Les éléments du commissariat du 1er arrondissement de Douala ont immédiatement été postés devant l’immeuble siège de la direction générale de la Camair. Des scellés ont été apposés sur l’entrée principale, et les vigiles de faction (appuyés par les forces du maintien de l’ordre) ont reçu des instructions assez précises : personne ne doit pénétrer dans les locaux de la direction générale de la Camair.
Hier, mercredi, les employés sont restés massés devant l’immeuble siège toute la journée. Certains employés avaient de la peine à voiler leur colère. “ Comment peut-on nous traiter de la sorte ? Nous avons tout donné à la Camair. On ne peut pas du jour au lendemain nous empêcher d’entrer dans nos bureaux. C’est de l’injustice et nous n’allons pas nous laisser faire… ”, tempête une employée. A ses côtés, un autre cadre qui dit totaliser seize années d’activité au sein de la compagnie aérienne est inquiet quant à son avenir. “ Qu’allons nous devenir ? Depuis des années que le gouvernement a décidé d’en finir avec la Camair, il n’a toujours pas présenté un véritable plan pour la réinsertion des ex employés. A l’heure où nous vous parlons, nous ne savons pas exactement ce que nous allons devenir, comment allons nous entretenir nos familles… ” En début d’après midi, les employés sont rentrés chez eux, promettant de revenir à la charge aujourd’hui.
“ Camair, c’est fini ! ”
Est-ce donc la fin de la Camair ? Ils sont nombreux à répondre par l’affirmative à cette question. Selon un syndicaliste interrogé par le reporter du Messager, jamais la situation de la Camair n’a été aussi critique. “ Au plus fort de la période de tension, il y’avait toujours une petite lueur d’espoir. Il y a eu des moments ou l’on a saisi tout ce que nous avions comme aéronef, et malgré cela, les employés gardaient leur moral de militaire, et on s’en sortait toujours. Cette fois-ci, c’est fini. La Camair c’est fini. … ” Le pessimisme de ce cadre s’explique par au moins deux faits. La Camair n’a plus de dirigeant depuis mardi dernier. Ce qui veut dire concrètement qu’il n’y a plus personne pour diriger au quotidien la structure. Bon à savoir, dans le régime d’administration provisoire, les organes de direction et de gestion d’une société sont mis entre parenthèse, et il revient à l’administrateur provisoire de prendre toute décision de gestion.
Autre raison de pessimisme, la suspension des vols long courier. Selon un cadre commercial, l’activité autour de la desserte de Paris constitue 80 voire 90% du temps de travail des employés de la Camair. “ Maintenant que l’on ne peut plus se déployer à l’international, il est évident que nous nous tournons les pouces. En réalité, depuis que l’on a pris la décision de ne plus faire voler le Dja, nous sommes au chômage. Et c’était un prélude de la fin de la Camair… ”, explique cette source. La fin du mandat de Paul Ngamo Hamani intervient quelques jours seulement après que la présidence de la République a décidé d’un arrêt des activités du Boeing 767-300. En plus de la suspension des lignes internationales, les vols de la Camair à l’intérieur du pays connaissent de plus en plus des perturbations.
Au moment ou nous allions sous presse, nous avons appris d’une source proche de la compagnie aérienne que même les vols domestiques seraient suspendus. L’on peut alors soutenir que la Camair a enfin atterri, pour ne plus décoller… Mais on attend Camair co.
Source: Le Messager
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