jean-Marc Essama, Alain Dikongué et Nick Simon. Depuis jeudi, 19 mai dernier, ces quatre hommes qui menaient des activités de gravure à la poste centrale deYaoundé, sont placés sous mandat de dépôt à la prison centrale de Kondengui pour avoir été appréhendés en possession de faux cachets et documents officiels de grande importance : des faux passeports de service, des faux relevés de notes de l'université de Yaoundé II à Soa, des faux jugements d'hérédité et même, de faux livrets scolaires du lycée de Fatima à Bangui.
Avant leur incarcération, les quatre compères avaient été déférés, le même jour, devant le parquet du tribunal de grande instance du Mfoundi au terme d'une enquête menée dans les services de la direction de la police judiciaire (Dpj) à Yaoundé. De sources proches de l'enquête, la police s'est mise sur les traces de ces présumés faussaires à la suite d'un renseignement, au départ anodin, et qui permettra d'interpeller un individu en possession d'un faux acte de mariage. Interrogé sur l'origine du faux document, ce dernier indexera Dieudonné Nkodo et dévoilera ses coordonnées à la police. Qui à ce moment là, ignore l'ampleur "des faits d'armes" de ce "technicien de laboratoire", ainsi qu'il est mentionné dans ses pièces officielles, au moment de son interpellation.
Une fois sous les verrous, Dieudonné Nkodo livrera l'identité ainsi que les coordonnées de ses complices. Qui le rejoindront dans les cellules de la Direction de la police judiciaire. Il s'agit de Jean-Marc Essama, Alain Dikongué et Nick Simon. Les différentes perquisitions effectuées dans les domiciles de ces "graveurs" dévoileront un imposant réseau d'établissement de faux documents officiels, qui ne lésinait pas sur les moyens. Les cachets nominatifs, les cachets ronds, les encriers, les formulaires de pièces officielles ont ainsi été saisis .
Les personnalités aux noms desquels étaient établis les faux cachets nominatifs se triaient sur le volet. Urbain Olanguéna, le ministre de la Santé publique, Joseph Owona, l'ex-ministre de l'Education nationale, Hamadjoda Adjoudi, l'ex-ministre de l'Elevage, des Pêches et des Industries animales et Emmanuel Ondo Ndong, le directeur du Fonds spécial d'équipement et d'intervention intercommunal (Feicom) sont quelques uns des noms connus, retrouvés dans la panoplie des faux cachets nominatifs.
C'est avec une égale sélection que la bande à Dieudonné Nkodo opérait le choix des administrations aux noms desquelles étaient établis les cachets ronds. A titre d'exemple, les Services du Premier ministre, l'Office du baccalauréat et la direction des Examens et concours de l'ex-Ministère de l'Education nationale. Dans la besace des présumés faussaires, des faux cachets d'extraits de minutes du greffe du tribunal de première instance de Yaoundé ainsi que du service provincial des transports terrestres du Centre ont été saisis.
Selon une source proche de la direction de la police judiciaire, trois membres du réseau courent toujours et sont activement recherchés. Il s'agit notamment de Lambert Essindi, qu'on dit spécialisé dans l'établissement de faux actes de mariage. Les deux autres ne sont connus que par des sobriquets : "Chao" pour le premier, délivreur de faux permis de conduire et "Esprit" spécialisé dans l'établissement de faux passeports de service.
Source :Quotidien Mutations
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