L’ancien ministre de l’Economie et des finances du Cameroun, affirme qu’il ne peut pas s’opposer à une institution comme la police.
Par Marlyse Sibatcheu
Le Messager d’hier, lundi 24 mars 2008, a publié un article sous le titre “ Opération Epervier : Abah Abah résiste à la police.” Le texte affirmait que des policiers envoyés jeudi dernier prendre le passeport diplomatique de l’ex-ministre de l’Economie et des finances sont rentrés bredouilles. Nous avons reçu de nombreux appels : certains pour demander pourquoi l’on cherche absolument des problèmes là où il n’y en a pas, d’autres pour féliciter le gouvernement de s’intéresser enfin sérieusement au cas Abah Abah. Mais le plus intéressant, probablement, aura été l’intervention de l’ancien ministre de l’Economie et des finances en personne.
D’entrée, il fait une clarification : “ Ce qui m’embête c’est que je suis présenté aux yeux du public comme un rebelle ; quelqu’un qui n’est pas respectueux des institutions. Or je suis effectivement respectueux des institutions de la République. La police est une institution et je n’oserais pas m’opposer à elle si elle agit dans le cadre de ses missions légales ou réglementaires. Je tiens à préciser qu’il n’y a pas eu d’accrochage entre la police et moi. ” Au sujet du document que la police était supposée allée chercher, il affirme : “ Je n’ai plus de passeport diplomatique ; il est entre les mains de la police. ” Seuls les ministres en fonction y ont en effet droit. Dès que le membre du gouvernement est déchargé, il doit le remettre aux autorités compétentes.
A en croire l’ancien ministre de l’Economie…, le sien aurait déjà été retiré – depuis longtemps – par les soins du directeur adjoint de la police des frontières et du délégué provincial de la Sûreté nationale pour le Centre. Que l’on envoie des policiers chercher ce document, Polycarpe Abah Abah estime qu’il s’agit des manœuvres de diversion de la police pour détourner l’attention des vraies préoccupations. Actuellement, il n’y a pas encore de plainte au parquet contre l’ancien ministre. Il n’a non plus fait l’objet d’un contrôle supérieur de l’Etat compromettant.
Des éléments de base qui pourraient conduire à une interpellation en bonne et due forme dans un Etat de droit. Polycarpe Abah Abah estime que les sources policières citées sont suspectes. “ Il faut que les gens aient le courage et l’honnêteté d’assumer leurs responsabilités au lieu de trouver des boucs émissaires à leurs échecs ”, affirme-t-il.
Cette déclaration énigmatique pourrait bien se comprendre dans le contexte sociopolitique actuel comme un reproche à la police camerounaise qui, selon certains observateurs, n’a pas été à la hauteur de la tâche par rapport aux émeutes de fin février dernier. Toute action un peu zélée ou osée de la délégation générale à la Sûreté nationale est perçue comme étant une manœuvre pour faire oublier l’échec des forces de police. L’odeur de remaniement ministériel qui parfume la capitale est un ingrédient nécessaire à la compréhension des coups que certains acteurs de la vie politique pourraient se donner au-dessous de la ceinture.
Au milieu de ce bouillonnent, l’ancien Minefi affirme qu’il est toujours chez lui à Yaoundé depuis sa sortie du gouvernement. En attendant, la rumeur court.