Le Cameroun était Bad
Nkodo et le Cameroun avec lui ont échoué !
C’est aussi au nombre de vols spéciaux programmés et de jets privés en stationnement sur le tarmac de l’aéroport international Nnamdi Azikiwe d’Abuja, en train d’embarquer des participants à ces quarantièmes assemblées générales de la Bad, que l’on peut mesurer la dimension des enjeux et les moyens conséquents qui ont été mis en place par les uns et les autres pour sauvegarder leurs intérêts au cours de ces assises. Jeudi dernier, après l’avant dernière session, celle qui a décidé du report de l’élection du président de la Bad à juillet prochain à Tunis, au siège de la Banque, bien des délégations ont décidé de reprendre l’avion, sans attendre la dernière réunion, celle au cours de laquelle certains gouverneurs devraient enfin parler d’autre chose que le sujet majeur de ces derniers jours, l’élection d’un président à la Bad...
L’élection à l’issue de laquelle Omar Kabbaj fut élu président de la Bad en 1995, fut tout aussi épique, mais on n’avait pas atteint l’extrême solution de l’ajournement. Ici à Abuja, avant de partir, bien des observateurs se disent tout simplement que, le petit " arrangement " qui consacre le report à Tunis, c’est tout simplement un geste de courtoisie vis-à-vis des nigérians, qui ont mis un fort investissement affectif dans la candidature de Ogundjobi, et qu’il n’était point bienséant de battre ainsi à domicile les chaleureux, mais non point ambitieux hôtes de ces assemblées générales.
Quoi qu’il en soit, le débat, rendu à ce stade, a glissé sur la légitimité au nom de laquelle des puissances extérieures au continent se donneraient le droit de venir orienter le sens dans lequel devraient aller les choses, dans une institution africaine. Face à ce courant, il y en a un autre, qui pense qu’au delà de tout, la Bad c’est d’abord une entreprise et que, comme toutes les entreprises importantes, elle est sujette au jeu du pouvoir entre ses actionnaires, sans plus. Et d’ajouter qu’il n’y a pas meilleur témoignage de la santé de cette institution.
La délégation du Cameroun, après avoir reçu en plein plexus solaire l’élimination de Théodore Nkodo, en observant la suite des évènements, a cru comprendre que son candidat n’avait aucune chance réelle dans cette affaire. On apprend ainsi que des missions Camerounaises ont ces derniers mois, fait le tour du monde, pour essayer de vendre la candidature de Théodore Nkodo. Les ministres Dion Ngute, Marafa Hamidou Yaya, Pierre Moukoko Mbonjo, Njankouo Lamere et quelques autres ont ainsi fait de longues et importantes missions… Mais sans doute était-ce trop peu, ou trop tard ?
On apprend aussi que le dossier Nkodo, sollicitant l’appui de son pays, n’a pas été traité avec la diligence et l’intérêt que nécessitait un enjeu de cette taille là. Commentaire d’une politicienne, proche de la délégation du Cameroun : " Que voulez-vous ? C’est un monsieur qu’on ne connaissait pas au pays, avant cette candidature.
Quand les gens ont de grands postes à l’extérieur, c’est aussi bon qu’ils se fassent connaître chez eux. Ils doivent descendre sur le terrain, venir en campagne avec nous "… Et si finalement, les considérations qui ont créé le retard et la tiédeur du soutien du Camerounais dans ce challenge international tenaient d’éléments comme celui-là ?
Loin des turpitudes du Cameroun, il faut sans doute savoir que, la mission de la Banque Africaine de développement, c’est, comme l’ont voulu ses fondateurs, " Promouvoir le développement économique et le progrès social de ses membres africains ". Jamais, depuis la création de cette institution, la nécessité de sortir du cercle vicieux de la pauvreté ne s’est posée avec autant de force.
Source : Quotidien Mutations
|