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La santé se dégrade au Cameroun
(15/03/2008)
Sophie De Caen confie sa gêne quant à la trop grande importance donnée au protocole au Cameroun et à cette énergie gaspillée pour paraître.
Par Junior Binyam

C'est en toute décontraction qu'elle reçoit dans son bureau en ce lundi 10 mars 2008. A deux jours de son départ du Cameroun, après trois années passées comme coordinatrice du système des Nations Unies et représentante résidente du programme des Nations Unies pour le développement, Pnud.

Alternant français et anglais, la canadienne a permis d'admirer une fois encore sa parfaite maîtrise de ces deux langues qui ont permis son adaptation rapide a Cameroun. Les chantiers laissés en suspens sont nombreux et de sa nouvelle position en tant que directrice du fonds des Objectifs du millénaire pour le développement à l'Onu, elle oeuvrera certainement pour que le Cameroun, à défaut d'atteindre ces objectifs en 2015 avance de manière plus significative d'ici à là.


Quel bilan vous faites de votre passage au Cameroun?
Quand je regarde les trois dernières années, je vois qu'il y a eu beaucoup de défis par rapport à mon travail et il y a beaucoup de points positifs. Je crois qu'au niveau du système des Nations unies, nous sommes dix-sept agences, et nous avons ensemble, avec le gouvernement, signé notre cadre de partenariat l'année passée pour la période 2008-2012. Du côté des objectifs du millénaire pour le développement, le bilan est mitigé pour l'instant. Nous avons certains objectifs d'éducation pour tous où il y a une amélioration. Nous en sommes à près de 80% pour l'enregistrement des enfants dans les écoles primaires. Dans certaines provinces, telles que l'Extrême-nord le taux de scolarisation des filles dans le primaire est encore à 50%.

Quels sont les objectifs qui ont été les plus difficiles à atteindre ?
Les objectifs pour lesquels il y a eu plus de difficultés sont ceux en rapport avec la santé. Quand on regarde le taux de mortalité maternelle et infantile, on remarque une croissance. Je crois donc qu'il faut se tourner vers le gouvernement pour qu'on puisse en faire une plus grande priorité. Mais, il y a quand même un aspect positif, c'est-à-dire que le ministère de la Santé publique travaille en ce moment pour finaliser la stratégie pour la santé. Et j'espère qu'au courant de 2008, elle sera finalisée. J'aimerais aussi voir les partenaires au développement faire de la santé une priorité si on veut vraiment qu'il y ait des améliorations de ce côté-là.

Qu’en est-il de la lutte contre la corruption ?
L'autre question à laquelle je me suis attelée depuis mon arrivée ici, c'est la lutte contre corruption. Là aussi, je vois des points positifs. Nous avons ensemble à la requête du gouvernement et avec onze partenaires financé le projet "Choc" (changer d'habitude, s'opposer à la corruption. C'était quelque chose d'important parce que nous avons réussi à faire en sorte que les partenaires au développement parlent d'une voix.
C'est-à-dire qu'au lieu que chacun fasse un petit projet, ils travaillent ensemble pour appuyer le gouvernement. Dans le cadre de ce projet, nous allons non seulement travailler avec le gouvernement, mais aussi avec la société civile et le secteur privé. Je crois que c'est un début. Il y a quand même beaucoup à faire. La corruption n'est pas la seule affaire du gouvernement, on la retrouve partout au Cameroun, aussi bien dans la société civile que dans le secteur privé. Il y a énormément de sensibilisation à faire. Il y a donc des points positifs certes, mais encore des défis.

S'il y a une chose pour laquelle vous auriez souhaité rester au Cameroun par rapport à tous les chantiers que vous avez ouverts ce serait laquelle?
Il y en a deux. La première est le projet "Choc" parce qu'on ne l'a approuvé qu'en février dernier et il y a eu un démarrage un peu lent. Il y a eu des difficultés à trouver un expert pour le projet. C'est un projet très innovateur et je crois que nous avons un très bon partenaire dans les services du Premier ministre pour mettre en œuvre ce projet. Donc, j'aurais bien voulu être là pour la continuation de ce projet. L'autre reste l'évaluation des partenariats au développement. Nous avons fait l'évaluation qui a été suivie par le comité paritaire avec en tête les services du Premier ministre à qui nous avons fait beaucoup de recommandations. Maintenant, nous attendons la validation de ces recommandations qui sont en ligne avec le nouveau document de stratégie de réduction de la pauvreté. J'aurais également bien voulu être là pour mener tous ces projets.

A vous entendre parler, le Cameroun ne va pas atteindre d'ici à 2015 les objectifs du millénaire pour le développement. Quand vous regardez les autres pays africains, où situez-vous le Cameroun en prenant les secteurs prioritaires que vous avez vous-mêmes énumérés?
En général, le Cameroun se situe dans la moyenne si je ne me trompe pas. Au niveau de la santé, le Cameroun est vers le bas. Parce qu'au lieu de s'améliorer, le niveau s'est dégradé. Par contre, au niveau de l'éducation il y a une nette amélioration. C'est nettement mieux qu'une bonne partie des pays. Il y a quand même des pays qui sont nettement mieux structurés que le Cameroun, en matière de genre si on prend le cas du Rwanda où il y a plus de 50% de femmes parlementaires. Il y a aussi du chemin à faire en ce qui concerne l'accès à l'eau potable. Et s'il fallait comparer aux autres pays, le Cameroun est peut-être au milieu. Quoi qu'il n'atteindra peut-être pas les cibles prévues pour 2015, il y a encore le temps de faire une amélioration. Il convient donc que le Cameroun regarde et dise voici ce qu'on peut faire pour améliorer les choses.

Au moment où vous quittez le Cameroun, s'il vous était demandé d'émettre un avis sur les priorités du gouvernement aujourd'hui, qu'est-ce que vous retiendrez ?
Pour moi le plus grand obstacle reste la corruption. Elle a un impact négatif sur le climat des affaires, l'exécution transparente des projets. J'en ferais une priorité. Quand je regarde côté développement, je trouve qu'il y a encore énormément des choses encore à faire. La santé serait aussi un secteur prioritaire.

Pour revenir au domaine de la gouvernance que le Pnud accompagne notamment à travers un appui apporté au Programme national de gouvernance (Png). Pensez-vous que la gouvernance s'est améliorée au Cameroun?
Le Pnud a appuyé le gouvernement pour la préparation du deuxième Png 2006-2010 et puis nous avons accompagné le gouvernement dans la mise en œuvre de certaines composantes du Png. Dans les domaines tels que la réforme électorale, la lutte contre la corruption, la question des droits de l'homme. Quand je regarde la réforme électorale, je crois qu'avec l'informatisation du fichier électoral, on a fait une amélioration. Maintenant, il faut regarder comment ça c'est passé lors des dernières élections, tirer les leçons et voir ce qui n'a pas marché pour améliorer le système parce qu'il n'y a pas encore assez de citoyens camerounais qui une fois enregistrés vont voter. Je crois qu'à ce niveau, il y a encore du chemin à faire. Elecam va bientôt voir le jour, nous le souhaitons, et nous espérons qu'il y aura une amélioration au niveau de l'inscription sur les listes.

Des organes ont tout de même été créés pour lutter contre la corruption...
Quand on regarde la lutte contre la corruption, la Conac est silencieuse jusqu'au jour d'aujourd'hui et je crois qu'il y a là lieu de revoir son fonctionnement. Il faut qu'elle soit beaucoup plus présente dans les débats concernant la lutte contre la corruption. Dans le domaine des droits de l'homme, c'est plus positif de voir que le gouvernement à travers le ministère de la Justice s'emploie à leur mise en œuvre. En plus, je pense que le Png est un très bon document qui fait un état de la gouvernance au Cameroun et de ce qui est prévu pour les cinq prochaines années. Je crois qu'on pourrait voir une amélioration au niveau de la coordination du Png. Quant à la gestion financière, il y a encore beaucoup de choses à faire pour que le gouvernement ait plus d'institutions pour assurer la transparence et la comptabilité des fonds.

Le Cameroun a connu entre les 25 et 28 février 2008 des émeutes sociales dans les principales villes avec des revendications sur la vie chère et une opposition à la perspective d'une révision de la Constitution. Avez-vous des inquiétudes pour le pays que vous quittez, au regard de tout ce qui précède?
Quand on regarde les événements qui ont secoué le Cameroun, ce qui est important pour la perspective des Nations Unies, c'est qu'on a vu une société civile se manifester. Que ce soit les chauffeurs de taxis ou les membres de l'opposition, on a vu chacun dire ce qu'il voulait savoir. Ce qui est déjà très important d'autant plus que cela a suscité le débat. J'ai eu l'impression que pendant deux ou trois semaines, on a eu une meilleure sensibilisation de la population sur certaines questions.


Source: Quotidien Mutations


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