Les femmes n'ont plus le temps
Certaines miment au même moment, la chanson de l’indicatif. A l’écran, l’ex-futur compagnon de Miranda, qui lui a fait un enfant fait des pieds et des mains pour qu’elle revienne à la maison. A côté, une actrice à la réputation de manipulatrice est fière que sa rivale ait été « éliminée » suite à une défaillance du médecin qu’elle convoite… Les télénovelas ne sont plus ce qu’elles étaient. Hier, les brésiliennes « Isaura », « Mademoiselle », « Virginia », qui avaient en toile de fond l’esclavage, les oppositions entre anti-esclavagistes et pro-esclavagistes se sont totalement transformées aujourd’hui en séries à l’eau de rose.
Les chaînes de télévision, qui ont compris que le taux d’audience du prime time se joue forcément sur ces séries, s’y sont mises. Chacune, qui a flairé le bon filon, a désormais sa série mexicaine, argentine ou brésilienne, avec plus ou moins de succès. Entre « La belle-mère », « Au cœur du péché », « La rue des mariés », « Muneca Brava », « Destins croisés »..., plusieurs millions de ménagères camerounaises se « noient » souvent avec bonheur et délectation, entraînant avec elles, les jeunes filles et adolescentes. Mais pas les hommes. La plupart en sont réfractaires. Peut-être à cause du contenu souvent simpliste voire répétitif. « On tourne en rond. Les personnages sont souvent les mêmes », critique un anti-séries sud-américaines.
Mais, et c’est peut-être la raison majeure du rejet de ce phénomène, les conséquences désastreuses qu’il entraîne : les rendez-vous non honorés, les disputes autour de la télécommande. Un mari qui devient très nerveux vers 19h45, alors que sa Champion’s League va commencer, alors que Madame veut regarder la dernière incartade de Rubi, etc. Pis encore, le foyer est comme à l’arrêt : quand ce ne sont pas les enfants qui sont mal entretenus parce que maman regarde « Miranda », c’est le repas du soir qui attend d’être servi ou le pantalon du mari qui ne sera pas repassé à temps.
Sans compter les situations extrêmes du genre où la marmite oubliée au feu se met à brûler. A Douala, il y a environ trois ans, alors que « Marimar » faisait rage, une mère qui est allée regarder sa série préférée chez le voisin est venue retrouver ses deux enfants morts dans un incendie ! Les hommes sont unanimes : ces séries américaines confisquent leurs tendres moitiés. Pas moyen de les avoir au prime time. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il s’est amplifié avec la diversité de séries proposées par les chaînes nationales et même étrangères, puisque le câble permet d’avoir certaines chaînes africaines aux mêmes programmations.
Alors, question : peut-on arrêter ce phénomène social qui a manifestement de beaux jours devant lui, afin de sauver l’équilibre des foyers ? Ou alors, simplement demander aux hommes d’entrer dans la danse, afin d’éviter des désagréments de toutes sortes ? CT, loin des conflits engendrés par cette mode pose la question au moment où la gent masculine est souvent frustrée du fait de la « voracité » des séries sud-américaines.
Source: Cameroon Tribune
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