Le prix du pain n'est toujours pas respecté dans la capitale camerounaise, d'où les foudres du pouvoir.
L'un de race blanche, présenté comme le maître des lieux, n'apprécie pas la remarque que les agents du ministère du Commerce, en mission de contrôle, viennent de lui faire : il continue à vendre le pain de 200g à 130 Fcfa, au lieu de 125 Fcfa comme précisé dans un protocole d'accord signé le 22 juin dernier entre le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, et le syndicat national des boulangers. " J'ai encore l'ancien stock de farine que j'ai acheté à 18.000 Fcfa. Il faut attendre que ce stock soit épuisé à la fin de ce mois pour voir ce qu'on va faire.
En plus, nous nous attendions à une hausse du prix du pain et non à une baisse ", éructe l'expatrié, dont on apprendra par la suite qu'il s'appelle Spiridon. Voilà que le second protagoniste entre en scène. " Bonjour monsieur! Je m'appelle Delors Magellan Kamgaing de la Ligue camerounaise des consommateurs (Lcc). Un de vos employés a assisté aux négociations engagées au ministère du Commerce. Il a même pris la parole, mais il n'a pas tenu le type de discours que vous tenez maintenant. Le protocole d'accord a déjà été signé. Il faut simplement le respecter ", explique le président de la Lcc. Mais son interlocuteur ne veut rien entendre. M. Spiridon refuse même de décharger la mise en demeure que lui sert un agent du ministère du Commerce.
Détermination
Il décroche son téléphone et lance un appel. Après un échange avec un interlocuteur invisible, il tend l'appareil au responsable de la mission de contrôle du ministère du Commerce: " Tenez, c'est mon avocat ", déclare-t-il. Le fonctionnaire lui répond, sans prendre le téléphone : " nous ne sommes pas au tribunal ici. On vous demande simplement de respecter les prix du protocole ". Face à cette détermination des contrôleurs des prix qui ont, entre-temps, ordonné la fermeture des portes de la boulangerie, le propriétaire des lieux revient à de meilleures sentiments. " Qu'est-ce que vous voulez maintenant? " interroge-t-il. " Nous voulons simplement que vous respectiez les prix du protocole ", lui répond-on. Ce dernier donne aussitôt des instructions à ses employés de changer le prix de la baguette, et de le ramener à 125 Fcfa. Ce qui est fait. " On viendra vérifier le soir si vous appliquez effectivement ce prix ", prévient Delors Magellan Kamgaing.
" [i Lorsque tout s'achève de cette manière, on peut même annuler la mise en demeure [que le boulanger a fini par retirer sans pour autant avoir déchargé]] ", explique un agent du ministère du Commerce, avant de s'engouffrer dans un véhicule à destination d'une autre boulangerie.
Pareilles scènes, les clients des boulangeries de la capitale les vivent depuis jeudi dernier, jour où le ministère du Commerce a décidé d'envoyer sur le terrain des équipes de contrôle pour veiller sur l'application du nouveau prix du pain. Selon les premiers rapports, à côté d'une boulangerie illégale scellée à Awae pour " absence de documents d'exploitation ", plusieurs centaines de pains ont été saisis et des mises en demeure servies à des boulangers de la capitale pour " [i vente sans facturation, hausse illicite des prix et non respect du protocole [du 22 juin]] ". Il en est ainsi des boulangeries Convergence, La Source et Ambiance à Mokolo, Progrès à Tsinga et Best Bakery à Ngoa-Ekellé… Ceux-ci, selon la réglementation, pourraient être amenés à payer une sanction équivalente à 5% de leur chiffre d'affaires.
Source: Quotidien Mutations
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