Plus qu'un symbole, le 11 février au Cameroun devrait mettre à l'honneur la jeunesse présentée comme fer de lance de la nation. Mais ce mois peut aussi évoquer d'autres souvenirs ; et personne n'a oublié ce qui s'est passé pendant plusieurs jours dans plus d'une ville en 2008. Tout comme on ne saurait oublier la cause de cette vague émeutière s'étant soldée par plusieurs morts.
Révoltes sociales pour certains, contestations politiques pour d'autres, un an après ces manifestations on en vient à se demander si le gouvernement Biya ou Inoni a pris la mesure de la chose. Que s'est t-il réellement passé depuis cette période. On ne saurait manquer de dire rien. En effet, comme réponse politique, la constitution camerounaise a été modifiée. En revanche sur le plan social et économique nous ne pouvons noter un changement significatif et rien n'augure des lendemains meilleurs ni pour les jeunes en particuliers ni pour la population en général. Les annonces et les mesures prises restent loin des attentes et des messages des troubles de l'année dernière. Et pourtant les révoltes de février 2008 ont été symptomatiques du malaise profond de la société camerounaise, le cri d'un peuple asphyxié par la vie chère et au pouvoir d'achat très faible voire inexistant . Or, à bien y regarder on serait tenté de dire au gouvernement d'être un peu plus sérieux dans la façon de traiter les problèmes du pays. Depuis les dernières élections du 22 juillet 2007, le peuple camerounais a appris à exprimer d'une autre façon ses inquiétudes. Un effort devrait être fait pour sortir les camerounais de l'angoisse par risque de favoriser l'émergence de certains vices qu'il faille appeler gabegie, corruption, détournements, insécurité voire népotisme.
Comment peut- on admettre que le gouvernement camerounais puisse se désengager des politiques de développement. S'il y a bien un domaine qui demande sa présence c'est bien celui là. Un Etat se doit d'être porteur d'intérêt général, de combattre la séparation spatiale, une séparation à la ville cruelle d'Eza Boto plus de 40 ans après la période décrite, croissante entre une minorité riche et une majorité pauvre, de veiller à une équitable allocation de ressources.
De quelle gouvernance a-t-on besoin aujourd'hui au Cameroun ? Une gouvernance de l'ordre juste sans doute, mais les gouvernants actuels sont-ils à la hauteur de leur tâche voilà qui peut encore susciter des interrogations ? On ne peut que le constater, notre gouvernement aujourd'hui manque de politique cohérente. Sa politique n'étant couverte que de quelques avatars ne reposant sur aucun socle solide. Or, les politiques ont besoin de volonté, de constance et de durée. Au Cameroun, les commissions et les comités de travaux sont souvent des morts nés, tout comme certaines opérations de nettoyage s'arrêtent au bout de quelques effets d'annonces. La fameuse opération épervier annoncée en grande pompe a dû s'essouffler sans véritable raison avouée. Le cas Mendo zé en est d'ailleurs la parfaite illustration d'une justice à double vitesse. Mais que peut- on faire dans un pays comme le Cameroun quand l'autorité devient scandaleusement inique ?
Au Cameroun l'effort n'est plus récompensé. La jeunesse n'a plus de modèle républicain auquel s'identifier. Si la question n'est plus de savoir ce que la société camerounaise propose aux camerounais en général et aux jeunes en particuliers, il reste cependant à se demander quelle forme de contestation collective et organisée il faut initier. Car plus la dislocation sociale est importante plus le risque de glissement vers un vrai trouble à l'ordre public est grand. Tant il est indéniable que les difficultés d'accès aux droits fondamentaux comme l'éducation ou l'emploi, la transmission des inégalités sur plusieurs générations atteignent au Cameroun des proportions insupportables, il revient à dire que pour cette 43ème fête la jeunesse camerounaise reste orpheline d'une politique soucieuse de sa réussite sociale.
Toutefois il faut souligner que dans un climat de tensions sociales accrues illustrées par les demandes des différentes élites de chaque région, il n'est pas impossible que la stabilité politique soit compromise, ce qui nous amène à penser qu'une paix sociale sans justice sociale reste tout de même précaire.
|