Une agence de notation estime que le Cameroun est resté stable sur les risques à long terme et à court terme.
Dans un contexte international difficile en 2009 et 2010, la croissance de l’économie camerounaise sera impactée fortement par la baisse de la demande extérieure pour ses principaux produits d’exportation, en particulier le pétrole et le bois. Nous prévoyons une croissance du PIB inférieure à 3% par an dans les 3 prochaines années, ce qui limitera la progression des indicateurs de développement et ralentira le rythme de diversification économique du pays.
Les ratios budgétaires et extérieurs seront également impactés négativement en 2009 par la chute des recettes fiscales et d’exportation liées au pétrole ; tandis que la demande sociale et les investissements notamment continueront de peser sur les finances publiques. Nous estimons que le déficit budgétaire de l’État camerounais s’élèvera à 1.8% du PIB en 2009 et 2.5% du PIB en 2010, contre un excédent moyen de 3% du PIB sur les cinq dernières années. Ces déficits resteront néanmoins inférieurs à ceux de la médiane des pays notés en catégorie B (2.8% et 2.6% du PIB respectivement en 2009 et 2010).
La position extérieure du Cameroun sera également affectée par le ralentissement économique international : nous estimons que le déficit du compte courant va s’accentuer à 4% du PIB environ entre 2009 et 2010, avant de s’améliorer graduellement avec la hausse des prix du pétrole.
La qualité de crédit du Cameroun demeure contrainte en premier lieu par l’importance des risques politiques liés aux incertitudes autour des élections présidentielles de 2011 et de l’éventuelle succession de Paul Biya, l’actuel président depuis 1982. Même si la révision constitutionnelle d’avril 2008 a clarifié certains éléments quant à la période de transition, ces risques pèsent sur la poursuite de l’effort de réformes économiques, la stabilité politique du pays et la bonne tenue des finances publiques.
Toutefois, les notes du Cameroun sont soutenues par le faible niveau de dette du pays, suite aux importantes réductions de dette octroyées dans le cadre de l’initiative Pour les Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) et de l’Initiative d’Allègement de la Dette Multilatérale (IADM) en 2006. La dette du gouvernement général est estimée à 15% du PIB en 2009, contre 54% en 2005, ce qui offre une flexibilité pour faire face dans les années à venir à la hausse du déficit et au financement des investissements nécessaires à la croissance. Enfin, dans le contexte actuel de récession économique mondiale, l’appartenance du Cameroun à la CEMAC (Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale) est un facteur de soutien pour la stabilité macroéconomique.
Perspective : Stable
Standard & Poor’s s’attend à ce que les autorités camerounaises mettent en œuvre les réformes nécessaires pour maintenir une trajectoire des finances publiques qui ne remette pas en cause la soutenabilité de la dette à long-terme, et ce, malgré un contexte international très difficile.
La qualité de crédit pourrait s’améliorer si les risques politiques liés aux élections présidentielles de 2011 diminuaient et si la gestion de ces risques n’entamait pas l’effort de réformes notamment en matière de restructuration des entreprises publiques, d’amélioration de la gouvernance et de diversification économique.
En revanche, les notes du Cameroun pourraient être impactées négativement, si l’effort de réformes était interrompu ou si les dérapages budgétaires importants devaient se produire, et résulter en une augmentation rapide de la dette. De même, une dégradation longue et sévère de la stabilité politique du pays, dans le contexte d’une éventuelle succession du président actuel, pourrait exercer une pression négative sur les notes du pays.
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