Tel est la teneur du décret que Paul Biya, président de la République du Cameroun, a rendu public hier, 11 mars 2008. Trois ans après avoir été nommé (il a été reconduit plusieurs fois), Paul Ngamo Hamani quitte le poste alors que les missions (assurer le fonctionnement et la stabilité de la société pour préparer la “ privatisation ”) qui lui avaient été assignées le 23 février 2005, lorsqu’il prenait l’administration provisoire de la compagnie aérienne, ne sont pas atteintes.
Depuis quelques temps, la Camair est plus que jamais au bord de l’asphyxie. Le décret arrive en effet quelques jours seulement après que la présidence de la République a décidé d’un arrêt des activités du Boeing 767-300, baptisé Le Dja. Ses lignes internationales sont ainsi suspendues. De plus, les vols de la Camair à l’intérieur du pays connaissent de plus en plus des perturbations. Sans compter qu’il faut de longues négociations pour alimenter en carburant les aéronefs affrétés par des compagnies “ concurrentes ” pour assurer ces vols…
Très rapidement, la nouvelle a parcouru le pays. Au siège de la compagnie, quelques minutes après la lecture du décret au 17h de la Crtv-Poste national, les commentaires vont bon train. Une dizaine d’employés discutent allègrement sur le perron de l’immeuble à Bonanjo (Douala). L’entrée est filtrée par des policiers en civil. Ils contrôlent toutes les sorties. Chemises, sacs et bagages des employés qui sortent de l’immeuble sont soigneusement fouillés. Il n’est permis aucune entrée. Le personnel rencontré ne veut faire aucun commentaire. “ C’est une décision du président de la République. Comment voulez-vous qu’on la commente ? ” justifie un employé.
Incertain
Certains évoquent cependant une commission d’enquête mise sur pied. Sans pouvoir dire avec exactitude si elle se trouve dans les locaux ou non. Des syndicalistes de l’entreprise sont également là. Selon eux, leur mission effectuée à Yaoundé en début de semaine n’a rien à voir avec la décision de Paul Biya. “ Nous avons eu des travaux avec le comité technique de privatisation et de liquidation dans le but de revoir la reprise de la commission mise en place le 16 janvier par le ministère des Finances pour le calcul de tout solde du fichier de la Camair ”, explique Daniel Eyango Njong du Syndicat des travailleurs des transports aériens (Stta). Avant de conclure : “ Demain, [aujourd’hui, 12 mars, ndlr], la commission reprend ses travaux ”.
Pourtant, dans l’après-midi de lundi, un responsable du service de la communication de la compagnie informait Le Messager que “ des négociations étaient en cours à Yaoundé entre le gouvernement, l’administration provisoire et les syndicats ”. Et que des décisions seraient prises au terme de ces discussions quant au fonctionnement de l’entreprise. Pour l’instant, des questions commencent à naître. Qui va prendre l’administration provisoire de la Camair, puisque aucun autre décret ne désigne le “ remplaçant ” de Ngamo Hamani ? Et quel est le sort réservé à la compagnie ? On attend d’autres décisions du président de la République… ou alors l’entrée en fonction dans l’immédiat de Camair co.
Le décret de Paul Biya
Le président de la République décrète
Article premier : Il est à compter de la date de signature du présent décret mis fin aux fonctions de Monsieur Ngamo Hamani Paul, administrateur provisoire de la Cameroon Airlines (Camair)
Article 2 : Le ministre des Transports et le ministre des Finances sont chargés chacun en ce qui le concerne de l’exécution du présent décret qui sera enregistré, publié suivant la procédure d’urgence puis inséré au Journal officiel en français et en anglais.
Source: Le Messager
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