"Je l’ai appelé vers 9h quand j’ai rejoint Yaoundé en provenance de Douala où j’étais allé suivre l’impression du journal. Il m’a indiqué qu’on se retrouvait au bureau. Il m’a plutôt trouvé au "Municipal", un bar situé à côté de la mairie de Yaoundé VIe au quartier Biyem-Assi, où j’étais attablé avec l’ensemble de la rédaction. Il est entré dans une grande colère en demandant ce que nous avions à nous exposer de la sorte après la parution de la bombe de ce matin [ndlr, lundi], m’enjoignant de fermer mon téléphone et de disparaître", relate Charles Nwé, rédacteur en chef adjoint de La Nouvelle Presse.
Après le départ du Dp, le personnel remarque une présence suspecte dans le bar. Un monsieur d’un "âge mur", les yeux masqués par des lunettes noires, arrivé à bord d’une Mercedes de couleur noire, s’installe non loin des journalistes et dépose sur la table les deux dernières éditions de La Nouvelle Presse. Flairant le coup fourré, un cousin de Jacques Blaise Mvié, qui est par ailleurs son homme de main, l’alerte de cette présence suspecte en lui suggérant de quitter sa maison localisée dans la même zone. Surtout que quelques temps plus tard, rapporte le cousin sus-cité, "l’homme à la Mercedes noire" est surpris au téléphone au "call-box" au pied du bar entrain de demander à son interlocuteur au bout du fil un renfort en hommes.
Moins d’une demi-heure après une Toyota Prado grise d’acquisition récente, qui appartient à l’armée si on s’en tient à la plaque minéralogique, avec quatre personnes en civil à bord va s’immobiliser pour un échange avec l’homme aux lunettes noires. La Prado repartira avec ses occupants, laissant surplace "le type louche" identifié depuis près d’une heure.
Sémil
Jacques Blaise Mvié, qui se sait déjà recherché, retrouvera peu avant 11h dans un bar non loin de Niki Biyem-Assi, Charles Nwé à qui il va remettre les moyens nécessaires pour "tenir la maison" et assurer la parution de l’édition du journal de cette semaine. Il entend se mettre en lieu sûr pour ne pas tomber entre les mains de ceux qui le traquent désormais. Alors qu’il amorce à pied la pente qui mène de Niki Biyem-Assi au carrefour Acacias, où il doit retrouver son fils supposé le conduire vers sa cachette, Jacques Blaise Mvié, vêtu d’un survêtement Nike noir et des baskets de la même marque, aurait été intercepté par des militaires en civil dans une Prado grise. "Il m’a juste dit au téléphone qu’on l’avait pris dans une Prado grise et qu’il ne savait pas où on l’emmenait", indique Charles Nwé qui situe à ce moment là son dernier contact avec son patron.
Nos tentatives de joindre Jacques Blaise Mvié hier après-midi sur son téléphone portable ont été vaines, celui-ci renvoyant toujours au répondeur. Dans la soirée, autour de 21h, son téléphone sonnait mais personne ne le décrochait. Par moments, on était renvoyé vers le répondeur. En milieu d’après-midi hier, nous avons joint sur son téléphone portable le chef de la division de la sécurité militaire au ministère de la Défense, le lieutenant-colonel Gédéon Youssa, dont les éléments sont sensés avoir procédé au rapt de notre confrère pour recouper l’information. Après avoir décliné notre identité il nous a signifié qu’il nous rappelait dans une minute. Ce qu’il n’a pas fait, ne décrochant même plus son téléphone par la suite.
Le Dp de La Nouvelle Presse ferait les frais de ce qu’il a lui-même qualifié de "bombe". Il s’agit en fait du n° 333 de La Nouvelle Presse en kiosque à Douala dès les premières heures de la matinée à Douala le lundi 3 mars et qui porte la date du mercredi 27 février. Le journal avait été bouclé depuis la semaine dernière mais n’a pu être imprimée à cause des émeutes qui paralysaient l’essentiel des villes camerounaises au premier rang desquelles Douala. A la Une de ce journal on peut lire en surtitre "un apprenti sorcier démasqué" et en titre "le vrai commanditaire de la tentative de coup d’Etat" avec en évidence une photo du ministre délégué à la présidence chargé de la Défense, Rémy Zé Meka vers qui "tous les soupçons convergent".
Source: Quotidien Mutations
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