« Je n'ai jamais voulu ça ! » A peine audible, la voix est pourtant ferme. Au juge des libertés et de la détention (JLD) qui doit statuer sur son sort, Ibrahima Niane, le meurtrier présumé de Benoît-Alexandre Foé mardi dans le quartier des Hauts-de-Murigny à Reims, a réaffirmé hier matin que son geste n'avait rien de prémédité. Cet étudiant en droit, dont la mère est magistrate, sait que sa remise, ou non, en liberté dépend de ce juge.
Placé en garde à vue dans les locaux du commissariat de Reims depuis les faits, le Guinéen âgé de 22 ans devait donc être présenté dans un premier temps au juge d'instruction avant de comparaître devant le juge des libertés et de la détention.
Attendu vers 8 h 30, le fourgon de police qui le transporte, se présente finalement vers 9 h 15 à l'entrée du palais de justice. Simplement habillé d'un Jean's et d'une chemisette, l'étudiant est resté près de deux heures dans le bureau du juge d'instruction. Mis en examen pour homicide volontaire, Ibrahima Niane a sans aucun doute été interrogé sur ses relations avec la victime. Il a également dû s'expliquer sur le nombre de coups de couteau assénés à Benoît-Alexandre Foé dans l'un des immeubles du 10 de la place Maurice-Utrillo.
Durant son audition, plusieurs membres de la famille du jeune homme dont l'une de ses sœurs, les traits tirés et le visage grave patientent dans le couloir pour obtenir des nouvelles.
Une manifestation sportive pour sensibiliser
Vers 11 h 30, le mis en examen, menotté et encadré de deux policiers pénètre dans le bureau du juge des libertés et de la détention, accompagné de son avocat. Au cours de cette audition, publique depuis 2007, le substitut du procureur a requis le placement en détention provisoire « face à la gravité des faits ».
De son côté, l'avocat du Guinéen a insisté sur le « comportement exemplaire de mon client, dont le casier judiciaire ne comporte aucune condamnation et qui a bien l'intention de se justifier sur ses actes ». Le pénaliste a, sans aucune surprise, plaidé pour sa remise en liberté assurant « qu'il remettrait bien entendu son passeport guinéen à la justice afin d'apporter toutes les garanties possibles de sa présentation devant la justice ».
Le juge des libertés et de la détention a finalement ordonné le placement en détention provisoire.
Vers 12 h 15, après quelques minutes passées en compagnie de sa sœur, le jeune homme a donc pris la direction de la maison d'arrêt de Reims.
Madeleine Simoncello, procureur de la république a précisé hier après-midi « que les investigations se poursuivaient toujours, notamment sur la personnalité du mis en examen, notamment par l'intermédiaire de deux expertises, l'une médico-psychologique et la seconde, psychiatrique, obligatoires dans un dossier criminel ».
La famille de Benoît-Alexandre Foé s'est déclarée « soulagée et satisfaite de la décision du juge ».
Une mère, une fiancée, des frères et sœurs, des amis s'apprêtent à rendre un dernier hommage à la victime. « Une marche silencieuse doit être organisée, ainsi qu'une messe à Reims et une veillée à Athis où il vivait », confirmait Zeinab, l'amie du jeune homme.
Les amis de Benoît-Alexandre ont affirmé leur intention de mettre sur pied une manifestation sportive, « pour sensibiliser le public au problème de la violence et surtout pour essayer que plus jamais ce genre de drame n'arrive ».
Le corps de Benoît-Alexandre Foé a été rendu hier à sa famille. Le jeune homme devrait rejoindre dans les prochains jours sa terre natale, le Cameroun pour y être inhumé.
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