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Les élites du Sud ont-elles pillé le Cameroun ?
(27/06/2008)
Cameroun: Un livre qui fait des vagues, sans pour autant convaincre de sa pertinence.
Par Roxane Batéki
Le Sud responsable de tout au Cameroun?
Le Sud responsable de tout au Cameroun?
Dans tous les cas, même s’il l’était jusqu’à un passé récent, ce jeune homme n’est plus un fluet discoureur. Il a peut-être la langue trop longue, il est certainement cancanier, une de nos commères parmi les plus médiatiques. Mais il faudra désormais lui reconnaître une autre habileté : en un tour de main, son irrépressible besoin d’exister s’est transformé en bravoure ; il se veut désormais défenseur et entremetteur. Défenseur de la masse Bulu contre les brebis galeuses de la même ethnie. Interlocuteur du grand chef Bulu, et entremetteur entre lui et la majorité constituée des honnêtes du peuple Bulu. Depuis que les brebis galeuses ont rompu le pacte et trahi la confiance du grand chef, il est sorti de terre un héros qui moucharde, accuse, en attendant probablement de passer à la vitesse supérieure.

Le grand chef Bulu est Paul Biya, Président de la République. Le peuple Bulu est le pays organisateur. Les brebis galeuses quant à elles, sont les élites prédatrices bien plus que productrices. Le héros est bien sûr Charles Ateba Eyene, l’auteur de ce petit livre rouge sang qui s’intitule « les paradoxes du pays organisateur, Elites productrices ou prédatrices : le cas de la province du Sud- Cameroun à l’ère Biya (1982- 2007)

Est-il besoin de redire dès lors que ce livre ouvre les placards fermés d’une ethnie qui jusqu’ici tentait de sauver l’essentiel : être originaire de la même région que le Président de la République. Un statut qui a propulsé des centaines de frères, pères et mères au devant de la scène. Un privilège qui a enrichi et ennoblit des illustres inconnus. Il est né des élites dont le devoir de l’avis de l’auteur, était de mener les autres, tous les autres vers le bonheur. C’était leur mission, et elles ont lamentablement échoué. Plus grave, elles ont asservi les frères, laissé la terre de leurs ancêtres dans la saleté et la honte, et se sont rendues coupables de félonie, de déloyauté et d’enrichissement illicite au nez et à la barbe du grand chef, qui pourrait payer demain - lui et le reste de la tribu- la forfaiture de ces prédateurs de frères. Ces placards jusqu’ici fermés, ont donc été ouverts par cet auteur indiscipliné et prolixe. Son message est clair : le Sud est pauvre malgré tout, et ce Sud n’y est pour rien ; son présidentiel fils non plus. Il serait injuste de vouloir le lui faire payer demain.

Si on a l’habitude du discours de l’auteur, sur la perfidie de l’entourage et l’innocence du patron, ceux qui ont donné leur avis sur l’ouvrage ont jugé la problématique mal fondée, le but
trompeur et les concepts inexacts. Les préoccupations sur le désintérêt et la responsabilité suprêmes, ont été à chaque fois évoquées. Idem pour le rôle des élites, leur mission, l’origine des moyens censés mettre à disposition, la notion d’Etat, les missions de celui- ci, la misère morale et la prise en main des peuples dans leur ensemble, l’intérêt général etc. Les réprobations, les réactions affluent de partout : est-ce un mérite de laisser ainsi sortir la puanteur de notre cher Sud ? De dénuder et de désacraliser des personnes jusqu’ici craintes ? De prouver et de convaincre les uns et les autres de ce que le Sud a tout reçu de l’actuel régime ? Que dire du style de l’auteur ? Ceux qui ont coutume de le lire savent qu’il laisse généralement errer sa plume ; elle mue selon qu’elle croise le récit, l’interview, l’essai, le pamphlet etc. Charles Ateba Eyene écrit comme il parle : beaucoup, de tout, s’inspire de tonnes d’ouvrages, fait référence à de nombreux auteurs, tire parti de ce qui est possible ; s’il fallait faire une analyse comparative, on n’en sortirait pas, les plus grands théoriciens de la Communication, du développement et de l’ethnicité ayant été bien sûr consultés dans son livre. Comme personne n’écrit, - surtout pas ceux qui devraient- il faut peut-être se taire devant le brave sophisme de ce camerounais en attente. Le livre est dans la marre. A son destinataire de se retourner.


Les commentaires vont bon train dans la capitale du Sud.

Le nouvel ouvrage de Charles Ateba Eyene, dont les échos sont parvenus au Sud grâce aux médias, se commente dans tous les milieux, surtout ceux dits intellectuels et politiques.

Le livre ne se trouve pas encore dans la ville, que déjà les langues se délient. Et les militants de base du Rdpc, qu’ils se rangent du côté de Jacques Fame Ndongo, ou du côté de Raymond Mbita , les deux camps qui s’opposent dans la région, semblent unanimes : Charles Atéba Eyene a dit tout haut ce que les populations pensent tout bas.
Au niveau des élites locales, peu de ténors de la politique acceptent de se prononcer. Malgré l’intervention de l’auteur sur Canal 2, la semaine dernière, et les commentaires de la base locale du Rdpc. « Il faut d’abord lire le livre », affirment les élites locales sollicitées pour un commentaire. C’est, par exemple, l’avis de Joël Emmanuel Bitoumou, trésorier de la section Rdpc Mvila-Centre. « Je ne saurais réagir sur le contenu d’un ouvrage que je n’ai pas encore découvert ». Son de cloche identique chez le président de La Nationale, le parti d’opposition qui a son siège à Ebolowa : « Il m’est difficile de réagir sur un ouvrage que je n’ai pas encore lu de peur que mes commentaires ne soient sans fondement », se justifie Abel Eyinga. Vivement donc que le livre arrive dans la ville. Peut être, alors, la glace sera enfin brisée au niveau des élites locales.


Source: Le Jour Quotidien


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