Les travaux de construction de la route Ayos-Bonis, longue de 191 kilomètres, qui doit permettre de relier la ville de Bertoua à celle de Yaoundé par celle d'Abong-Mbang ne sont pas encore achevés. Principalement les travaux du premier tronçon allant d'Ayos à Abong-Mbang dit lot N°1 devaient s'achever le 18 février 2008. Sur le terrain, les travaux piétinent. "Tout le monde s'accorde à dire que les travaux vont à un faible rythme. Ils sont lents", se plaint le délégué provincial des Travaux publics de l'Est, Nicaise Ayissi. Sentiments partagés par Gustave Moamoasse, maire d'Abong-Mbang pour qui "les travaux sont lents. Mais, ils sont bien faits". Propos confirmés également par Marie Charles Efoudou, maire de la commune d'Atok.
C'est à partir de ce district, situé à l'entrée de la province de l'Est, que la première couche de bitume est visible, jusqu'à Abong-Mbang, comptant pour le lot n°1. Lorsque le véhicule traverse le pont d'Ayos, dont les travaux de construction du nouvel ouvrage sont très avancés, il retrouve la terre ferme et tous les risques d'accident. Une autre voie est creusée dans la pierre. C'est à Mbama, non loin d'Ayos et où les travaux de terrassement se poursuivent, que l'on aperçoit les premières lueurs d'une route bitumée à travers le gravier déjà étalé sur la chaussé, jusqu'à Atok, situé à quelque 32 Km d'Ayos. Mais, le parcours entre Ayos, point de départ des travaux et Mbama est fait de latérite, la chaussée délimitée à des endroits par des caniveaux. "Pour le lot n°1, la base située à Atok dirige ses travers vers Abong-Mbang et vers Ayos. Il nous reste de verser l'enrobé sur le tronçon d'Abong-Mbang qui est presque prêt", confie un technicien de génie civil employé dans la société Pantechniki, en charge du bitumage de la route, le responsable du projet, Yanis, ayant décliné l'offre de se prêter aux questions de la presse. A la place de la poussière rouge, l'on peut apercevoir cette poussière blanche du gravier au passage d'un véhicule.
Espoir
La route affiche fière allure. Le chauffeur peut même essayer d'aller à une vitesse de plus de 100 Km/h. Mais, il est très vite découragé. Car, quatre ou cinq kilomètres avant Abong-Mbang, des nids de poules encombrent la chaussée. Rappelant, en dépit d'un soleil au zénith, qu'une pluie était tombée dans la région. Ils sont de toutes les dimensions, principalement dans les zones marécageuses. "On nous a rapporté que le travail avait été mal effectué de ce côté-là, et qu'il fallait fermer ces trous", révèle un ouvrier, qui travaille dans le secteur de Mbama et revenu à la base d'Atok pour sa pause de midi.
Dès le village de Bagofith, les nids de poules sont déjà fermés, la chaussée marquée par des traits blancs. Les ouvriers s'activent à creuser dans le bitume pour marquer les limites de l'ouvrage. C'est dans ce village que l'on annonce la mise en place de point de pesage routier. Le bitume, ou, ce qui en tient lieu pour l'instant, s'achève à 200 m du chef lieu du département du Haut-Nyong.
Après la traversée du pont sur le Nyong, lui aussi en construction, l'on entame le lot n°2 dans la poussière ou la boue, selon qu'il a plu ou non. Les villages Mampang et Motcheboum gardent encore les marques de délimitation de l'emprise du chantier. En attendant le passage des tracteurs et autres engins chargés de procéder au terrassement et nivellement du terrain. Plus d'une heure après le départ d'Abong-Mbang apparaît le gravier étalé sur la chaussée. "Nous sommes non loin de la base de Pantechniki, qui assure le bitumage du lot n°2", indique un passager. La deuxième base de cette entreprise est située à 7 Km de Doumé. Les travaux sont plus intenses à Paki et Petit Paki, deux villages voisins situés à 3 km de Doumé et attirent même des curieux : terrassement de la voie, destruction des maisons situées sur l'emprise du chantier, déviations de la route dans le but de redresser l'itinéraire. A certains endroits, les poteaux électriques se retrouvent au beau milieu de la chaussée.
Calvaire
Le deuxième tronçon du lot n°2 (Doumé-Bonis) n'a pas encore enregistré ses premiers coups de tracteurs. Hormis les marques du cadastre pour la définition de l'espace destiné au chantier, qui s'étalent sur près d'un kilomètre, les travaux n'ont véritablement pas encore commencé. "Les travaux ne pouvaient pas commencer avant les indemnisations qui se sont achevées les 22 et 23 mai derniers", soutient Etienne Komba, un riverain. Hormis un terrassement de 300 m à partir du point central de la ville, le décor est le même, permettant ainsi aux vieux démons de refaire surface à chaque occasion.
Ainsi, après la pluie de début de soirée jeudi dernier, l'axe Doumé/Bonis était presque impraticable. Un véritable chemin de croix. La chaussée étroite et toujours bordée de cette mauvaise herbe, qui se retrouve souvent à l'intérieur du véhicule ; des nids de poule légendaires, des ponts à risques, qui ont perdu leurs garde-fous ; et ces mares d'eau comme de petits lacs ou des étangs, coupant entièrement la chaussée. Et, aussi, cette patinoire à l'entrée de Dimako, qui a exigé une dextérité de la part des chauffeurs. Celui du grumier qui ne put pas en faire preuve dut obliger de faire passer son engin, au bord de la route, les quatre fers en l'air, sa cargaison de bois à terre. Les 58 Km qui séparent Doumé de Bertoua représentent le sixième du parcours total entre Yaoundé et Bertoua. Mais, le voyage entre Doumé et Bertoua nécessite le tiers du temps. Soit deux heures, lorsqu'un véhicule ne s'est pas embourbé et passé la nuit sur la route.
"La route Abong-Mbang/Bonis ne connaît pas de retard", martèle le délégué provincial des Travaux publics. En effet, selon la décision no 315/Mintp/Sg du 31 octobre 2006, après une réunion tenue à Bertoua, celle du 19 février 2009 avait été arrêtée pour la livraison des travaux du lot no 2. Mais, les travaux du lot n°1, d'Ayos à Abong-Mbang piétinent. Selon la même décision, ils devaient être livrés le 18 février dernier.
Lenteur
"Tout le monde sait que c'est lent, pour des raisons dépendantes de la volonté de l'entreprise telle que la faiblesse de son organisation, ou des raisons indépendantes de sa volonté, à l'instar des perturbations dans la livraison en ciment, l'approvisionnement en carburant et en bitume depuis le mois de février dernier", explique le délégué provincial des Travaux publics, Nicaise Ayissi. La réalisation du premier lot (Ayos-Abong-Mbang) a été prévu initialement pour une période de 30 mois selon le discours de lancement des travaux à Atok le 29 juillet 2005 par le premier ministre Inoni Ephraim n'aura plus lieu après ce délai. Les responsables de l'entreprise, tant à la base d'Atok qu'à celle de Bent, à 7 Km de Doumé, les grilles sont restées fermées.
A l'extérieur, l'on a une petite idée des causes de la lenteur. "L'entreprise avait expliqué que ce sont les gros porteurs qui circulent en journée, qui les empêchent d'avancer rapidement", révèle Marie Charles Efoudou, maire de la commune d'Atok.
Elle ajoute que le gouverneur de la province de l'Est avait donc envoyé une commission d'enquête sur le terrain. Or, pour le maire d'Atok, "c'est la faute de l'entreprise Pantechniki qui a des vieux engins, qui tombent régulièrement en panne".
Dans une précédente édition, qui faisait le compte rendu d'une réunion tenue à Bertoua l'année dernière, Panagiotis Marelis, mandataire de l'entreprise Pantechniki et le groupement d'entreprises Pantechniki sa/Edoc-Eter Cameroun, adjudicataires des deux lots, dressait l'état de lieu et les difficultés y afférentes.
" Les travaux de construction de la route Ayos-Abong-Mbang auraient pu être supérieurs au niveau actuel n'eût été les difficultés rencontrées par l'Entreprise qui, de par notre expérience, influenceraient le délai contractuel d'exécution des travaux et ont pour causes : la libération de l'emprise dont la procédure a duré cinq mois environ, l'insuffisance des études initiales ayant entraîné des corrections et améliorations. Les études effectuées par notre entreprise ont abouti tour à tour à une nette augmentation de certaines quantités", avait expliqué Panagiotis Marelis.
En ce qui concerne le déplacement des réseaux de Aes/Sonel, de la Snec ou de Camtel de l'emprise du chantier, "l'administration a fait le nécessaire. Les sous-traitants ont été sélectionnés par appel d'offre afin d'exécuter les travaux", a indiqué le délégué provincial. Quant au nouveau délai en vu de livrer les travaux du lot n°1, la place est à l'incertitude. "On leur a accordé 13 mois pour achever les travaux. Ils ont déjà épuisé deux", affirme un habitant d'Atok. Ce que ne soutient pas le délégué provincial des Travaux publics pour qui "le ministre a demandé à l'entreprise de lui proposer un planning afin de trouver une date butoir".
Repères
Principales villes ou unités administratives traversées par la route Ayos-Bonis
- Ayos : au début du projet, arrondissement
- Atok (30 km), district
- Abong-Mbang (88 km), chef lieu du département du Haut Nyong
- Doumé (136 km), chef lieu d'arrondissement ;
- Dimako (151 km), chef lieu d'arrondissement ;
- Bonis (191 km), entrée arrondissement de Bertoua 1er
Lot N°1
Avancement actuel des travaux : 85%
Délai d'exécution initial : 25 mois, porté à 35 mois
Fin estimée des travaux : avril 2009
Montant initial : 18 milliards Cfa
Le coût du projet pourrait connaître un dépassement de 14 milliards
Lot N°2
Avancement actuel des travaux : 26%
Délai d'exécution initial : 30 mois
Fin estimée des travaux : décembre 2009, soit un retard de 10 mois
Montant initial : 126,5 milliards Cfa
Source: Quotidien Mutations
|
