Pour certains un père - notamment les trois enfants qu’il laisse derrière lui -
pour une autre un mari, pour plus nombreux, un collègue, un modèle, un ami… Les
voix sont unanimes pour décrire ce monsieur que tout le monde connaissait finalement
un peu : un homme au bon cœur que la joie de vivre ne quittait que rarement, toujours
de bonne humeur, qui avait quasiment toujours le mot qu’il faut. Dans un milieu pourtant
très difficile, les éloges ne tarissaient point du temps de son vivant pour qualifier
ce diplômé de Sciences Po, qui aura dirigé pendant de longues années, l’émission
« L’équipe du Dimanche » (de 1995 à
2002) sur Canal +, «
Jour de Foot » (de 1992 à 1995), émission résumant les rencontres de la
journée de championnat de première division française.
Il présentait également les « Oscars du
Foot » et la cérémonie de remise du « Ballon
d’or France Football», le plus grand trophée individuel du Football.
Il était arrivé sur Canal + en 1985 et l'a quittée en 2004 après avoir gravi
brillamment tous les échelons, en direction de TF1 pour diriger l’émission
phare sportive de la chaîne, « Téléfoot
».

Que retenir de lui ? Les amateurs de foot n'oublient sans doute pas l’engouement
qu’il mettait dans les cœurs, forçant à apprécier les matchs les moins intéressants
et à les voir sous un autre angle. Les matchs les plus ennuyeux trouvaient substance,
intérêt, lorsque Thierry Gilardi et son enthousiasme envoûtant étaient au micro.
De la France à l’Afrique, sans jeu de mots aucun, Thierry forçait l’admiration.
Qui ne se souvient de lui dans l’équipe du Dimanche ? Qui ne s'en rappelle lors de tous
les matchs internationaux commentés sur TF1 ? Qui ne se souvient pas des «
Roooooooooooooooooooooooonaldo ne manque pas la cible » d’une voix vibrante
et rocailleuse, à l’image des meilleurs commentateurs de nos voisins d’Europe (Espagne,
Italie), pour donner vie aux buts et aux actions ?
Sa voix sera regrettée aussi bien
en France qu’en Afrique, du moins, dans tous les pays où la chaîne Canal + émettait. Qui n'a pas en mémoire ses analyses toujours précises, malgré la spontanéité qu’exigeait
le direct, et le respect total qu’il avait pour les joueurs, ne profitant jamais de la
moindre baisse de forme pour les envoyer au bûcher, sans pour autant se défiler devant la nécessité pour
lui journaliste, d’être critique quand il le faut, comme avec
Jean Alain Boumsong.
Il faut le dire, c’était un régal
de regarder une émission présentée ou un match commenté par Thierry Gilardi, si bien qu’il aura fait apprécier le Rugby à certains férus de ballon rond, tant
son professionnalisme et son enthousiasme auront suffi à séduire les plus réfractaires à ces deux sports. «
Le football, c'est mon métier; le rugby, c'est ma passion. Quand j'ai commencé dans
le métier, les journalistes [sportifs]
étaient dirigés
directement vers le foot, mais je prends plaisir à couvrir n'importe quel sport
», se plaisait à affirmer ce journaliste polyvalent.
Les confrères retiendront bien évidemment son enthousiasme et le fait qu’à
lui seul, il parvenait à remplir d’intérêt une rencontre vide de sens, comme par
magie. Certaines performances de l’équipe
de France, au micro d’un autre journaliste, n’auraient probablement pas trouvé faveur aux yeux des férus de football, s’il n’était celui qui retenait les spectateurs sur TF1 avec ses analyses
toujours perspicaces et le zèle pour un sport qu’il aimait; un amour perceptible
à chaque coin de phrase. Tout le monde se plaisait à dire de son vivant, ce qui
est important, qu’il était un travailleur forcené, honnête
dans son travail et qu’il était tout sauf un frimeur.
Ainsi s’en va la voix du football français, qui occupait d’ailleurs le poste de
vice-président du Stade français de Saint-Germain-en-Laye,
lui qui avait été joueur à une certaine époque, et qui
avait la même passion pour le ballon ovale que pour le ballon rond. Fauché par un
lâche infarctus qui l’a emporté Mardi 25 Mars 2008 à l’âge de 49 ans. Un peu trop
tôt sans doute, la vie est injuste argueront certains, DIEU est injuste argumenteront
d’autres, mais ils seront unanimes à l’heure de dire : «
Tu nous manqueras Thierry ! »
Quel parfum aura la rencontre amicale que doivent discuter les bleus aujourd’hui
contre l’Angleterre ? Sans doute un parfum aigre et mélancolique. Comment les téléspectateurs
de TF1 ce soir vivront-ils leur première rencontre orpheline de Thierry ? Nul doute
que les joueurs français l’ayant côtoyé pour la plupart, tenteront de rendre un
dernier et brillant hommage à un homme qui est parvenu à transmettre toutes ses
émotions aux téléspectateurs.
Nous souhaitons à toutes et à tous, nos vives et sincères condoléances, ainsi qu’à
nous-mêmes, car c’est un peu tout le monde qui aura perdu un être « cher » dans
ce drame.
Video hommage a Gilardi
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