Un mouvement d’humeur s’est produit le 20 mai dernier à la prison centrale de Bafoussam. Au moment où la plupart de geôliers de ce pénitencier prenaient part à la 33ème édition de la fête nationale, avec le régisseur, Francis Ngwayu Nchinda, des détenus du compartiment dit Annexe, près de 650, ont pris en otage quatre gardiens de prison, dans l’enceinte même de cet établissement pénitentiaire.
Selon des témoignages concordants, dès que les gardiens de prison en faction ont ouvert les grilles autour de 13h, les détenus manifestaient déjà une certaine colère. D’autant plus que, généralement, on leur ouvre les portes vers 7h. Mais, le 20 mai 2005, exceptionnellement, pour des " mesures de sécurité ", les responsables de cette prison ont décidé de ne libérer les détenus de leurs cellules qu’après une certaine heure. Ces derniers s’impatientaient déjà dans des cellules exiguës. C’est ainsi qu’en masse, ils ont enfermé quatre gardiens de prison dans une salle. Il s’agit de M. Kilou, gardien principal de prison et de trois de ses collègues gardiens, M. Tokam, Eloundou Ebanga et Jean Claude Metamba Metamba, qui ont été retenus durant des heures.
Mis au courant de cette situation, les geôliers postés à l’extérieur de la prison ont alerté le régisseur, Francis Ngwayu Nchinda, qui était à la place des fêtes de Bafoussam. La nouvelle a créé une panique dans le milieu des autorités administratives, lesquelles observaient aussi le défilé du 20 mai à Bafoussam. Si bien que le premier gendarme, arrivé sur les lieux, a commencé à tirer en l’air pour dissuader les détenus. Aussitôt, le procureur général près la Cour d’appel de l’Ouest, les autorités de police et de gendarmerie, ont débarqué à Kouogouo, quartier qui abrite la prison centrale de Bafoussam. Ce déploiement voulait ramener les détenus à la raison : " Quand j’ai appris qu’il y a eu confrontation entre mes hommes et les détenus, j’ai fait appel aux forces du maintien de l’ordre. Elles sont venues rétablir la situation ", reconnaît le régisseur de la prison de Bafoussam. Ce qui n’a pas été facile. Puisque les détenus en voulaient aux autorités. Alors qu’elles voulaient négocier avec les détenus en furie, les autorités ont reçu des projectiles. Des cailloux qui fusaient de toutes parts.
Les autorités ont eu une séance de travail dans l’après-midi de vendredi dernier, certainement pour examiner les motifs de ce mouvement. L’on sait toutefois que le 19 mai dernier, des prisonniers ont tenté de s’évader. Ils ont détruit les tôles de la ‘‘cellule des mineurs’’, avant d’être rattrapés par des gardiens de prison.
Certes on n’a enregistré aucune évasion, encore moins des blessés, mais la prison de Bafoussam est surpeuplée. Construite pour accueillir un maximum de 650 détenus, la prison en compte 1250 aujourd’hui. Des détenus qui se retrouvent le plus souvent par vingtaine dans une cellule réduite. Ils en ont d’ailleurs profité le 20 mai dernier pour dresser un chapelet de revendications: amélioration de la ration alimentaire et des conditions de vie, aménagement de points d’eau, célérité dans le traitement des dossiers judiciaires.
Source : Quotidien Mutations
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