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Les "benskinneurs" se shootent au Tramol
(07/04/2009)
Ce produit euphorisant est consommé par les conducteurs de motos-taxis dans le grand-Nord du Cameroun.
Par Claudia Engouté (Quotidien Mutations)
Les conducteurs de moto-taxis se droguent presque tous au tramol dans le grand nord.
Les conducteurs de moto-taxis se droguent presque tous au tramol dans le grand nord.
A la seule évocation de ce fameux produit, le conducteur de moto-taxi face au reporter de Mutations, esquisse un petit sourire. " Quelle question ! s'exclame t-il. Je connais très bien le Tramol, mais je n'en consomme pas. Du moins, je n'en consomme plus ", révèle-t-il, une heure après qu'on ait effectué le tour des points de vente de ce produit et rencontré de nombreux consommateurs Requérant l'anonymat, le benskinnneur accepte cependant le rôle de guide.

Notre interlocuteur relate ses mésaventures passées après la consommation de cette drogue : " La dernière fois que j'ai consommé le Tramol a failli être fatal pour moi. J'étais ivre mort. J'ai bousillé ma moto, j'ai fait de la peine à tout le monde, à ma maman surtout. Ce n'est que trois jours plus tard que j'avais pris connaissance des dégâts que j'avais causés ; j'avais alors décidé de ne plus en consommer " Mais il est resté proche du milieu des consommateurs. Au centre commercial de Ngaoundéré, l'un des principaux points où circule le Tramol, l'étranger ne peut s'imaginer ce qui se trame autour des verres de thé. Des centaines de comprimés de cette drogue y sont consommés toute la journée durant. Autour des tasses de chaï, le thé local, une dizaine de jeunes gens prennent leur petit déjeuner agrémenté de Tramol. Ils sont pour la plupart des conducteurs de motos-taxis. Ils mettent ces comprimés dans leurs tasses. " C'est le quotidien ici ", souffle notre guide qui échange en foufouldé avec ses amis. L'un d'eux acceptera de nous conduire dans le fief du Tramol. " Issa Longuè Longuè, c'est comme ça qu'on m'appelle ici. La contrepartie de mes confidences sera que vous m'achetiez quelques comprimés. " Exige t-il.

Cap vers le grand marché. Les magasins sont en bordure de route. Dans les étals, des téléphones portables, des pneus de rechange et autres accessoires de voitures. Le dealer est réticent. Mais quelques civilités plus tard et il peut enfin accepter de se livrer. Il sort de son magasin un sachet noir contenant des dizaines de comprimés : " Je suis grossiste et détaillant. Je vais moi-même au Nigeria acheter ma marchandise. " A peine aura-t-il achevé sa phrase qu'un client gare son engin et lui murmure quelques paroles en foufouldé : " Hokam mbaï, waï " (donne-moi le manioc, mon gars). Mbaï est le mot de passe, le manioc ici étant réputé procurer de la vigueur à l'homme.

Conséquences

Le vendeur sort du sachet une plaquette de cinq comprimés, mais n'en donnera que deux à son client. Contre une pièce de 50 francs. "Quand je vais faire mes achats au Nigeria, j'achète le Tramol pour 200 à 300.000 Fcfa, et je fais des recettes de 20 à 30.000 francs par jour", raconte notre dealer, qui précise que la marchandise est acheminée sur le territoire camerounais par des motos qui empruntent des voies de contournement. D'autres importateurs la dissimulent soigneusement dans des camions ou des véhicules personnels. Comme Issa Longuè, le prétexte que les consommateurs de Tramol brandissent est celui de l'entrain et de la résistance à la tâche. " On peut travailler pendant des heures sans être fatigué. Je prends 45 comprimés par jour, par vague de 10 toutes les 3 heures. Cela me permet de travailler pendant deux jours et deux nuits d'affilée. Comme effets secondaires, Longuè Longuè confie qu'il a une perte d'appétit et qu'il boit beaucoup d'eau ".

Ce contre quoi le Dr Wandji met en garde : " Ce médicament, qui n'est pas un générique, est d'origine douteuse et sa prise régulière peut entraîner une overdose. Son équivalent en pharmacie est le Trabar, fait à base de Tramadol qui est un analgésique, vendu uniquement sur ordonnance médicale. Le Trabar est également très consommé ces derniers temps, sans doute ont-ils découvert son action euphorisante… "

Selon le commissaire central de Ngaoundéré, Joseph Temde, la prise de cette drogue est à l'origine de multiples accidents dans la ville et non des crimes crapuleux, comme certains le prétendent. Des actions de répression d'envergure n'ont malheureusement pas encore été pri pour lutter contre le fléau.


Source: Quotidien Mutations


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