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Francoise Foning : Je suis née femme d'affaires
(10/04/2008)
Elle est maire et député. Elle est surtout une femme d’affaires touche à tout. La restauration, le transport, l’import-export, le BTP, l’enseignement, la santé… Françoise Foning, femme multiple, a quand même eu le temps d’avoir une descendance.
Par Hance Guèye
Pour réussir en politique, les femmes doivent accepter les injures. Elles doivent être sûres d'elles-mêmes, pas se laisser abattre.

Francoise Foning

A Douala, la capitale économique du Cameroun, elle est incontournable. Tout le monde la connaît. Elle est un défi à l’opposition dans son propre fief. Lors des violences contre la vie chère à Douala fin février, sa mairie a été brûlée. L’enquête ouverte par la gendarmerie, qui a déjà convoqué plusieurs personnes dont des membres de son propre parti permettra peut-être de dire qui en veut à la député-maire, comme on l’appelle toujours, avec affection ou dépit. C’est que Françoise Foning ne laisse jamais indifférent. On l’adule ou on la voue aux gémonies.

Françoise Foning est pourtant une femme d’affaires avant d’être politicienne. C’est parce qu’elle était déjà une femme célèbre qu’on est venue la chercher pour lui faire faire le saut en politique. « Ce devait être en 1960, j’étais dans un quartier populaire et une délégation est venue me voir : “ Tu seras présidente de cellule ”, m’ont-ils dit. C’est ainsi que j’ai commencé à la base, gravi les échelons et me voici député-maire de Douala 5 depuis 2002 ».
La soixantaine, Françoise est avant tout une femme d’affaires qui a réalisé ses rêves de petite employée dans le tourisme, où elle débute en 1966. Salaire insuffisant. Pour arrondir ses fins de mois, elle ouvre parallèlement un restaurant, le New Style. Le fonds de départ, comme c’est souvent le cas au Cameroun, provient des tontines. Les participants versent mensuellement une somme et un tirage au sort désigne chaque mois celui qui ramasse toute la mise. Elle doit abandonner son travail salarié. Autant parce que le restaurant commence à marcher que parce qu’il lui est difficile de concilier les deux. « Je travaillais jusqu'à une heure du matin, et le matin, j'allais au bureau ».




Business, business

Fini donc le salariat. En avant toutes pour les affaires. Le restaurant marche si bien qu’il donne son nom à tout un quartier de Douala. Elle s’achète ensuite une voiture pour en faire un taxi. Très rapidement, les taxis s’empilent. Elle en a bientôt plus de trente. Le concessionnaire du Japonais Toyota lui fait confiance et les lui cède à crédit. Elle finira par être propriétaire d’une flotte de 150 taxis.
Un restaurant, une flotte de taxis, ce n’est pas encore assez. Elle y ajoute une société d’extraction de graviers, puis elle achète à un Italien une usine de fabrication de meubles, Anflo, qui vend beaucoup à l’Etat et qui exporte, en Afrique et aux Etats-Unis. Elle y emploie quelque 280 personnes. Puis c’est l’import-export. « J'ai créé une société qui s'appelait Socamac. Je faisais venir de l'huile d'arachide, des cuisses de poulet congelés et des gigots de bœuf, du riz, etc. ». Elle rachète une clinique, la polyclinique de la Main noire, ouvre un collège, celui de la Fraternité, se lance dans la fabrication de médicaments, dans le bâtiment et les travaux publics, dans la construction de routes. Toutes ces activités constituent aujourd’hui le groupe Foning.

Cette forme de réussite dans les affaires ne pouvait manquer d’être reconnue et célébrée au plan continental. La Banque africaine de développement l’a utilisée comme consultante et elle fut nommée secrétaire permanente, pour l'Afrique centrale, du centre de formation de l'AGOA (African growth opportunity Act). Elle a aussi remporté de nombreuses distinctions mais, surtout, Mme Foning, reine de la cour royale du groupement Bafo (Ménoua), ayant reçu le Njih, distinction honorifique du sultanat Bamoun, a empilé comme en affaires les responsabilités. Présidente du Réseau africain pour le soutien de l’entreprenariat féminin, vice-présidente exécutif de la table ronde des hommes d'affaires africains, vice-présidente internationale pour le forum francophone des affaires et, consécration en octobre 2005, présidente de l’ONG Femmes chefs d’entreprise mondiales. Elle est la première noire à occuper le poste.



Généralement, deux semaines après l’accouchement, j’étais déjà dans la rue ! J’ai toujours été très active, je ne me fixe pas de limite d’action.

Douala, son fief, est le bastion de l’opposition depuis le retour au multipartisme en 1990. C’est pourtant là qu’à l’occasion des élections de 1997 elle a conquis la mairie du 5e.
En 2002, elle est élue député du parti au pouvoir, le parti du président Paul Biya dont elle est l’une des proches. Et elle ne s’en cache pas. Bien au contraire : « Quand j’ai eu mon très grave accident de la route en août 2003, ils ont fait affréter un avion privé pour me transporter à Paris. J’avais les jambes cassées, aujourd’hui je saute, je danse. Je suis une véritable miraculée, le Seigneur a voulu que je m’en sorte et le couple présidentiel y a contribué. Quand on est née femme d’affaires comme moi, on tombe et on se relève. »
Malgré cet appui présidentiel, sa première infortune politique est venue de son propre camp. Lors des élections législatives de juillet 2007, la Commission départementale de supervision des élections a donné la victoire à sa liste par 59,67% des suffrages contre 29,57% pour le Social Democratic Front (SDF), chef de file de l’opposition. Suite au recours de l’opposition, le scrutin a été annulé par la Cour suprême. « Si on reprend les élections 100 fois, ceux qui ont gagné vont toujours gagner », proclame son camp en guise de consolation. C’était oublier les dissensions internes. Les primaires dans le parti présidentiel ont été féroces. Les élections reprises en septembre voient la chute de Dalida, surnom de Françoise Foning. La liste du RDPC qu’elle dirige ne recueille que 41% des suffrages contre 48,5% pour celle du SDF, qui obtient ainsi deux des quatre sièges à pourvoir. Ce revers n’a pas fait que des malheureux dans son camp. Ce n’est pas pour l’ébranler, elle qui dit à ses sœurs qu’en politique, pour que les femmes réussissent, « elles doivent accepter les injures. Elles doivent être sûres d'elles-mêmes, pas se laisser abattre ».
Et la vie de famille dans tout cela ! Un tel activisme est-il conciliable avec une vie de famille ? « J’ai quand même eu le temps d’avoir une descendance ! J’ai été mariée, je suis veuve à présent. Je suis mère de six enfants et neuf fois grand-mère... Généralement, deux semaines après l’accouchement, j’étais déjà dans la rue ! J’ai toujours été très active, je ne me fixe pas de limite d’action. »



Source : Les Afriques


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