Paul Biya compte bien se représenter en 2011
On pouvait s'en douter depuis quelques temps, l'assemblée nationale a adopté le nouveau projet de loi qui supprime la limitation de mandats présidentiels au Cameroun. Sous-entendu, Paul Biya pourra se représenter en 2011.
75 ans, au pouvoir depuis 1982, l'actuel président de la République qui avait déjà terminé son deuxième septennat est donc allé au bout de son idée initiale, "écouter la voix du peuple". On se demande quelle voix du peuple il a entendue, et quand.
Selon le ministre Grégoire Owona, la révision a été adoptée avec 157 voix pour, 5 contre et 15 abstentions. Ces abstentions proviennent des députés du Sdf ont quitté la salle pour manifester leur désapprobation totale vis-à-vis de ce qu'ils ont qualifié de coup d'état constitutionnel : Essayer d'amender aujourd'hui cet article uniquement par l'Assemblée nationale équivaut à un hold-up, et nous devions marquer notre désaccord, a déclaré Joseph Barnadzem.
Des sources proches du RDPC ont par ailleurs affirmé que la durée du mandat avait été réduite à 5 ans, ce qui devrait "renforcer la démocratie" et "maintenir la stabilité politique".
D'autre part, les récentes arrestations ont jeté un flou bien perceptible dans les médias nationaux sur le timing de l'adoption de ce projet de loi; à se demander s'il ne s'agissait pas là d'un scénario politique bien orchestré par le pouvoir en place pour distraire les Camerounais pendant que des événements plus importants se préparaient dans les couloirs de l'Assemblée Nationale.
Selon le député SDF Jean Michel Nitcheu qui s'adressait à l'AFP, "le programme a été bouleversé par surprise au dernier moment. Une plénière, qui était normalement prévue demain (vendredi), a été improvisée." Des propos qui rejoignent ceux du député Jean-Jacques Ekindi, président du Mouvement Progressite, qui affirmait en fin d'après-midi, toujours au micro de l'AFP, que "tout le monde a été pris de court par ce vote anticipé."
Cette révision de la loi fondamentale Camerounaise met donc ainsi fin aux nombreuses supputations sur l'avenir du chef de l'État à la tête de notre pays à l'horizon 2011 depuis qu'il avait annoncé en Décembre dernier son intention de se maintenir au pouvoir.
Ce projet, perçu par beaucoup comme une énième tentative d'entraver la démocratie de la part du premier des Camerounais, a finalement été entériné malgré le combat mené par des nombreux activistes au Cameroun et dans le monde pour préserver ce qu'il nous restait d'acquis institutionnels.
Les appels à la résistance du chef du parti de l'opposition Ni John Fru Ndi contre cette modification de la constitution, relayée dans le journal du Messager du 9 Avril, et les mises en garde du gouvernement américain auront aussi été vains. Le chef de l'État Camerounais vient ainsi d'emprunter définitivement le dernier virage vers 2011.
Aux Camerounais, il ne restera donc plus que les urnes pour pleurer, dans une Afrique où la transparence électorale n'a visiblement pas encore connu ses beaux jours. Ce n'est pas Paul Biya qui le démentira.
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