Une séance de pose de sabots sur un véhicule, dans la ville de Yaoundé, la capitale camerounaise, a failli provoquer une bagarre sanglante.
Par Lindovi Ndjio
Une pose de sabot dégénère
Yaoundé parc Repiquet ce 26 mai. Il est midi. Une foule bruyante et agitée a envahi la route en face de la Chambre d’agriculture. Au milieu et auprès d’un véhicule, un homme d’un âge assez avancé se bat contre près d’une demi douzaine de personnes plus jeunes que lui. Ce sont des agents de la Communauté urbaine de Yaoundé (Cuy) et des policiers. Le vieux qui est presque à bout de souffle parvient à ouvrir le véhicule, d’où il sort une machette qu’il brandit en menaçant : "je vais vous couper".
Effrayés les assaillants s’écartent. Seul un policier a le courage de poursuivre la bagarre, en essayant de retenir l’arme que le vieux tient à user pour casser les sabots que les agents de la Cuy viennent de faire chausser sur les roues de sa voiture ; et même si possible, se débarrasser du policier qui veut à tout prix le maîtriser, en annonçant qu’il représente la loi : "vous vous promenez avec une machette dans la voiture ! " Et son possesseur de lui répondre : "ma voiture c’est ma maison. Vous n’allez pas m’empêcher de mettre ma machette dans ma maison".
Ce n’est pas le laissez-passer qui barre le pare-brise du véhicule querellé et qui indique qu’il date de la cérémonie de présentation des vœux au chef de l’Etat (janvier 2008, Ndlr), qui donne du zèle à l’homme qui se présente comme un fonctionnaire à la retraite. "Je leur ai expliqué que je n’avais qu’une minute à faire à la banque, juste le temps de vérifier mon compte", raconte-t-il au milieu de l’affluence. Mais surtout "pourquoi c’est moi seul qui suis victime, alors que beaucoup d’autres véhicules sont garés au même niveau que moi, et ils ne voient pas ?", ajoute l’homme, nerveux.
Un témoin raconte qu’ : "ils ont mis les sabots quand il était même déjà revenu de la banque ; il les a suppliés et personne n’a voulu le comprendre. C’est en ce moment qu’il a engagé la bagarre". La foule prend fait et cause pour le propriétaire du véhicule que certains disent déjà qu’il est victime de ce qu’il sortait de la banque. "Ils savent qu’il a l’argent ; c’est pour cela que c’est lui qu’ils ont pris", croit savoir l’un d’entre eux.
Insuffisant pour faire fléchir les renforts sollicités par les employés de la Cuy. Le camion chargé de transporter le véhicule est arrivé avec à son bord d’autres policiers. Et le véhicule est remonté à l’arrière du camion, puis transporté vers la voirie municipale sous le regard impuissant de son propriétaire. Tous les autres véhicules garés à la même hauteur ont été épargnés. C’est pas moins de la somme de 25.000F que le pauvre homme devra débourser pour retrouver sa voiture.