Au rez-de-chaussée, la salle de rédaction et même celle des animateurs sont fermées par de gros cadenas, tout poussiéreux. Après avoir gravi les marches qui mènent au secrétariat de cette structure, on aperçoit, assis derrière un bureau, la secrétaire et un commercial, qui s’occupent à zapper sur un téléviseur.
La vie, depuis la saisie du matériel technique par les forces de l’ordre le 28 février dernier, est pratiquement à l’image de l’état des lieux à notre arrivée.
Pas de journalistes présents dans les locaux encore moins, les animateurs et autres techniciens. La raison, affirme Serges Edzou, journaliste à Magic fm, arrivé seulement en après-midi, c’est qu’ " il n’y a rien à faire pour le moment sur le plan professionnel. "
On se souvient qu’au lendemain de la déclaration du chef de l’Etat suite aux émeutes qui ont secoué le pays, la station Magic Fm a reçu la visite d’une escouade de la gendarmerie emmenée par le lieutenant-colonel Emmanuel Tchinda, commandant du groupement territorial de gendarmerie de Yaoundé.
A leur arrivés à la station, ils ont exigé les copies de l’émission spéciale de la veille animée par Javis Nana, qui était une table ronde sur la réaction à la déclaration du Chef de l’Etat, de celle de Magic attitude qui venait de s’achever, et finalement, de toutes les émissions de la semaine ; ensuite, ils ont confisqué le matériel technique constitué entre autre des unités centrales des ordinateurs, les consoles, les câbles, les microphones et portes micros, les lecteurs et même le matériel de leur radio partenaire " La voix de l’Amérique ."
Selon le chef de chaîne, Jules Elobo, les négociations sont certes en cours pour la remise du matériel, mais rien n’est encore décidé. L’affaire se trouve entre le ministère de la Communication et celui de la Défense.
En attendant, les hommes du micro de cette station, pour reprendre Serges Edzou, renouent avec leurs vieilles habitudes. Certains se souviennent qu’il y a au moins deux années qu’ils ne sont pas allés à la messe et que depuis deux semaines déjà, ils sont à nouveau devenus fidèles. D’autres, après le réveil matinal assez tardif, ont conservé leur source d’information qui les appelle pour assister à des évènements qu’ils étaient habitués à couvrir : "même si pendant ces moments là les confrères nous traite de chasseur de gombo", affirme Serge Edzou.
De toute façon, " rien n’est infernal ici ", dit le chef de chaîne. Mais tout le monde sait que l’ouvrier vit de son salaire, donc, ces moments sont certes bravés avec beaucoup de sérénité par le personnel, mais non sans conséquence directe, a-t-il ajouté.
Source: Quotidien Mutations
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