Rien ne va décidément plus entre le Cameroun et la Guinée équatoriale. Après la
fermeture des frontières suite à des rapatriements massifs des Camerounais du
pays d'Obiang Nguema, le froid est encore venu gripper des relations déjà très
tièdes entre les deux pays. Objet de mésentente, l'immobilisation inexpliquée du
Rio Mbini, un bateau marchand au port autonome de Douala. C'est que cette
immobilisation cause actuellement d'importants manque à gagner, non seulement à
des opérateurs économiques camerounais (notamment aux entreprises Guinness et
CHOCOCAM), mais aussi et surtout à un certain Martinez Rodriguez, un homme
d'affaires proche du régime équato-guinéen et principal importateur de produits
camerounais de ce pays frontalier. L'affaire commence dans la semaine du 30
septembre 2009 quand un bateau battant pavillon camerounais dénommé Le Jaguar
accoste à la capitainerie du port autonome de Douala. Sa cargaison est
constituée de plusieurs Africains chassés de Guinée équatoriale. Ces « clandestins » sont accueillis par les autorités
administratives camerounaises.
Parmi eux, figurent certains dont les pays ont signé une convention avec le
Cameroun sur les questions d'immigration. Après un recensement, près de 30
autres Africains sont priés de retourner chez eux. Le préfet Okalia Bilai décide
alors de les renvoyer vers la Guinée équatoriale. Laissant Le Jaguar, il
réquisitionne un autre bateau camerounais, notamment le Rio Mbini. Mais,
expliquent l'armateur, le bateau ne peut contenir que 9 membres d'équipage et
des marchandises et de ce fait attire l'attention des autorités camerounaises
sur le danger d'une telle surcharge (27 passagers en plus).
Seulement le préfet du Wouri ne veut rien entendre et exige néanmoins que le
commandant de bord obéisse à ses ordres en excipant le prétexte qu'il faut un
navire équato-guinéen pour ramener ces expulsés vers la Guinée, malgré la
présentation de documents attestant de la camerounité du Rio Mbini ainsi que le
démontre le certificat d'immatriculation n° L-25/IS/2009. Devant
l'intransigeance du préfet, le commandant de bord et quatre membres d'équipage,
de nationalité guinéenne, refusent de prendre la mer. Ce qui leur vaudra
après le rapatriement des refoulés dans leur pays d'origine, selon certaines
sources, une garde à vue administrative au commissariat spécial du port sur
ordre du préfet du Wouri.Plus d'un mois après cet incident, le navire est toujours immobilisé.
Les
opérateurs économiques qui l'utilisent pour leurs opérations ne savent plus à
quel saint se vouer. « On
ne peut pas savoir ce que représente pour nous un mois d'immobilisation d'un
navire. Moi personnellement, j'ai perdu déjà près de 860 millions Fcfa depuis le
début de cette affaire et si on va regarder les pertes des autres opérateurs de
la Guinée équatoriale et du Cameroun, on peut estimer les pertes à plus de
5 milliards de francs. C'est triste. C'est un grand handicap pour nous et pour
l'économie du pays tout entier »,
se lamente M. Tazou S, trouvé au port. Selon des sources informées, le navire
aurait même été arraisonné le 13 novembre malgré une attestation d'appareiller
délivrée par la capitainerie du port, sur ordre du préfet du Wouri dont les
mobiles restent difficiles à cerner.
Vers un incident diplomatique
En attendant qu'une solution soit trouvée à cette situation, l'économie
de la Guinée équatoriale paye un lourd tribut car le principal importateur de ce
pays, un certain Martinez Rodriguez, utilisait le Rio Mbini pour le transport de
diverses marchandises destinées à la consommation locale : bière, chocolat,
pates alimentaires et d'autres produits de première nécessité importés du
Cameroun. On parle d'un chiffre d'affaires annuel estimé à environ 2 milliards
Fcfa en termes d'exportation du Cameroun vers la Guinée équatoriale qui est
ainsi compromis.
C'est pour essayer de résoudre ce problème que les conseils de
l'armateur, Assistance maritime international (AMI) vient de saisir le ministre
de l'Administration territoriale et de la décentralisation d'un recours
administratif pour solliciter son intervention afin de lever l'interdiction
verbale d'appareiller qui frappe le Rio Mbini. Mais l'incident diplomatique
entre les deux pays n'est plus loin car selon des sources informées, les
autorités de Malabo auraient déjà saisi le Cameroun à travers le ministère des
Relations extérieures pour résoudre cette affaire. Du côté des autorités de la
ville de Douala et du commissariat du port, aucune information ne filtre pour
justifier cette immobilisation du Rio Mbini, c'est le black out total. Aucune
information ne filtre.
Source :
Le Messager
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