Irenée Godefroy Zanga
Lui qui avait rêvé de devenir journaliste, mais n’avait pas pu être reçu au concours de l’Ecole supérieure de journalisme de Yaoundé, à l’époque. Enseignant à l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (Esstic) depuis 2001, il y a soutenu le 7 mai dernier la toute première thèse de doctorat, sur l’"Analyse pragmatique des interactions médiatiques : cas des communications gouvernementales".
Un combat interactionnel entre les membres du gouvernement et la presse, sous le regard des téléspectateurs. Principalement "à un moment capital du Cameroun", pour reprendre l’exposant, cette période où Augustin Kontchou Kouomegni était ministre de la Communication.
"Le travail de Zanga consiste à démontrer que la communication gouvernementale au Cameroun est inapte à rendre compte, du fait que chacun cherche à avoir raison sur l’autre. D’où le recours à toute sorte d’armes, y compris l’injure et le dénigrement", expliquait Laurent Charles Boyomo Assala, son directeur de recherche. In fine, une mention honorable pour cette première thèse de l’unité de formation doctorale (Ufd) de l’Esstic.
"[i En choisissant ce sujet, beaucoup d’enseignants de rang magistral camerounais n’ont pas accepté de le diriger, car, ils ont estimé qu’il était dangereux. Seul le professeur Boyomo Assala ]a accepté. Avec un ministre encore en fonction devant moi, je savais que ce ne serait pas une partie facile", révèle celui qui ne devait, en principe, pas faire partie des premières têtes couronnées de l’Ufd de l’Esstic. "L’Ufd de l’Esstic n’avait pas encore d’autorisation d’aller jusqu’à la thèse" quand il prend une inscription à l’université de Lyon en France. Il a dès lors une année d’avance sur ses camarades de Yaoundé.
Il dit avoir une très haute idée des journalistes camerounais. Même s’il les classe en trois catégories : les adjuvants, les opposants et les flagorneurs. Irenée Zanga ne s’est pas beaucoup éloigné de son ton d’enseignant (il est au départ professeur de Français de lycée, accessoirement de philosophie). Mais aussi de romancier. D’ailleurs, les membres du jury lui faisaient encore remarquer que son travail était très influencé par le style romanesque.
Irenée Godefroy Zanga dont le premier prénom a intrigué Jacques Fame Ndongo à s’interroger sur la bonne orthographe, semble être un miraculé. Il a failli ne pas présenter ce travail, parce que victime d’un accident de la circulation le 26 janvier dernier, qui l’aurait gardé sur ses béquilles jusqu’en juin prochain. Et de remercier le divin : "Je crois que quelque part, la main de Dieu m’a permis de vite me rétablir".
Source: Quotidien Mutations
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