Des affrontements intertribaux font deux morts à Akwaya dans la Manyu. Les élites locales accusent le gouvernement d’inaction.
Par Jean Francis Belibi
Ayah Paul Abine le député Rdpc de la circonscription de la Manyu
C’est la raison qu’évoquait Ayah Paul Abine le député Rdpc de la circonscription de la Manyu pour expliquer son absence à la séance plénière d’adoption de la révision constitutionnelle qui avait lieu ce jour et à laquelle il était opposé. Joint hier alors qu’il se trouvait à Buéa dans le chef lieu de la province du Sud Ouest, Ayah Paul Abine confirme la persistance de ces tensions qui opposent selon lui la communauté Olidi dont il est originaire aux Yive, toutes deux vivants dans l’arrondissement d’Akwaya. Pour comprendre le nœud du problème, notre interlocuteur explique " Il y a une petite tribu qui vient du Nigeria et qui a été accueillie chez nous depuis de nombreuses décennies ".
La tribu en question n’est autre que celle des Yive. Et les problèmes, quelques peu récurrents entre les deux groupes ethniques, ont pris de l’ampleur "Après les élections législatives et municipales de juillet 2007 qui avaient un Yive élu à la tête de la mairie. C’est depuis le 31 décembre dernier que les affrontements sont devenus violents ". Une décision mal accueillie par l’autre groupe ethnique qui les poussera vers la sortie à savoir la frontière nigériane. Des revendications qui se mêlent aux interminables problèmes fonciers qui opposent très souvent les populations de cette partie du pays. Selon Ayah Paul, l’attaque menée par les Yive le 31 décembre 2007 " s’est soldé par un échec, car ils sont repoussés par les populations locales ". C’est donc à la suite de ce premier échec que les " assaillants iront chercher du renfort au Nigeria voisin " pour attaquer la quinzaine de villages de la contrée. Une situation qui de l’avis de notre interlocuteur a entraîné le " déplacement d’environ 8 000 personnes qui vivent aujourd’hui dans des conditions inacceptables ".
Autorités
Sur l’autre bilan de ces émeutes qui affirme-t-il ont repris le 3 avril dernier, le député Ayah Paul Abine affirme que deux personnes ont trouvé la mort au cours de l’une des descentes des " assaillants ". Il s’agit selon lui " d’un vieillard qui ne pouvait plus se déplacer et d’une femme enceinte ". Des " assaillants " qui selon l’élu de la localité utilisent des armes de guerre et pratiquent la tactique de la terre brûlée, avec des techniques qu’il assimile à " la guérilla ".
Le député Rdpc tient tout de même à dénoncer l’attitude des autorités administratives " Elles ne font rien du tout. C’est comme si tout le monde s’en fout… ". Tous juste admet-il que des gendarmes ont été envoyées dans la localité, " mais n’ont rien pu faire ". Au moment où il indique craindre que cette énième crise ne prenne des proportions plus importantes encore.
On se rappelle qu’à son départ de Yaoundé le 10 avril 2008, Ayah Paul affirmait notamment qu’il lui avait été demandé d’aller s’occuper des problèmes de sa localité d’origine, au moment où l’Assemblée nationale s’apprêtait à votre le projet de loi portant modification de la constitution. Face au laxisme observé de la part des pouvoirs publics dans une région où les conflits interethniques sont le lot quotidien des populations, on ne peut que se demander si Ayah Paul et les siens ne sont-ils pas en train de payer le prix de son refus des changements.