En quelques mois, une valse de manifestations brutales a secoué plusieurs pays pauvres dans le monde entier. La population est descendu dans la rue pour revendiquer une chose : La fin de la vie chère !
Par Jean Biangue Tinda
Plus de 40 morts au cameroun, des dizaines de morts au Haiti, Sénégal, Burkina Faso, Mauritanie. Tous ces morts sont intervenus suite aux actions brutales des policiers vis à vis des manifestants qui voient désormais leur vie en danger s´il n´y a pas de changements radicaux dans leur pouvoir d´achat de vivres. Et avec raison !
En effet , suite à plusieurs raisons, les pays en voie de développement sont désormais menacés par le spectre de la faim et de l´instabilité sociale. Ce n´est personne d´autre que Dominique Strauss-Kahn, le président du fond monétaire international, qui a lancé ce message lors d´une rencontre officielle annuelle de l´organisation internationale. "Des centaines de milliers vont mourrir de famine et les efforts de développement de plusieurs pays seront complêtement détruits".
Une vision qui fait froid au dos. Une vision dont les effets sont de plus en plus ressentis par les ménagères du cameroun et de plusieurs pays africains lorsqu´elles regardent le contenu de leur panier après les achats de la journée.
A qui la faute ?
Tous les regards des experts se tournent en grande partie vers la production des nouveaux bio-carburants, provenant des plantes qui servent dans plusieurs pays comme nouriture. Depuis que l´on peut produire du carburant à partir du mais , de la canne à sucre ou de l´huile de palme, le marché mondial a changé dramatiquement dans ce secteur. La majorité des plantes est exportées vers les pays occidentaux qui "volent" à la ménagère africaine des produits qui devaient nourrir sa petite famille. La globalisation, Le capitalisme sauvage, la corruption et le manque d´une politique visionnaire de régulation des exportations de ces plantes ont des conséquences catastrophiques sur la quantité de nouriture disponible dans les marchés africains. Conséquence ? Inflation. Les prix grimpent de 80 % suivant les derniers chiffres du FMI.
Un autre raison se trouve dans le changement climatique qui est l´une de causes principales des mauvaises récoltes dans plusieurs pays en voie de développement.
Une troisième raison se trouve dans la régulation des marchés internationaux où les pays en voie de développement sont marginalisés dans l´exportation de leurs produits vers les pays riches. L´union européene par exemple fait un blocage complêt quant à l´importation de plusieurs produits venant de l´afrique, mais veulent en même temps exporter vers ces pays sans conditions.
C´est d´ailleurs la raison pour laquelle Robert Zoellick, le chef de la banque mondiale indexe les grand pays industriels comme premiers responsables des calamités qui menacent les pays pauvres et la paix dans le monde.
Comment sauver ces peuples d´une faim certaine ?
Joachim Preuß, le secrétaire général de l´organisme Welthungerhilfe e. V , qui lutte contre la famine dans le monde, exige une augmentation du soutien financier mondial pour les projets agricoles, alors que Robert Zoellick exige des meilleures conditions et plus de libertés dans le commerce international.
Et les concernés ?
Si les décisions sont prises au niveau international pour augmenter la production agricole dans les pays pauvres ou pour faciliter l´exportation des produits africains vers l´occident, il faudra s´assurer impérativement que ces fonds ne finissent pas dans les poches de détourneurs de fonds publics, car le problème ne sera pas résolu , ce qui entrainera sûrement des tensions sociales. La corruption et les détournements sont deux des fléaux qui bloquent le développement sain des pays africains. On ne peut qu´encourager la séverité avec laquelle certains de ces pays comme le cameroun, engagent dans le combat contre ces fléaux car il y va de la survie de tout ce qui a connu une croissance dans ces pays ces dernières dizaines d´années.Les fonds doivent impérativement être utilisés par les paysans pour augmenter leur production agricole.
Et si les pays industriels refusent d´ouvrir leurs marchés ? Faut il se croiser les bras et tendre la main ? Non. La fermeture des marchés des pays occidentaux est une injustice commerciale et la survie des pays en voie de développement est sérieusement menacée. Ces pays doivent désormais prendre leur devenir économique très au sérieux et regrouper leurs énergies afin de trouver des outils de presssion pouvant forcer aux pays industriels d ouvrir leurs marchés aux produits africains.
Par ailleurs , il est grand temps pour les pays en voie de développement d´entamer leur révolution agricole. Il doivent se concerter et développer des programmes agricoles de grandes envergures avec une distribution dans la sous région. Le potentiel agricole des pays africains est énorme, mais la production est trop orientée vers les besoins des pays industriels. cette production doit être reorientée vers les besoins des pays africains et sous régionaux. Le seul fait de faire une analyse froide des besoins agricoles des pays africains va donner des surprises et montrer des potentialités qui jusqu´ici n étaient pas pris en sérieux car toute la production agricole industrielle de ces pays était orientée, pour des raisons post coloniales aussi, vers les besoins d´autres pays et non vers leurs propres besoins. Plus que jamais, il est grand temps d´attraper le taureau par les cornes et de chercher à résoudre soi même ses problèmes pour ne pas dépendre tout le temps du bon vouloir de quelques patrons occidentaux qui peuvent à tout moment décider de laisser mourir des centaines de milliers d´africains par la famine pour preserver leurs gains et avantages commerciaux.
