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Lettre ouverte à Rigobert Song
(31/08/2009)
Un internaute camerounais adresse ses encouragements à Rigobert Song, suite à ses récents "déboires" (perte du brassard de capitaine et mise sur le banc de touche) en équipe nationale du Cameroun
Par Bernard Kom
Rigobert Song
Rigobert Song

Salut RIGO,

Ma présente lettre à ton endroit vient en droite ligne avec l’actualité footballistique africaine et particulièrement camerounaise, tu l’imagines bien. A la veille de la rencontre capitale Cameroun-Gabon du 05 septembre 2009 prochain à libreville, l’on sait combien les lions sont en situation difficile, en attendant.

Une difficulté collective à côté de laquelle vient se greffer quelques déboires individuels comme ceux de Wome Nlend, Modeste Mbami, et les tiens aussi. Mon cher Manyang (1),l’on sait que cela peut faire de la peine de céder brusquement un capitannat que l’on a porté de manière ininterrompue pendant dix ans, et par dessus tout, de passer inattendument du statut de titulaire permanent à celui de réserviste. Voilà deux faits majeurs qui, en peu de temps, ont pu vous déstabiliser même quelque peu sur le plan moral. C’est suite à tout cela, cher compatriote, que j’ai ressenti le besoin de t’adresser cette lettre, afin que tu gardes le moral nécessaire, car je pense que malgré tout on peut faire une autre lecture de la situation qui est la tienne.voici :

1- Tu as toujours été d’un courage et d’une détermination exceptionnels dignes d’un Lion indomptable,ce qui t’avait valu logiquement le pseudonyme de capitaine-courage. Cette énergie sans pareil, on ne peut le nier, a toujours contribué à galvaniser nos troupes, et que l’histoire retienne cela. Tu resteras objectivement un capitaine parmi les capitaines que les Lions indomptables ont connu à ce jour.

2- C’est le plus important.Il y a en ce moment au sein de l’opinion nationale et internationale, une pensée suffisamment partagée selon laquelle tu es déjà en perte de vitesse, pour ce qui est de la performance sur le terrain. C’est un point de vue que je respecte, mais que je ne partage pas. Face à cette situation, je sais comme d’autres observateurs, que tu crois le contraire et voudrais même le prouver, sauf que la pression psychologique t’empêche peut-être de le faire.

Alors, quelles peuvent être les raisons de mon soutien à ton endroit ? Sans rien avoir contre l’intégration de jeunes lions,je voudrais ici remarquer pour le condamner, cette fâcheuse habitude que nous autres camerounais avons de déclarer les joueurs vieux même lorsqu’ils ont encore du répondant. Il n’y a qu’ à se souvenir des cas de Roger Milla et Kalla Nkongo qui en avait été injustement victimes.




Pour en revenir à ton cas Rigo,il faut néanmoins admettre que tu as été sur le terrain, à l’origine de certaines situations malheureuses connues par l’équipe nationale de football du Cameroun, des situations qu’il serait assez inutile d’évoquer encore ici. Mais, de là à ce que les gens mettent cela sur le compte de la vieillesse, je pense qu’il y a extrapolation.

Ton problème serait non pas un problème de vieillesse, mais plutôt un problème tactique. Une question tactique qui a pu être engendrée par les entraîneurs ou alors toi-même.Eh bien,comment ?

Parce que tu avais inscris des buts face au Benin (et face à la Tanzanie, si je ne me trompe pas) par le passé, cela t’avais suscité désormais des veilleités offensives à presque tous les matchs des Lions. On en était arrivé au stade où tu voulais tous le temps inscrire ton but. J’en ai fait la remarque à plusieurs reprises, de même que j’ai écrit à plusieurs occasions la-dessus. Le revers de la médaille c’est que à chaque montée que tu effectues à l’attaque, tu te dépenses doublement (car tu sors de ton rôle défensif de prédilection) sur le plan énergétique.

Plus encore, lorsqu’il faut regagner ton poste de libéro (après une telle remontée) en cas de contre attaque adverse, tu as peu de chance de rattraper l’adversaire, et le pire survient. Voilà à mon avis d’où vient le problème. La présente analyse de ta situation est bien sûr libre de toute critique, mais il suffit de revoir les bandes enregistrées de certaines rencontres pour s’en convaincre.

Mon cher compatriote Manyang, peut-être êtes-vous convaincu de cette réflexion, peut-être pas. De toutes façons, de nombreux libéros ont continué d’être performant après ton âge, à l’instar de Koeman, Lothar Matthaus, et autres, si mes souvenirs sont bons. Je continue donc de penser que vous pouvez encore bien faire comme ceux-là, et même mieux pourquoi pas. Mais, à une condition :

La prochaine fois que l’entraîneur vous fera confiance, aux entrainements ou en matchs, jouez fixement à votre poste de libéro sans monter une seule fois à l’attaque. Otez de votre tête cette idée que l’on dit du football moderne et jouez purement et simplement votre rôle de libéro. Vous avez souvent adopté cette démarche face à certaines grandes équipes que vous redoutiez alors,et le résultat final était bon. Faites un flash back et vous verrez.

Veuillez réfléchir froidement sur cette stratégie et vous pourrez très probablement restaurer une certaine confiance et maestria à votre égard,vis-à-vis du public.Bonne chance pour la coupe du monde 2010.

Très amicalement,
KOM Bernard,Chercheur Indépendant à Douala,
Cameroun, panafrique.e-monsite.com


(1) Manyang est le surnom affectueux sous lequel Rigobert Song est connu au Cameroun




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