La basilique de Mvolyé dédiée à Marie a coûté 4 milliards
Au-delà delà la manifestation de foi de ses concepteurs, l'ouvrage représente en lui-même tout le gigantisme dont ils ont su faire montre. Au début de l'année 1990, l'ancienne cathédrale de Mvolyé, construite par Mgr Henri Vieter, va être détruite, sur instruction de Mgr Jean Zoa, archevêque de Yaoundé, en vue de la construction de ce qui était appelé alors le sanctuaire marial. Projet gigantesque à l'époque, iconoclaste à souhait, presqu'irréaliste, qui n'a pas manqué de soulever quelques polémiques au sein même de l'église catholique.
Matériau local
Subtil alliage de bois, de métal et de pierre, l'utilisation du ciment n'ayant été qu'en cas d'absolue nécessité, l'édifice sublime ainsi un matériau local pourtant disponible, que l'on n'utilise que dans le bâtiment très parcimonieusement. Du bois, toutes espèces précieuses des forêts camerounaises, 1 250 mètres cubes de bubinga et 200 mètres cubes de moabi, ont servi respectivement pour les voûtes, la charpente et l'essentiel du mobilier. Du bronze et du cuivre, pour les tableaux plus grand que nature, en rajoutent à cette insolence architecturale. Aujourd'hui, le simple promeneur ou le pèlerin, habitué à l'austérité des églises, ne peuvent qu'être séduits par l'exubérance de ce lieu de prière. La basilique ressemble davantage à un monument, au propre et au figuré, non seulement pour le symbolisme qu'elle représente pour les chrétiens catholiques du Cameroun, mais aussi et surtout, pour cette architecture très osée : une espèce de coupole, semblable à un amphithéâtre, supportée par douze immenses poteaux de béton, à l'intérieur de laquelle quatre mille personnes peuvent trouver une place assise par les quatre grandes portes, en plus de la porte sainte que l'on ouvre spécialement un mois avant la fête de Noël, et que l'on referme à l'Epiphanie.
La toiture est un ensemble de deux voutes jumelles de zinc, dont celle arrière supplante celle avant de 50 mètres. Des vitaux en mosaïque permettent de créer une ambiance feutrée et pieuse à l'intérieur de la basilique, en même temps qu'elles servent de décoration sur certaines de ses façades.
A l'intérieur de la basilique, un autel fait en pierre taillée à Akok Bekoé, dans le département de la Mefou et Akono, en impose par sa stature et sa forme originale. La madone noire, sculptée sur l'ébène, tout à coté de l'autel, est incontestablement l'attraction de toutes les œuvres d'art et d'autres énormes tableaux en bronze et argent, qui ornent les murs et les allées de la basilique, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Le sol est recouvert d'un marbre soigneusement poli, qui lui confère une solidité apparente.
4 milliards
Même si le recteur de la basilique reste peu disert sur le montant de cet édifice, des indiscrétions glanées à bonne source avancent le chiffre de quatre milliards pour sa réalisation dans son état actuel. Un investissement qui aurait plongé l'archidiocèse de Yaoundé dans un endettement dont il peine à sortir. De même, son entretien reste une préoccupation constante du recteur de la basilique. Les charges d'électricité et d'eau, qui s'élèvent à plus de 300 000 francs Cfa chaque mois, nécessitent d'envisager des formules pour amortir ces dépenses. Une tâche qui ne doit plus incomber seulement aux responsables de l'archevêché, ou aux seules aides ponctuelles de quelques chrétiens prodigues. Les touristes pourraient être mis à contribution pour entretenir l'ouvrage, comme il est de coutume ailleurs, en leur faisant payer symboliquement les visites de la basilique. Une idée qui fait son chemin au sein de l'administration de la basilique Marie Reine des Apôtres.
Source: Le Jour Quotidien
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