Des foules en colère ont déferlé sur la préfecture
La capitale économique du Cameroun vient d’éviter de
justesse une nouvelle escalade dans les rues. Hier, jeudi 31 juillet 2008, une
trentaine de personnes ont décidé de marcher pour protester contre les forces de
l’ordre. Partis du quartier Bépanda, les manifestants voulaient à se rendre chez
le nouveau préfet du Wouri, Okalia Bilaï Bernard. Mais, quelques kilomètres plus
loin, juste au niveau du commissariat du 9e arrondissement à Deïdo, ils sont
stoppés par des éléments des forces de l’ordre. Une première échauffourée a
lieu. Puis, selon quelques témoins, un colonel non identifié vient les calmer.
L’officier supérieur de l’armée s’éclipse avec sept des manifestants, dit-on,
pour négocier.
Pour les autres, il n’est pas question de négociations. Ils veulent que «
justice soit faite pour nos sœurs et pour nos mères ». Les manifestants
expriment leur ras-le-bol de voir des bandits appréhendés et conduits à la
gendarmerie ou à la police relâchés quelques jours, voire quelques heures
seulement après. Dernier cas en date : dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27
juillet, ils mettent la main sur une bande de trois présumés brigands, plus
connus sous les pseudonymes de Guybert, Lato et Platini. Les trois compères,
dont la moyenne d’âge est d’environ 20 ans, sont accusés d’avoir agressé et
violé des femmes et des filles dans le quartier. Depuis quelques temps, ils
régnaient en maîtres dans leur secteur, dépouillant leurs victimes de certains
biens (argent, téléphones portables, bijoux, etc.). Appréhendés par les
populations, ils sont remis à la brigade de gendarmerie de Bépanda dimanche vers
12 heures.
De la complicité des forces de l'ordre
« Notre surprise a donc été grande, lorsque lundi matin
vers 9 heures, nous les avons revus au quartier. Ils ont commencé à nous
narguer, lançant des paroles de défis. Tout en nous menaçant qu’ils allaient
recommencer de plus belle », raconte Grégoire, un habitant. Ne sachant plus à
quel saint se vouer, ils ont décidé de s’adresser directement au nouveau patron
du département du Wouri, installés dans ses fonctions quelques jours plus tôt.
D’autant qu’ils n’ont plus confiance en la gendarmerie. « Ce sont eux qui ont
laissé filer les trois bandits », accusent les populations.
Le gendarme major André Bougué est particulièrement indexé dans cette affaire.
Il est accusé de complicité d’évasion. A la gendarmerie, pas de traces du
gendarme accusé. Pas de déclaration non plus de ses collègues. Mais, selon
certaines indiscrétions, lors d’une réunion tenue avec les manifestants et les
commandants de brigade de gendarmerie de Douala, le nouveau préfet du Wouri
aurait affirmé que le major André Bougué a déjà été déféré à la prison de
New-Bell. D’autres décisions ont été prises pour renforcer la sécurité dans les
prochains jours. « Mais, pour nous, ce n’est pas le plus important. Nous voulons
juste que ceux qui sèment la terreur dans nos vies au quotidien soient punis
comme le veut la loi », soutient Ernest. Le préfet a promis de remettre la main
sur ces trois agresseurs.
Source : Le Messager
|