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La parole au peuple : réactions après émeutes
(09/03/2008)
Suite aux évènements qui ont bouleversé le Cameroun il y a deux semaines, Bonaberi.com est allé à la rencontre de différents acteurs de la société Camerounaise...
Par Rédaction Bonaberi.com (Eric Y. et Casimir W.)
Note de la rédaction : Suite aux évènements qui ont bouleversé notre pays il y a deux semaines, Bonaberi.com est allé à la rencontre de plusieurs acteurs, aux profils variés, de la vie sociale Camerounaise et a recueilli quelques avis. Que penser de la vie chère ? Quelle solution proposer ? Les réponses du peuple.


Achille, étudiant en sciences juridiques et politiques



©www.bonaberi.com
« Je suis sensible aux difficultés que les étudiants subissent suite à la cherté de la vie. Je comprends les jeunes qui ont fait la grève ; je pense que ce signal fort a été reçu par les autorités. Elles doivent trouver des solutions urgentes pour améliorer les conditions de vie des Camerounais. Beaucoup d’étudiants viennent constamment à la fac… à pied et d’autres n’ont pas la possibilité de se nourrir convenablement car les parents font de la débrouillardise. Le transport et la nourriture sont chers. Que le gouvernement jette un pont de dialogue permanent et constructif entre la population et lui. C’est possible, ce n’est qu’une question de volonté politique. »

Mimi "ivi", vendeuse braiseuse de poisson



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« Avant, la palette de poisson coûtait 6500 francs cfa. Aujourd’hui, c’est passé à 9500 francs cfa. Je suis obligée de faire subir aussi le coût à mes clients. C’est malheureux. Quand je braise le plus petit poisson, ça coûte 400 et le plus cher, c'est 1200. Pourtant, avant, un Camerounais avec 250 francs se tapait un bon plat de poisson chez moi. Ca ne va pas. Le maquereau qui était le poisson des « pauvres » avant n’est plus à la porté du premier venu aujourd’hui. Preuve que les produits de tous les jours ont flambé de prix. Le litre d’huile passe de 800 francs il y a quelque temps à 1200 francs par litre. Les camerounais ont raison de faire la grève. Tu vas au marché avec 10 000 francs cfa, au retour ton panier est quasiment vide. Rien d’intéressant à l’intérieur, pourtant ton porte monnaie est vide. La vie est trop chère. Le gouvernement doit tout revoir à la baisse. Je souhaite que la palette de poisson revienne à 6500 francs cfa ou 7000 francs cfa. En passant du courage à tous mes clients et au site bonaberi.com. »

Abdou, propriétaire d'un call box



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« Pour un camerounais qui fait le call box, comme moi, il fallait que cette situation de crise arrive afin que les « gens d’en haut » prennent conscience de la précarité dans laquelle les « gens d’en bas » comme nous se trouvent. Le métier que je fais donne aussi la possibilité aux démunis de faire des appels brefs et à moindre coût, c'est-à-dire 100 francs cfa par minute à l’interieur du pays. Ensuite, pour ne pas garder son portable vide, avec 250 francs cfa, il est possible de bénéficier d’un transfert de crédit de communication. Beaucoup ne peuvent pas s’acheter une carte de crédit de 1000 francs cfa. Ce qui est aussi extraordinaire est que parfois des personnes nanties et respectées garent de grosses cylindrées et n’ont aucune gêne à venir passer un appel de 100 francs. Une façon de dire qu’ils ont aussi besoin de nous. Je ne sais pas si je vais demeurer dans ça car devant moi, je ne vois pas mieux.

A près 30 ans, j’ai peur de prendre la responsabilité de fonder une famille. Je suis encore chez mes parents. C’est pénible. En gros, c’est une façon pour moi de ne plus demander l’argent des beignets le matin aux parents ou leur demander de me vêtir. Mais ambitionner plus est pour moi une illusion. Ce qui nous handicape sérieusement, c’est les taxes diverses que les agents de la mairie nous demandent tout le temps. Rendez-vous compte que pour un débrouillard comme moi, je dois payer une somme de 10850 francs cfa pour l’O.T.V.P (Occupation Temporaire de la Voie publique). C’est énorme. Pourtant, les routes ne sont pas bitumées au fond du quartier où je suis. Pour les jeunes qui ont cette volonté de se battre, nos dirigeants doivent au moins les encourager en faisant table rase sur le racket que subissent les acteurs du système « D » (débrouillardise). »


Thierry, alias "Colac", diplômé sans emploi



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« La grève de la dernière fois était légitime : la vie est trop chère au pays. Les jeunes n’ont pas d’emploi. A mon âge, je ne peux pas fonder un foyer car je n’arrive pas moi-même a me nourrir. Au moins, vous voyez que les manifestations ont fait sortir le président de sa cachette. Ici, les jeunes jonglent. On se lève le matin, on ne sait pas où l’on va. Si le hasard nous permet de trouver quelque chose qui peut nous donner même 500 francs cfa, tant mieux. Auquel cas, ça nous permet de mettre quelque chose dans la bouche. C’est cela, en fait, la précarité dans laquelle se trouve la population aujourd’hui.

Le quotidien est réellement incertain. Et vu la façon dont procèdent nos dirigeants, nous n’avons aucun espoir. Quant vous voyez les jeunes qui se jettent dans la rue et qui avancent malgré les coups de feu, il faut comprendre que la mort ne leur fait plus peur. Le chef de l’état devrait d’abord changer tous ceux qui gouvernent avec et autour de lui. Le pays a besoin de nouveaux visages. Il n y a plus aucune motivation quand ce sont les mêmes personnes qui décident de tout. A cette allure, j’ai peur que même les opérateurs économiques, à cause des tracasseries, un jour, baissent aussi les bras. Et là, ce sera le chaos total. »


Ibrahim, alias "docta", vendeur de médicaments dans la rue



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« C’est normal, la grève. Les débrouillards comme nous ne savent pas comment faire. J’ai une femme et des enfants, je suis locataire et c’est grâce à ces médicaments que j’essaie parfois, tant bien que mal, de rationner chez moi. Ma femme est obligée de se battre comme elle peut pour nourrir les enfants. Par jour, parfois, j’ai 2000 francs cfa. Je dois donner 1000 francs à ma femme, 500 francs pour mon transport (mon box est situé à 3 Kilomètres de ma maison), 500 francs cfa pour mon « manger » du jour. A la fin, je n’ai plus rien. Pas d’espoir de dire que je vais me construire un jour. C’est vrai que vendre les médicaments dans ces conditions, c'est risqué pour nous tous. Mais vous devez savoir que la majorité des camerounais n’ont pas les moyens d’aller en pharmacie où, j’en suis conscient, le service et la conservation sont meilleurs qu’ici. Ils savent que, globalement, nous faisons même le micro détail. Avec 10 francs cfa, tu peux avoir un comprimé de paracétamol qui peut soulager ta douleur.

Je fais même des injections ici. Avec la grâce du seigneur, depuis 3 ans que je fais ça, aucun client ne s’est jamais plaint du mauvais état de mes médicaments ou des conséquences néfastes de mes injections ou de mes pansements. C’est pourquoi tout le monde m’appelle « docta ». Mais dans tous les cas, sérieusement, si je trouve mieux ailleurs, je m’en vais. Les dirigeants nous asphyxient d'impôts. Je comprends pourquoi certains deviennent des délinquants et des bandits : ils sont déboussolés à cause des difficultés qu’ils rencontrent quotidiennement. Je parie que si le gouvernement ne fait rien, le désordre total n'est pas loin. »


Laure Vivianne, tenancière d'un comptoir de bonbons



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« Sincèrement c’est trop dur. Vous vous rendez compte qu’à 30 ans, on ne peut pas s’engager à faire un enfant parce qu’on n’a pas les moyens de l’élever. J’étais d’accord avec les grévistes. La jeunesse souffre beaucoup, beaucoup n’ont pas d’emploi, bon nombre sont encore chez leurs parents, qui eux même n’ont plus rien. Rien. Que les politiques pensent aussi à nous. Nous sommes aussi les camerounais comme eux. Par jour, c’est avec beaucoup d’effort que je me retrouve avec une marge bénéficiaire de 1000 francs cfa. Tout ce que je peux aussi dire aux jeunes, c'est de ne pas se décourager. La persévérance pourra payer un jour. »

Gordon, alias "Akwa", mototaximan



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« C’était normal la grève. Les choses sont trop chères. Je consomme par jour 2000 francs cfa de carburant. Quant tu travailles pour quelqu’un, tu dois verser la recette de 2500 francs cfa par jour. Parfois, tu n’as rien pour toi-même. Quand le travail tourne bien, après avoir versé la recette, tu as toi-même 1500 francs cfa ou 2000 francs cfa. les 6 francs cfa de baisse de carburant, je trouve cela comme une moquerie parce que pour économiser 100 francs cfa, il faut 17 litres ; or je consomme au plus 4 à 5 litres par jour donc j’ai besoin de 5 jours pour avoir 100 francs cfa d’économie. Par contre, si on met le carburant à 400 francs cfa, ce sera abordable. »

Mahamat, taximan



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« En ce qui me concerne, rien de spécial à dire. Je me débrouille seulement c’est dur mais je supporte. »








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