Carrefour Djoungolo
Un homme, tronçonneuse en main, découpe le tronc d’un arbre couché au sol. Un autre se charge de ramasser les branchages et de les entasser dans un coin, tandis que d’autres, machette en main, attendent un peu plus loin. Des feuilles jonchent le sol couvert de gravats de pierres. En passant en ces lieux, il est quasi impossible de ne pas voir que quelque chose a changé dans le paysage, notamment du côté où se trouve le terrain de football.
En effet, en lançant un coup d’œil de ce côté-là, on remarque que les arbres qui bordaient la route ont tous été coupés, ne restent que les souches. "[i Nous avons commencé à abattre les arbres vendredi [23 mai dernier]. Une fois qu’on les a coupés, on les découpe et on les évacue. Un engin se chargera d’enlever les feuilles après et de les charger dans un camion pour évacuation]", explique Jean Blaise Tsenè Ambono, responsable desdits travaux. Les travaux de démolition menés ici rentrent dans le cadre de la construction d’un échangeur devant fluidifier la circulation en ces lieux et dont les travaux sont prévus pour durer deux ans.
Si la première phase, préparatoire, a permis de mieux cerner la topographie des lieux, cette phase quant à elle vise à aplanir le terrain avant les travaux proprement dits. Mais dans ce "chantier" pourtant, des commerçants, installés ici pour certains depuis de nombreuses années, ont a nouveau installé leur machine à dactylographier, leur photocopieuse etc. On se souvient qu’à la veille du 11 avril dernier, date de la pose de la première pierre marquant le début des travaux, quelques commerces avaient été détruits et les commerçants sommés de quitter les lieux par la Communauté urbaine de Yaoundé (Cuy) qui estiment qu’ils occupent "illégalement cet espace".
"Je suis là parce que je ne sais pas où aller. Lorsque les travaux vont vraiment commencer, je vais me résigner une bonne fois pour toute à quitter les lieux", avoue Francis Y, photocopieur. Un sort que tous ces "locataires du terrain" savent être le leur. Ce qui attire immanquablement le regard dans ce paysage semblable à une aire de désolation, ce sont ces gargotes, sorte de restaurants ouverts à plein air. Protégés du soleil par un large parasol, des hommes et femmes, assis sur un long banc, prennent leur repas à l’air libre, indifférents aux mesures d’hygiène. Même les ordures amoncelées à quelques mètres d’eux, la sciure volant dans les airs ou la pollution ambiante ne parvient pas à les décourager. Pire : ils semblent prendre un véritable plaisir à manger dans cet endroit insalubre, foulant ainsi au pied toutes les commodités sanitaires. Faisant le bonheur des vendeurs.
Source: Quotidien Mutations
|
