Rechercher
Rechercher :
Sur bonaberi.com   Google Sur le web Newsletter
S'inscrire à la newsletter :
Bonaberi.com
Accueil > News > Société
Les obsèques deviennent mondaines au Cameroun
(12/04/2008)
Les cérémonies funèbres deviennent des occasions pour afficher son statut social. Des rendez-vous que les Camerounais ne veulent plus rater.
Par Rodrigue N. Nganzi
Marche fumebre
Marche fumebre
M. Jérôme K. vient d'apprendre le décès de son père. Il est attristé par la nouvelle. Mais la douleur de ce jeune professeur en service dans un lycée de la place va au-delà de celle née de la perte d'un être cher. Lui qui s'était promis d' " enterrer dignement son père ". Il lui faudra du temps s'il veut tenir sa promesse. Comme l'exige presque la mode, cet enseignant veut marquer les esprits de ceux qui viendront assister aux obsèques de son géniteur.

Si dans certaines régions du pays, on ne fait pas toujours attention à la personnalité du défunt, dans la province de l'Ouest, le rang social du décédé est déterminant pour le type d'obsèques qui lui sont réservées. " On n'enterre pas un chef comme un notable, ou comme un simple membre de la communauté ", souligne Alain T., qui semble s y connaître. Reste que de plus en plus, les obsèques sont de véritables occasions pour " se faire voir ".


La démonstration commence souvent à la morgue. Très souvent, ce n'est qu'après plusieurs semaines, voire des mois passé à la morgue que les membres de la famille se décident à organiser la mise en bière du corps. Le niveau de la fortune se mesure à la qualité du cercueil, fait avec " du bois rare ", des gerbes de fleurs qui recouvrent presque entièrement le cercueil, des foulards, tee-shirts, casquettes et autres gadgets marqués de l'effigie du mort.
Puis, il y a les interminables cortèges de véhicules avec gyrophares et sirènes qui font un bruit à vous rompre le tympan à leur passage. Un responsable des pompes funèbres " Fin de séjour ", qui fait dans la location des corbillards et la vente des cercueils, indique qu'il est difficile d'évaluer le coût d'une levée de corps. " Tout dépend de celui qui vient solliciter nos services. Le prix des cercueils oscille entre 50 000FCFA et un million de FCFA. Çà se négocie, un client peut dépenser 300 000 FCFA tandis qu'un autre mettra deux millions de FCFA pour le même travail ". A cela s'ajoute la location du corbillard. Le prix varie selon le prestige qu'il offre et la distance à parcourir, et peut se négocier au-delà du million de FCFA.

Une autre étape au cours de laquelle la fortune familiale est mise en exergue est le moment de l'inhumation et de la collation. Après avoir dépensé énormément d'argent dans l'impression des " faire-part ", des banderoles, des livrets programmes pour mieux indiquer à l'assistance la " valeur de celui qui s'en va ", certaines personnes n'hésitent pas à faire filmer la cérémonie pour diffusion à la télévision. On note aussi la présence des groupes de danses, des offices religieux qui mettent en scène à la fois plusieurs hommes de Dieu.
Pour " mettre tout le monde à l'aise ", on invite un service traiteur qui assure la totalité de la collation. La boisson n'est pas en reste, avec un accent sur la marque. Plus il est coûteux, mieux il donne de la valeur à la cérémonie. " Chez nous, on ne peut pas parler de collation sans viande de chèvre et le kondrè, ce sont des mets essentiels pendant les obsèques ", lance Jeannine, originaire de Bandjoun. Il y a quelques années dans cette localité, un homme d'affaires qui avait perdu sa mère, aurait dépensé plus de 500 millions Fcfa pour les obsèques de cette dernière. Tout ceci fait dire à un responsable des pompes funèbres que " le gros des dépenses se fait au niveau de la collation, ce n'est pas ici. Si un homme doit dépenser 8000 Fcfa pour chaque plat servi, et il reçoit juste 500 personnes, çà fait combien ", se demande t-il.

En mars 2006, les évêques du Cameroun, réunis à Monatelé dans le cadre d'une réunion de la conférence épiscopale n'ont pas manqué d'évoquer ce sujet. Pour eux, les " obsèques doivent se dérouler avec une certaine sobriété, afin d'éviter des dépenses extravagantes et inutiles ". Les hommes de Dieu pensent que les funérailles doivent tenir compte de " l'attachement de l'individu à l'église et non de ses avoirs ".

Source :Reperes




Partager l'article sur Facebook
 
Discussions Discussion: 5 bérinautes ont donné leur avis sur cet article
Donnez votre opinion sur l'article, ou lisez celle des autres
Sur copos Sur Copos
Les vidéo clips Les vidéos clips
Récents Récents


Accueil  |  Forum  |  Chat  |  Galeries photos © Bonaberi.com 2003 - 2025. Tous droits de reproduction réservés  |  Crédit Site