Ndongo Essomba
La récente rencontre du jeudi 08 mai 2008 entre le chef de l’Etat, Paul Biya, et le vice-Premier ministre chargé de la Justice (Minjustice), Amadou Ali, n’a pas révélé toutes ses facettes. En effet, à côté de la carte blanche qui a été accordée au garde des Sceaux pour "instruire tous les dossiers" relatifs à la corruption et aux détournements de deniers publics, Le président de la République, selon des sources bien introduites, s’est montré mécontent par l’implication du président du groupe parlementaire de son parti dans certaines affaires. Moralité, le chef de l’Etat n’entend protéger personne.
Un dépit du président qui se manifeste à deux semaines de l’ultimatum donné à certains prestataires du ministère de l’Energie et de l’Eau (Minee). Le 08 avril dernier en effet, Jean Bernard Sindeu, le chef de ce département ministériel, a accordé un délai ferme de deux mois à certains établissements concernés pour terminer les travaux d’électrification rurale exécutés à 30% seulement, malgré l’expiration du délai de livraison. Parmi les dix sept établissements interpellés, dont la liste a été rendue publique dans le communiqué inséré le 08 avril 2008 dans les colonnes de Cameroon Tribune (page 24), figurent en bonne place les Etablissements Ndongo Essomba.
Dans ce communiqué, le ministre de l’Energie et de l’Eau, Bernard Sindeu, indique que "[i d’après le rapport d’exécution du programme Ppte 2006 d’électrification rurale qui [lui] est parvenu ce jour [28 mars 2008, ndlr], il ressort que bon nombre d’entreprises n’en sont qu’au niveau du piquetage pour un taux d’exécution estimé à 30%, contre un délai contractuel de trois (3) mois ]". Il invite en conséquence les entreprises concernées par lesdites opérations d’électrification à accélérer les travaux de manière à les achever dans un délai ferme de deux (2) mois, faute de quoi le ministre se dit "dans l’obligation d’appliquer les clauses contractuelles en matière de résiliation".
Complicité
Dans l’entourage du Minee, on fait savoir que "si certaines des entreprises mises en cause (dont les Etablissements Ndongo Essomba), ont fait la démarche vers son département depuis lors, aucune n’a pour autant fait avancer de manière notable les travaux plus de deux ans après". Toujours est-il que cette autre situation intervient au lendemain de la réalisation par les collaborateurs du chef de l’Etat, d’une note de synthèse du rapport du Contrôle supérieur de l’Etat (relayée par les médias), adressée à Paul Biya sur la gestion des comités de lutte contre le Sida, le paludisme et la tuberculose. Dans cette note, les établissements Ndongo Essomba sont une fois de plus cités pour "complicité, coaction pour marchés non livrés, fractionnement et matériels de sensibilisation non livrés pour un montant total estimés à un peu de plus de 147 millions de Fcfa".
Comme on le sait, c’est ce rapport du Contrôle supérieur de l’Etat qui est à l’origine des ennuis judiciaires actuels de Urbain Olanguena Awomo, ancien ministre de la Santé publique. L’ancien ministre et certains de ses collaborateurs sont poursuivis pour la gestion financière controversée des comités nationaux de lutte contre le Sida, le paludisme et la tuberculose. L’affaire, qui n’est qu’au stade de l’enquête préliminaire, tient encore de nombreux fournisseurs de ce département ministériel dans la fébrilité. Et le courroux récemment exprimé par le chef de l’Etat ne fait que rajouter à la peur de quelques-uns.
Source: Quotidien Mutations
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