Henri Eyebe Ayissi
"...Je suis heureux que Monatélé et Evodoula n’aient pas été emportés par ces flots particulièrement troubles. Pour éviter toute surprise, je vous demande de rester vigilant. Je vous engage dans le même temps à la lutte politique car, l’élection présidentielle arrive. Elle exige de nous qu’on reconduise le président Paul Biya". A Monatélé comme à Evodoula, cet appel en langue locale du ministre des Relations extérieures et délégué du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) auprès de la section de Lékié Ouest, Henri Eyebe Ayissi, a été accueilli par un tonnerre d’applaudissements.
D’autant que M. Eyebe Ayissi se félicite d’avoir, avec ses camarades, initié grâce à l’appel lancé dans le même cadre à Monatélé, le 06 novembre 2007, l’idée de la révision constitutionnelle. Lui qu’on présente comme celui qui est toujours porteur d’un message. En guise d’explication aux militants présents, le Minrex a soutenu que, "réviser la constitution en appliquant ses positions pertinentes sur ce point, c’est, pour le président de la République, en garantir le respect, conformément au devoir qui lui incombe selon les termes mêmes de cette constitution".
Sur la même lancée, Henri Eyebe Ayissi a tenu à expliquer pourquoi la révision doit se faire par voie parlementaire par opposition à la voie référendaire. "Elus par le peuple, les députés à l’Assemblée nationale représentent ce peuple et ont qualité pour se prononcer valablement en son nom, à la majorité requise des 2/3, pour l’adoption de projets de lois les plus importants".
En d’autres termes, il prend le contre-pied de l’analyse d’autres juristes et constitutionnalistes faisant valoir que la première voie consultative prévue par les textes en matière de révision constitutionnelle, est celle référendaire. Et à ce propos, au cours des deux meetings qu’il a présidés à l’occasion de la commémoration des 23 ans du Rdpc, le Minrex s’est voulu ferme: "Je tiens ici à rappeler que je parle à la fois comme ministre des Relations extérieures et comme chef de la délégation du Rdpc pour dire aux partenaires du Cameroun oui aux conseils et au partage des expériences émanant des partenaires et amis du Cameroun. Oui à une large consultation des citoyens et experts camerounais, voire des partenaires et amis du Cameroun en question (…) Non au diktat et à toute propension à imposer au Cameroun un prêt-à-porter institutionnel. Le Cameroun dit non à la camisole de force des modèles importés…"
Revenant sur la récente crise sociale dont le gouvernement persiste à dire qu’elle est le fait d’une déstabilisation dont les jeunes n’auront été que des instruments, Henri Eyebe Ayissi a soutenu que le Cameroun dit non " à la surenchère éventuelle sur une déstabilisation volontaire des autorités établies et des institutions démocratiques de l’Etat du Cameroun, en cas d’option, par le président de la République, d’une révision de la constitution tendant à proposer la suppression de la limitation des mandats pour la fonction de président de la République". Un message salué par des applaudissements nourris et de nombreux cris d’approbation d’une foule particulièrement euphorique. D’où le sentiment qu’une élection présidentielle anticipée est en vue.
Divers autres responsables du Rdpc ont pris la parole lundi, 24 mars dernier à Monatélé avant le Minrex. Parmi eux, le président de la section Rdpc de Lékié Ouest, Max Ayina Ohandja qui a appelé ses camarades à soutenir plus que par le passé Paul Biya qui, seul doit continuer à diriger le Cameroun. Le président des jeunes du Rdpc, Urbain Ayissi Azomo a appelé à la mobilisation générale des hommes, femmes et jeunes du parti. Il a par ailleurs insisté sur l’abandon des jeunes par leurs aînés pour justifier le désarroi et la mal-vie de cette tranche de la population.
Interpellant les dirigeants du parti, M. Ayissi Azomo a exprimé l’appréhension des jeunes du Rdpc de cette section qui s’estiment abandonnés. Comme par ailleurs les femmes généralement ignorées de leurs camarades mâles le 08 mars à l’occasion de la journée de la femme. De son côté, Julienne Bekolo a souhaité que la constitution révisée prévoit un quota dans toutes les élections en faveur des femmes. Une manière de rappeler qu’aucune femme n’a récemment été élue ni dans un exécutif municipal de cette circonscription politique, ni à l’Assemblée nationale.
Source: Quotidien Mutations
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