Il y avait foule au dépôt des Cimenteries du Cameroun (Cimencam) de la gare de Mvolyé hier mardi, 12 février 2008.
"Je fais les tours ici depuis jeudi dernier [7 février 2008] et je ne suis pas toujours satisfait", se plaint un usager avant de préciser la procédure qui a cours depuis quelques jours dans ce dépôt situé à proximité de la gare de Mvolyé. "Lorsque vous arrivez, vous vous faites enregistrer et vous allez attendre que le vigile vous appelle. Après quoi vous présentez votre carte grise, payez votre facture et vous dirigez vers le magasin pour réceptionner votre commande".
Une commande qui n’est plus entièrement satisfaite depuis quelques jours eu égard à la rareté du produit observée dans la capitale depuis au moins une semaine. "Nous nous sommes laissés dire que chaque acheteur recevrait la tonne minimale [c’est à dire 20 sacs de 50 kilogrammes] que l’on sert ici parce qu’il n’y a pas assez de ciment", se plaint un propriétaire de quincaillerie dans la capitale, qui a sollicité une livraison de 100 sacs de 50 kg pour satisfaire une clientèle qu’il dit de plus en plus nombreuse ces jours-ci. Laquelle clientèle est souvent obligée de débourser pas moins de 7.000 Fcfa dans certaines quincailleries de la capitale, pour entrer en possession d’un sac dont le prix officiel est de 5.070 Fcfa.
Cette situation qui est loin de plaire aux uns et aux autres dans la mesure où "les clients sont devenus moins compréhensifs. Vous avez beau leur expliquer que ce n’est pas votre faute à vous si le ciment se raréfie, ils ne vous croient pas et estiment que vous gardez des stocks en vue de créer la rareté pour les vendre au prix fort par la suite. Si d’autres le font, ce n’est pas mon cas", se défend un quincaillier au moment où s’ouvre la porte du magasin de distribution du dépôt Cimencam de la gare de Yaoundé.
Dans la grande cour, de nombreux véhicules sont en attente de ravitaillement sous le soleil. Il y a là des cylindrées rutilantes qui côtoient des guimbardes qui ne manquent pas de pétarader à l’occasion. A l’arrière du magasin pourtant, les employés s’activent pour satisfaire les clients qui ont été admis.
1500 tonnes
Dans les rangs qui se sont formés, des usagers guettent chaque ouverture de la porte bouche une sorte d’escalier de service et par lequel le vigile ou un préposé de Cimencam vient communiquer, voire éructer les noms des usagers prêts à être servis.
Et à chaque fois ou presque, certains appelés, certainement las d’avoir trop attendu, sont aux abonnés absents. "Il faut les comprendre, tente d’expliquer l’un des usagers. Il y en a qui viennent dès 3h du matin parce qu’ils espèrent ainsi être rapidement servis. Mais c’est sans compter avec la forte demande. C’est vraiment de l’esclavage. Les Français [le groupe Lafarge qui à travers Cimencam est jusqu’à présent le seul acteur sur le marché du ciment, malgré la libéralisation intervenue il y a quelque semaines, appartient aux Français] ne cesseront jamais de nous ridiculiser dans notre propre pays", s’exclame un acheteur dépassé. Lequel client n’abdique cependant pas, attendant religieusement son tour d’être convié au magasin.
Un autre acheteur ne manque pas de se demander "combien de temps va durer ce cirque". A Cimencam, une source interne indique cependant que la société continue d’assurer le ravitaillement de la capitale à hauteur de 1500 tonnes de ciment par jour, comme promis au ministre du Commerce au cours de sa dernière descente à l’usine de douala suite à la dernière pénurie. "Il nous est revenu que des camions disparaissent au niveau du péage de Mbankomo", soutient la même source, qui met ainsi la pénurie actuelle sur le compte des distributeurs qui changent de lieu de débarquement de leurs marchandises en cours de route.
Source: Quotidien Mutations
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