Le désarroi des populations après la démolition de leur maison
Les feux de signalisation de Tongolo demeurent le point de repère au théâtre des événements.
Une dame, la mine renfrognée, traînant avec elle ses petits enfants transporte ses ustensiles de cuisine. Certaines familles, comme la sienne, qui ont été déguerpies jeudi, ont passé la nuit à la belle étoile.
Plus loin, des hommes transportent des tôles et des lattes sur leur tête, fruit de la récupération issue de la destruction de leur ancienne demeure.
Près de la route certaines familles embarquent leur mobilier dans des camionnettes. Sous un soleil caniculaire, ces familles regardent leurs maisons s’effondrer après le passage des bulldozers de la Communauté urbaine de Yaoundé. Mais, une fois traversée la route, le spectacle est pareil.
Selon les informations glanées dans ce quartier qui voisine avec la gare routière qui dessert les villes de l’Ouest notamment, certaines familles qui ont été cassées seraient détentrices des titres fonciers et malgré ces papiers aucune indemnisation ne leur a été octroyée afin qu’elles puissent trouver un nouveau logis. Tel est le cas de Louise, propriétaire de maison et titulaire d’un titre foncier qui dit " n’avoir pas été indemnisée malgré son titre foncier vieux d’une trentaine d’années ".
Pour cette mère de famille qui a vu ses deux maisons " titrées " démolies sous son regard impuissant, c’est la tristesse et la désolation. Malgré le préavis de déguerpir des lieux qui avait été servi il y a six mois pour certains et sept ans pour d’autres, certaines familles se sont obstinées et sont retrouvées comme par surprise à la rue. Selon les témoignages d’une victime de ces démolitions qui est resté sous anonymat : " les délimitations de la casse n’ont pas été respectées car certaines maisons qui n’étaient pas sur le terrain de l’Etat ont été démolies ".
Ces familles expriment leur rancoeur non pas pour avoir été démolies, mais pour n’avoir pas été indemnisées. Une bailleresse explique que " malgré le manque de papier les procédures en vue d’obtenir un titre foncier n’aboutissent pas parce que l’Etat détient ses propres numéros de titre " sur le terrain.
Source: Quotidien Mutations
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