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Vergès, l’Albatros et les milliards à rapatrier
(29/05/2008)
Jacques verges sollicité par le Cameroun pour retrouver l’argent engagé dans l’Albatros et les fonds plaqués à l’étranger.
Par Albert Biombi
Le célèbre avocat Jacques Vergès
Le célèbre avocat Jacques Vergès
Le chef de l’Etat et l’avocat français ont abordé les deux sujets au cours de leur audience de lundi dernier. Un sourire de circonstance à ceux qui le reconnaissent et essaient de l’aborder, mais il ne s’arrête à aucun moment. La destination qu’il prend quand il s’engouffre dans l’ascenseur du fond, côté droit restera inconnue juste quelques minutes. Dans cet hôtel le plus huppé de la capitale, il n’y a pas 10 hôtes pouvant espérer une visite dominicale du directeur du cabinet civil de la présidence de la République.

Jacques Vergès, l’avocat français d’origine vietnamienne, spécialiste des causes perdues, séjournait depuis quelques jours dans la capitale camerounaise. Les services de renseignement, alertés par son arrivée, avaient rapidement eu le souvenir de l’année 1997, où il débarqua à Yaoundé pour défendre la cause de Titus Edzoa, alors en délicatesse avec le régime, et ayant fait appel au célèbre avocat pour se battre devant la justice pour une affaire de détournement de plusieurs centaines de millions de francs Cfa. N’appréciant que modérément cette offre de service, le pouvoir avait alors demandé à Jacques Vergès de repartir immédiatement.

Donc, l’avocat français arrive à Yaoundé au moment où la capitale bruisse de rumeurs sur le fait que l’un des prévenus actuels de l’opération Epervier 2, Polycarpe Abah Abah, aurait fait appel à lui pour le défendre dans ses bisbilles actuelles avec le pouvoir. Cette rumeur est donc vite battue en brèche avec la visite de Jean Baptiste Beleoken qui, à ce moment là et en choisissant ce mode de communication singulier, est venu lui confirmer l’entretien qu’il aura le lendemain, lundi, avec le chef de l’Etat.

Le choix du canal pour l’obtention et la confirmation du rendez-vous indiquent déjà que les dossiers à traiter n’avaient rien de direct avec le fonctionnement actuel des institutions de la République.
Jacques Vergès a donc été reçu lundi dernier par Paul Biya au palais de l’unité. Une audience officielle, et donc ouverte aux médias, mais d’où rien de consistant n’a filtré.

Cameroon Tribune, dans son édition du lendemain n’était pas avare en photos, mais indiquait sobrement dans un filet que " rien n’a filtré des entretiens que le chef de l’Etat a eu avec son hôte, celui-ci s’étant réservé de toute déclaration devant la presse ". Même attitude à la Crtv télé, où les images indiquaient clairement que l’avocat avait poliment refusé de s’ouvrir aux médias. Mais d’autres images étaient plus parlantes : le chef de l’Etat s’était fait accompagné, pour la circonstance, non pas de son secrétaire général ou de l’un de ses adjoints, mais de son conseiller pour les affaires économiques et financières, Séraphin Fouda qui a été ostensiblement présenté à l’avocat, la voix du président étant distinctement reconnaissable en fond sonore. Le sémillant conseiller, calepin et stylo en main, avait bien l’intention de prendre des notes au cours de cet entretien singulier.




Paul Biya et l'avocat Jacques Verges
Paul Biya et l'avocat Jacques Verges
Pourquoi s’être volontairement entouré d’un collaborateur habituellement sollicité comme homme de cabinet au détriment des visages connus et habituels. La réponse se trouve assurément dans le contenu des échanges entre les deux hommes. Paul Biya et Jacques Vergès n’auraient pas parlé, selon nos sources, de droit pur ni des éléments de défense à verser à tel ou tel dossier, mais bien de questions économiques et financières, d’où son insistance à présente à son hôte son collaborateur compétent en la matière.

En fait, il a été question de deux dossiers que l’avocat avait déjà commencé à traiter en compagnie de son équipe, et qui viennent de rebondir dans l’actualité nationale : la question de l’Albatros, du nom de l’avion présidentiel acheté par quelques collaborateurs du chef de l’Etat qui s’est révélé une affaire foireuse, ruineuse et dangereuse pour la sécurité du président de la République ; mis aussi la question du rapatriement au Cameroun de sommes supposées planquées à l’étranger par plusieurs pontes du régime, et pour laquelle le vice Premier ministre chargé de la Justice, Amadou Ali, avait déjà désigné et donné mandat à un consultant pour des investigations à travers le monde entier, pour es résultats qui n’ont jamais été rendus publics.

Paul Biya semble donc avoir choisi une autre voie et, surtout, indique son intention de travailler sur ce dossier avec un personnel neutre et pas du tout impliqué dans les différentes affaires, qualités qui pourraient lui assurer un travail transparent et non intéressé. Jacques Vergès, pour sa part, supposant sans doute la complexité des dossiers dans un environnement africain où il a travaillé peu jusqu’à présent, s’est entouré de quelques compétences dont un Camerounais qui l’accompagnait durant ce séjour : Yves Ayong, qui se présente comme un spécialiste des questions financières, revendique une longue expérience de conseiller financier auprès de plusieurs gouvernements africains et de grands groupes financiers ayant pignon sur rue en Afrique.

Quel a été le deal finalement conclu entre le locataire d’Etoudi et son invité spécial ? Y a-t-il un échéancier attelé à cet agrément ? Par quel dossier commencera-t-il : l’affaire de l’avion présidentiel ou la question de l’identification et des modalités de rapatriement des fonds au Cameroun ? Le mystère continue de planer sur ces détails qui ont pourtant leur importance.

Paul Biya n’a certes pas remanié son gouvernement, malgré les rumeurs persistantes : ce qui semble laisser un répit à tous ceux que l’on dit partant. Mais d’être parti aussitôt en Europe après son entretien avec Jacques Vergès, luxe qu’il ne s’était plus offert depuis le début de cette année, n’est pas plus rassurant pour les âmes sensibles. Le pire pourrait être à venir.


Source: Quotidien Mutations


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