Une attitude qui ne déplaît pas aux commerçants visiblement déterminés à rattraper, par le biais de la surenchère, les manque à gagner enregistrés pendant les quatre jours de crise que vient de connaître la capitale camerounaise. Que ce soit à Mokolo, à Mvog-Mbi, ou à Essos, l’inflation déjà observée depuis plusieurs mois, a pris du galon.
Tenez, vendredi dernier au marché Acacias, il était impossible de se procurer un sac de riz de 50 kilogrammes à moins de 20.000 Fcfa. Pourtant, les jours ordinaires il faut débourser entre 14 et 15.000 Fcfa pour s’offrir la même quantité de cette denrée alimentaire. Hier dimanche, 2 février 2008, le kilogramme de maquereau doré, poisson très prisé par les Camerounais, était cédé à 1.200 Fcfa, au lieu de 1000, voire 900 Fcfa. Il y a à peine trois mois, le kilogramme de ce poisson revenait à 750 Fcfa seulement. L’air dépitée, Stéphanie Kwemo, ménagère résidant au lieu dit «Rond point Express» à Biyem-assi, confesse qu’elle a dû débourser 3.000 Fcfa hier dimanche, pour s’offrir un seau de 5 litres de tomates. Soit une trentaine de fruits, pas plus.
«Même le lot de sachets d’emballage est passé de 100 à 150 Fcfa», fait remarquer cette ménagère, habituée des couloirs du marché Mokolo où, affirme-t-elle encore, «le morceau de savon coûte [désormais] 400 Fcfa [soit une hausse de 50 Fcfa]», tandis qu’il faut débourser 250 Fcfa supplémentaires pour acheter une bouteille d’huile végétale habituellement cédée à 950 dans les marchés et à 1000 Fcfa dans le échoppes du quartier. Lesquelles échoppes n’ont pas hésité, selon des témoignages recueillis au quartier Efoulan samedi dernier, à vendre la baguette de pain à 250 Fcfa, au lieu de 150 Fcfa.
Dans cette chasse effrénée au bénéfice, les vendeuses de vivres ont simplement perdu le sens de la mesure. Au marché Acacias, par exemple, le macabo et le manioc ne se vendent plus en tas. Les vendeuses qui n’ont désormais pour seuls instruments de mesure que leurs mains servent les clients en fonction de la somme d’argent dont ils disposent. «Quels que soient la quantité et les caprices de la vendeuse, l’essentiel pour nous est d’avoir à manger», déclare, impuissante, une ménagère rencontrée au marché Mvog-Mbi. Pendant que les commerçants, eux, boivent du petit lait. Samedi dernier pendant le journal télévisé de 20h30 sur la Crtv, une commerçante d’un certain âge a confessé, sans vergogne, son envie de voir les troubles de la semaine dernière perdurer. La raison ? Elle a, en une journée, fait un bénéfice de 10.000 Fcfa en vendant des légumes. Ce qui, a-t-elle avoué, ne lui était jamais arrivé par le passé.
Source: Quotidien Mutations
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