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Embargo : La censure de retour à la Crtv
(24/05/2005)
Les envoyés spéciaux de la radio-télévision d’Etat n’ont pas pu faire leur travail à Abuja.
Par Quotidien Mutatations
Nicon Hilton, Abuja Congress hall, Jeudi 18 mai, 20h moins 10 minutes. Jean-Pierre Efouba Onana, reporter de la Crtv, arrivé seulement quelques heures auparavant dans la capitale politique du Nigeria après un voyage marathon l'ayant d'abord amené à l'est de l'Afrique pour revenir à Lagos, normalement à une heure et demie de Douala, s’éloigne discrètement de la cohue des journalistes qui attendent les résultats du troisième tour de l’élection du président de la Bad. Il s’apprête à envoyer à Yaoundé, sa deuxième correspondance d'envoyé spécial pour le journal parlé de 20 heures de la Crtv radio, où des dispositions sont supposées avoir été prises au centre de modulation de fréquences (Cdm), pour des enregistrements express ou alors l'organisation des passages en direct.

Au cours de la première, au journal de 17h, il a annoncé, presque à chaud, les résultats du premier tour de l’élection du président de la Bad. En fait d’article, ce fut un jeu de questions-réponses en direct, entre le reporter, depuis un téléphone portable, dans le hall de l’hôtel grouillant de monde, et la présentatrice en studio, Barbara Etoa. " Théodore Nkodo est classé sixième sur six, à l’issue du premier tour ", annonce le reporter de la Crtv, comme pour éviter de dire crûment la dure réalité : le candidat du Cameroun a été battu, est sorti dernier et a obtenu un score plus que ridicule: 1,52%...

L’envoyé spécial de la Crtv, écrit péniblement debout, au verso d’un bout de papier providentiel, avec pour sous-main sa sacoche. Il transpire à grosses gouttes, malgré l'heure avancée de la soirée. Au bout d'un feuillet et demi d'efforts, il regarde rapidement sa montre qui indique 20 heures passés de trois minutes. Un ouf de soulagement, et il appelle le Cdm, se présente, en demandant au technicien de lui passer le studio et le présentateur. Le technicien, sans hésitation, lui répond : " Ah c’est Abuja ? nous avons des instructions par rapport à Abuja. Appelez la hiérarchie ".
Devant ses unités de téléphone qui s’envolent, et face à la fermeté du technicien, le journaliste hurle, crie l’urgence de son papier, mais déjà, à l’autre bout du fil, son interlocuteur de Yaoundé semble avoir raccroché. Il se résout donc à appeler Antoine Marie Ngono, le directeur de l’Information de la Crtv, qui lui signifie avoir, lui aussi, reçu " des instructions de la hiérarchie ". Sans plus…

Les auditeurs de la Crtv auront donc remarqué qu’après l’annonce des premiers résultats de l’élection à la Bad, au cours du journal de 17 h en Français, la Crtv n’est plus revenue sur le sujet, ni à 20 h, ni le lendemain… Chez les auditeurs en langue anglaise, la correspondance de Diana Egbe, la journaliste qui accompagnait J. P. Efouba Onana dans cette mission, est passée au journal de 19 h, puis, plus rien.
Le lendemain, les deux envoyés spéciaux de la Crtv ont repris l'avion, le vol spécial affrété par la Camair et qui a ramené toute la délégation camerounaise d'Abuja, officiels et particuliers compris. Un vol silencieux jusqu'à Yaoundé, où personne n'a plus évoqué cet incident de toutes façons connu seulement des journalistes.

Mais quelle est cette hiérarchie qui a demandé de bloquer les informations venant d'Abuja? Joint au téléphone, Antoine Marie Ngono nous a plus ou moins confirmé ce qu'il avait dit au reporter: qu'il avait bel et bien reçu des instructions de sa hiérarchie. Laquelle? Il n'en dira pas plus. Nous avons aussi joint au téléphone hier soir, Amadou Vamoulké, le Directeur général de la Crtv. Commentant cette affaire, il a déclaré : " J’ai effectivement instruit de ne plus faire du direct sur l’actualité à Abuja. J’ai par ailleurs demandé à ce que les reporters mettent en boite tous les éléments qu’ils recueilleraient sur le terrain, afin qu’ils soient utilisés plus tard".
Interpellé sur cette démarche plutôt étonnante professionnellement, qui privilégie l’information froide, qu'on n'est même plus sûr de diffuser, à l’information chaude, le directeur général a précisé : " Les raisons ne sont pas professionnelles, et la raison d’Etat existe pour les médias d’Etat ".
Nous avons également approché le ministre de la Communication, Pierre Moukoko Mbonjo, qui nous a conseillé : " Rapprochez-vous de la direction générale de la Crtv "…




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