Ebenizer aurait écrit une lettre d'adieu
Pointé du doigt depuis la mort d'Ebenizer Folefack et les révélations des proches
du défunt, l'Office des Etrangers de Belgique a contre-attaqué dans un nouveau communiqué,
le troisième depuis qu'Ebenizer est supposé s'être suicidé. Dans le premier, il
assurait que le Camerounais n'avait subi aucune violence, avant de se rétracter
et d'admettre qu'il y avait eu des débordements. Cette fois-ci, il tente de contrecarrer
les différents points qui ont été soulevés par l'avocat et les proches, notamment
aux allégations d'Elodie-Laure Nankeng qui affirmait mordicus qu'Ebenizer
jusqu'aux derniers moments était résolu et ne pouvait en aucun cas être enclin au
suicide, où l'Office des Etrangers parle maintenant d'une lettre d'adieu trouvée
dans ses affaires au centre de détention.
De plus, Elodie-Laure comme l'avocat affirmaient qu'Ebenizer pensait avoir de bonnes
raisons d'être régularisé bientôt, via l'accord gouvernmental. A cela l'Office démonte
point par point les différents points légaux et affirme qu'il n'avait aucune raison
d'être elligible à une éventuelle régularisation par rapport à ces critères. L'Office
donne aussi quelques détails sur la vie du défunt depuis son arrivée en Belgique
pour faire passer le message suivant lequel Ebenizer avait tout essayé sans succès,
sous-entendu était donc au bout du rouleau.
Pourtant, au vu de ces révélations, on ne peut s'empêcher de se poser des questions.
Tout d'abord, on peut se demander pourquoi l'Office des étrangers distille les informations
au sujet d'Ebenizer au compte goutte, et presque à chaque fois en réponse à des
déclarations médiatiques de l'avocat ou des proches de la victime. Cela est manifeste
d'un manque de transparence certain, et l'Office des Etrangers se comportent réellement
comme un accusé qui n'est pas exempt de tout reproche.
Sil lettre d'adieu effectivement il y a eue, à qui était-elle adressée et pourquoi
n'en entend-on parler qu'aujourdhui, plusieurs jours après le suicide présumé ?
Elle semblerait en tout cas bien arranger les affaires de l'Office des Etrangers,
puisqu'elle invaliderait totalement les arguments des proches décrivant Ebenizer
comme quelqu'un qui n'était pas du genre à abandonner. Pourtant, une nouvelle zone
d'ombre apparait, en admettant l'existence et l'authenticité de la lettre : que
s'est-il passé entre le jour où Elodie-Laure Nankeng a parlé à
Ebenizer, et le suicide ? Parce qu'elle déclare en tout cas que jusqu'au dernier
jour, même s'il était très amoché physiquement, il restait déterminé à aller de
l'avant.
Quoi qu'il en soit, les traces de strangulation manquantes sur le cou d'Ebenizer
continuent d'interroger. Peut-être que l'Office des Etrangers publiera dans un prochain
communiqué que des traces ont finalement apparu. L'autopsie devait être déroulée
aujourd'hui selon l'avocat, elle devrait répondre à bon nombre de questions qui
planent autour de la mort d'Ebenizer.
L'Office des étrangers précise, mardi dans un communiqué, les "conditions exactes"
dans lesquelles s'est suicidé jeudi dernier un ressortissant camerounais au centre
fermé de Merksplas.
L'Office des étrangers veut de cette manière répondre aux "allégations
diverses répandues dans les médias, et plus particulièrement celles de l'avocat
du ressortissant camérounais Alexis Deswaef".
L'Office des étrangers explique de son côté que le règlement intérieur du Centre
fermé de Merksplas offre aux résidents la possibilité de se reposer une heure et
demi en chambre durant la journée. Le 1er mai, seules deux personnes, un ressortissant
chinois et un ressortissant camerounais, se trouvaient ainsi dans les chambres après
le repas de midi.
"C'est le ressortissant chinois qui a donné l'alerte en découvrant le résident camerounais
pendu dans l'encadrement des toilettes avec des draps de lit noués. Immédiatement
le personnel sur place a donné les soins d'urgence, aidé dans les 5 minutes par
l'infirmière de garde (tentative de réanimation par massage cardiaque et bouche-à-bouche).
Les services médicaux d'urgence appelés immédiatement n'ont pu que constater le
décès à leur arrivée sur place", précise l'Office dans son communiqué.
Un petit mot d'adieu adressé à une amie
Après le décès, l'armoire du ressortissant camerounais a été vidée. "Il y a été
trouvé un petit mot d'adieu adressé à une amie. Ce document a été remis à la police.
Cette lettre montre clairement l'intention de la personne de mettre fin à ses jours",
expose encore l'Office des étrangers.
L'Office répète également que le 26 avril dernier, ce ressortissant camerounais
devait être rapatrié sous escorte vers Douala. Le rapatriement a du être interrompu
en raison de l'opposition ferme manifestée par l'intéressé. "Il est donc faux de
prétendre qu'il a été fait usage de violence durant cette tentative de rapatriement".
Le ressortissant camerounais est arrivé en Belgique le 5 juillet 2005. Le 6 juillet
2005, il a demandé l'asile. Le CGRA (Commissariat général aux Réfugiés et aux Apatrides)
lui a refusé après 3 mois de procédure la qualité de réfugié. Le critère de régularisation
basé sur une procédure d'asile anormalement longue ne peut donc être invoqué dans
ce cas-ci, souligne l'Office des étrangers. Il n'a pas non plus obtempéré à l'ordre
de quitter le territoire qui lui a été notifié au terme de sa procédure d'asile.
Pas de régularisation liée à l'ancrage durable
En 2006, il est écroué au centre fermé de Vottem en vue d'être rapatrié. Son rapatriement
devra être annulé car l'intéressé s'est évadé du centre hospitalier dans lequel
il venait passer des examens médicaux. Ecroué à Merksplas en mars 2008, il introduit
un recours urgent auprès du Conseil du Contentieux des Etrangers qui le rejette
le lendemain. Il introduit ensuite, depuis Merksplas, une 2ème puis une 3ème demande
d'asile qui sont immédiatement rejetées car l'intéressé n'apporte aucun élément
neuf.
L'Office précise encore que l'intéressé n'aurait pu bénéficier non plus d'une régularisation
basée sur les critères liés à l'ancrage durable. "D'une part parce que ce critère
n'a pas encore été clairement précisé dans la circulaire à venir sur les régularisations,
mais aussi parce que l'intéressé ne pouvait donner la preuve d'une forme d'ancrage
stable dans la société."
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