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Sévérin Cécile Abéga : Le dernier des Bimanes
(26/03/2008)
Le dramaturge et anthropologue camerounais est décédé lundi soir à Yaoundé.
Par Dorine Ekwè et Jean Baptiste Ketchateng
Sévérin Cécile Abéga
Sévérin Cécile Abéga
La nouvelle a surpris plus d'un d'autant que, malgré sa récente opération à la colonne vertébrale, le dramaturge et anthropologue continuait vaillamment de vaquer à ses occupations. Bien qu'affaibli, la veille de son décès, il a tout de même réussi à donner des cours à ses élèves de l'université catholique d'Afrique centrale. "Ma tête fonctionne encore normalement " confiait-il d'ailleurs avec ce zeste d'humour qui le caractérisait, assis dans le fauteuil roulant qu'il ne quittait plus, à Marcellin Vounda Etoa, le directeur des éditions Clé qui lui rendait visite. C'était le 20 mars dernier et celui-ci lui expliquait les raisons pour lesquelles il ne lui a pas apporté de manuscrit à relire.

En dehors de ses écrits et de ses recherches anthropologiques, Séverin Cécile Abéga avait-il une autre vie, d'autres passions ? On a de la peine à y croire tant ce chercheur doté d'une humeur avantageuse semblait oublier le temps à chaque fois qu'il abordait ces sujets qui le passionnaient tant : le théâtre, l'anthropologie, anthropologique et … la peinture. "C'est un aspect de sa personnalité qui a souvent été oublié. Il a pourtant fait beaucoup de peinture à une période de sa vie ", confie François Bingono Bingono, dramaturge, sous-directeur des programmes à la Crtv Radio et ami de longue date de l'écrivain et dont le fils partage d'ailleurs le même prénom que le regretté.

Severin Cécile Abega est né à Sa'a en 1955 et a suivi des études de littérature à l'université de Yaoundé. Après sa licence, il s'est inscrit en cycle de lettres en anthropologie. Domaine qui lui a souvent permis d'aborder, l'air de rien, des thématiques qui auraient pourtant semblé difficile à cerner à plus d'un. Dans la littérature camerounaise, il est parmi les écrivains les plus prolifiques et c'est avec son livre "Les Bimanes" paru en 1982 qu'il a construit son entrée sur la scène littéraire locale. Dans la majeure partie de ses parutions, il a souvent laissé parler son penchant vers les sujets sociaux en essayant de rester objectif dans ses écrits. Ce grand sens de l'humour dont il était doté, qui a marqué ses œuvres et sa facilité à manier la langue ont toujours été les éléments clé de ses parutions.

Attente

Une telle caractéristique pouvait-elle être simplement le fait du génie littéraire dont Abega était doté ? L'homme que le Cameroun des arts et des médias pleure depuis hier était bien plus qu'un auteur. " Il suffisait de l'appeler pour être sûr d'obtenir son éclairage ", explique un journaliste. Mais Séverin Cécile Abega était lui-même fort discret quand on lui faisait remarquer sa grande disponibilité et sa gentillesse. Même au sortir d'un lit d'hôpital comme il y a quelques semaines lorsqu'il accordait un entretien à votre journal pour parler de la violence durant les émeutes de février.

" Je vais de mieux en mieux ", disait le défunt auteur pour rassurer les nombreux visiteurs qui se pressaient chaque jour à sa résidence de Biyem-Assi, noyée entre cette nature à laquelle il était attaché et les sons des répétitions d'un groupe de jeunes artistes qui avaient trouvé là, l'espace accueillant pour déclamer textes et chansons.

Sur sa chaise roulante, il parlait encore et toujours en témoin avisé des transformations sociales profondes de la société camerounaise qu'il avait tant étudiée. " Les choses changent. La violence aurait pu atteindre de plus grands sommets… Je suis optimiste cependant, le Cameroun a les ressources pour changer la qualité de vie de ses citoyens. Le problème c'est de savoir si les leaders ont compris cet avertissement ", expliquait le professeur d'anthropologie qui avait fait de son nom une référence dans le monde. Une référence modeste.

Qui n'a pas pensé que l'opération qu'il venait de subir à la colonne vertébrale, ajoutée au vieil handicap qui le privait de ses pieds, allait être la dernière de sa vie. Séverin Cécile Abega parlait en effet de ses séances de kinésithérapie avec beaucoup d'entrain. Et donnait des rendez-vous. Avec ses étudiants. Avec les médias. Et ses lecteurs. A ceux-ci, il entend faire des adieux à travers les éditions Clé qui pensent bien, d'après Marcellin Vounda Etoa, le directeur, accélérer la publication du dernier manuscrit qu'il y a déposé "Le plat de vipère ".


Source: Quotidien Mutations


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