600, 550 et 380 Fcfa. Tels sont, depuis le 1er février dernier, les prix officiels du super, du gasoil et du pétrole lampant dans les stations services du Cameroun. Ces nouveaux prix sont le fruit de la dernière hausse des prix des produits pétroliers, gymnastique à laquelle la caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (Csph) a habitué les Camerounais depuis fin 2005. Cependant, pour Dynamique citoyenne, un réseau de près de 300 organisations de la société civile camerounaise, ces prix, jugés prohibitifs sont «un facteur de renchérissement de la vie au Cameroun". Ainsi s’exprimait Jean Marc Bikoko, membre de la coordination nationale de Dynamique citoyenne. C’était le vendredi 8 décembre 2006, au cours d’une conférence de presse organisée à la chambre d’Agriculture de Yaoundé, à l’occasion d’une "journée de mobilisation pour la baisse des prix des produits pétroliers" sur l’étendue du territoire camerounais.
Cette organisation soutient, en effet, qu’il est possible de vendre le super à 405 Fcfa, au lieu de 600 Fcfa (soit une baisse substantielle de 175 Fcfa) ; le pétrole lampant à 217 Fcfa, au lieu de 380 Fcfa (soit une baisse de 183 Fcfa) ; et le gasoil à 405 Fcfa, au lieu de 550 Fcfa (soit une baisse de 145 Fcfa). Pour soutenir son point de vue, Dynamique citoyenne propose la révision de la structure des prix actuellement en vigueur au Cameroun, dont quelques uns des 25 postes sont, selon cette organisation, soit injustifiés, soit surévalués.
Il en est ainsi, par exemple, du 8ème poste dénommé "taxe spéciale", dont le poids dans le prix de détail du super est de 120 Fcfa. "Nous avons demandé à la Csph ce que signifiait la taxe spéciale. Ils nous ont dit que cette taxe permettait au gouvernement de résoudre certains problèmes. On a appris que sur les 120 Fcfa, 40 Fcfa sont affectés au fonds routier, et que 29,41 Fcfa servaient à subventionner le pétrole lampant consommé par la majorité des pauvres. Mais, personne n’a pu justifier la destination des 50,59 Fcfa restants", explique Jean Marc Bikoko. Aussi, Dynamique citoyenne propose-t-elle que cette taxe spéciale soit réduite à 69,41 Fcfa, les 50,59 Fcfa supplémentaires étant injustifiés.
Dans le même ordre d’idées, cette association propose la réduction de la Tva [taxe sur la valeur ajoutée] sur les produits pétroliers, qui constitue le 3ème poste de la structure des prix usitée par la Csph. En effet, explique Dynamique citoyenne, cette taxe est calculée en incluant les droits de douane dans le prix du produit. Ce qui contribue à la rendre un peu plus élevée. Cette Tva, dont le poids actuel sur le prix du super est de 37,06 Fcfa, contre 40 Fcfa pour le gasoil, "doit être calculée à l’exclusion des droits de douane", soutient Jean Marc Bikoko, qui ajoute que la formule de calcul proposée par Dynamique citoyenne ramènera cette Tva à 34 Fcfa pour le super et le gasoil (le pétrole étant exempté de cet impôt). Soit une baisse de 3 et 4 Fcfa respectivement.
"Prime à la mauvaise gestion"
S’agissant toujours de la Tva, Dynamique citoyenne fait remarquer que la structure des prix actuellement en vigueur prend en compte six Tva sur le super. Il s’agit des Tva sur le produit (37 Fcfa), sur le cabotage (1,31 Fcfa), sur la redevance portuaire (0,46 Fcfa), sur le passage dépôt (1,62 Fcfa), sur la distribution (2,5 Fcfa) et sur la livraison (1,54 Fcfa). Au total, sur le prix de détail du super, les différentes Tva représentent près de 45 Fcfa. Pour les responsables de Dynamique citoyenne, cette démultiplication de la Tva "ne se justifie pas économiquement" et doit simplement être supprimée. Il en va de même pour le poste 13 intitulé "réaménagement dépôt Nsam", dont le coût supporté par le consommateur qui achète un litre de super, de gasoil ou de pétrole, est de 2,36 Fcfa. Cette taxe avait été instaurée, il y a huit ans, pour réaménager le site de la Scdp [Société camerounaise des dépôts pétroliers] du quartier Nsam, à Yaoundé, qui avait été ravagé par un incendie le 14 février 1998. "On va imposer cette taxe au consommateur jusqu’à quand?" s’interroge Jean Marc Bikoko.
A supprimer également de la structure des prix des produits pétroliers, soutient encore Dynamique citoyenne, les postes 19 et 25 respectivement intitulés "bénéfice (9,19 Fcfa) [puis] marge revendeur (15 Fcfa)". "Dans un secteur libéralisé, on ne peut garantir ni bénéfice, ni marge aux opérateurs. La régulation devrait se faire par la simple loi du marché et les stratégies des différents opérateurs", peut-on lire sur le document d’analyse de Dynamique citoyenne. Qui ajoute que des rubriques telles que "le fonds de lutte contre la fraude" (0,27 Fcfa sur le prix du litre de super), l’amortissement et l’entretien des équipements appartenant aux opérateurs du secteur pétrolier (0,86 Fcfa) et "l’ajustement économique" (33 Fcfa), sorte de soutien du consommateur au fonctionnement de la Société nationale de raffinage ["prime à la mauvaise gestion", selon Dynamique citoyenne], doivent toutes êtres supprimées de la structure des prix, parce qu’elles sont toutes injustifiées.
Source: Quotidien Mutations
|