Des actionnaires se sont levés pour s'opposer à la reprise d'Amity Bank par la Banque Atlantique.
Dès les premières heures de la matinée, les forces de l’ordre investissent le siège de cette banque afin d’“ encadrer l’action de contestation ” du collectif d’actionnaires déterminés à empêcher l’occupation des locaux d’Amity Bank par le “ repreneur ”, Banque Atlantique Cameroun. A l’entrée de l’immeuble, les éléments du Groupement mobile d’intervention sont embusqués, casques vissés sur la tête, armes et matraques aux poings. A quelques mètres de là, deux hommes en costume, sont très bruyants. Ce sont les représentants du collectif des actionnaires. Ils brandissent un volumineux paquet de documents et tiennent à démontrer qu’ils ont raison.
Quelques-uns de la quarantaine d’employés licenciés (soit environ 25% de l’effectif d’Amity Bank) vendredi dernier sont assis à l’entrée de l’établissement financier, l’air dépaysés. Certains affirment qu’ils viennent soutenir les actionnaires qui voient en la liquidation du passif et la cession de l’actif d’Amity Bank “ une mafia organisée par le mandataire de la Cobac et le ministre des Finances ”. Les curieux, venus nombreux, sont tenus à bonne distance. Quelques téméraires affrontent tout de même les camions anti-émeutes de la police, mais ne franchissent pas l’entrée de l’immeuble.
“ Mon fils devait aller au Canada… ”
Les premiers clients qui arrivent affichent leur angoisse. Certains se répandent en larmes. “ Nous ne savons rien madame ; nous sommes là pour empêcher les troubles ”, lance un officier de police à une dame qui s’inquiète de l’avenir de ses épargnes. “ Mon fils doit aller au Canada et il me faut de l’argent aujourd’hui. J’ai des millions dans cette banque … ”, supplie-t-elle. Milène T., une femme d’affaires, a versé environ deux millions F cfa la semaine dernière. “ Je ne sentais rien venir. Comment se fait-il que je ne puisse pas entrer en possession de l’argent aujourd’hui ? Pourtant mon frère banquier m’avait averti que cette banque a des problèmes. Je ne l’ai pas écouté parce que ça fait dix ans que je suis à Amity Bank. Dès qu’on ouvre, je vire tout mon argent. ”
La majorité des épargnants ne pige rien au spectacle. “ La transaction devait se passer entre les deux structures sans que les clients aient besoin d’assister à cette ignominie ”, conclut un client. Selon les informations diffusées dès la fin de la semaine dernière, les guichets fermés depuis le 29 mai 2009 devaient être rouverts aujourd’hui aux clients sous le label de “ Banque Atlantique ”.
Malheureusement, les portes restent fermées. Aucune trace d’un responsable de la Banque Atlantique n’est perceptible ici. Même l’installation des enseignes lumineuses marquant l’occupation symbolique par le “ repreneur ” est bloquée par M. Sielienou, l’un des représentants du collectif des actionnaires, dans l’après-midi.
Au siège de Banque Atlantique situé non loin de celui d’Amity, c’est la sérénité malgré le renforcement de la sécurité. “ Nous ne pouvons pas faire de déclarations pour le moment. Mais je peux vous dire que nous sommes encore en train de finaliser certains dossiers ”, explique celui qui joue pour le moment le rôle de chargé de la communication, sous la supervision du directeur financier. Pour le moment, les deux parties se regardent en chiens de faïence sous le contrôle d’un détachement de policiers. Pendant ce temps, les autorités administratives se remuent les méninges pour qu’une solution soit trouvée à cette crise qui menace l’ordre public. A suivre.
Source: Le Messager
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