Une délégation du FMI est présente au Cameroun pour évaluer l'impact de la crise sur le pays.
D’un côté, les acquis. On le sait depuis le conseil d’administration du Fmi du 9 janvier 2009 : le programme économique et financier, basé sur une Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (Frpc), qui courait depuis trois ans, est considéré comme achevé. Il ne s’agit donc pas, pour les fonctionnaires du Fmi, de venir évaluer la mise en œuvre de quelque programme. La mission attendue, qui s’inscrit en droite ligne du fameux article IV, dispose d’une " feuille de route " claire. Elle vient, selon nos informations, discuter de la situation économique et financière générale du pays. Plus précisément : elle vient prendre le pouls de l’impact de la crise financière sur les activités économiques camerounaises.
Elle devrait commencer par Douala, où elle est censée rencontrer les représentants du secteur privé, dont des représentants d’établissements bancaires. Le Fmi devrait aussi échanger avec la " société civile " (des syndicats des organisations non gouvernementales).
Secret de Polichinelle : les fonctionnaires de l’institution financière internationale vont aussi avoir des échanges avec les autorités camerounaises, avec, très probablement, une évaluation de vingt années d’ajustement structurel, sous la houlette des institutions financières internationales.
Rideau sur les certitudes. Et c’est l’autre côté de cette mission. Toute en interrogations.
Les discussions entre le gouvernement et le Fmi devraient être centrées sur les options prises par le Cameroun pour assurer le pilotage de son économie. Sur la table, et en toute hypothèse : la possibilité de négocier un autre Programme économique et financier adossé sur une Facilité pour la réduction de la pauvreté et de la croissance (dont certaines sources disent qu’elle pourrait changer d’appellation). Il s’agirait alors d’un retour à un train de réformes –officiellement convenues entre les deux parties - soumises aux évaluations du Fmi. Comme il y en a eu depuis deux décennies, mais peut-être davantage depuis la signature, en 1997, d’un programme soutenu par une Facilité d’ajustement structurel renforcée (Fasr).
Environnement des affaires
Mais, l’autre terme de l’alternative est tout aussi connu : le Cameroun, dont des voix officielles affirment qu’il devrait se réapproprier les leviers d’élaboration de sa propre politique économique, pourrait opter, pour la conclusion, d’un Instrument de soutien à la politique économique ( Ispe). Depuis octobre 2005, le discours officiel du Fmi soutient que cet Instrument " permet au Fmi de soutenir les pays à faible revenu qui ne désirent pas bénéficier – ou n’ont plus besoin – d’un concours financier du Fmi. Il aide ces pays à élaborer des programmes économiques efficaces et, une fois ceux-ci approuvés par le conseil d’administration, il informe les donateurs , les banques multilatérales de développement et les marchés que le Fmi a approuvé le plan d’action des membres". (Lire encadré)
" Il s’agit d’un instrument de soutien à des réformes, mais sans tirage ", explique une source autorisée. Qui ajoute, conscient que le pays ne pourra plus bénéficier dans ce cas des concours financiers du Fmi : " C’est un instrument qui envoie un message très fort sur la capacité d’un pays à conduire lui-même les réformes qu’il souhaite. Une bonne part de la crédibilité du pays se joue à l’aune de cet instrument ". Quelques jours avant l’arrivée de la mission du Fmi, et quelques semaines après le dévoilement, le 4 mars, à Yaoundé, de la vision économique du Cameroun à l’horizon 2035, des voix autorisées en étaient encore, au sein de l’appareil gouvernemental, à confesser leur incapacité à se prononcer sur le choix des autorités camerounaises. Quelle que soit la voie qu’empruntera le gouvernement, il est constant que le pays gardera la possibilité de s’endetter à des taux dits concessionnels.
Reste que le pays, du point de vue des réformes attendues et espérées, est un vaste chantier. Les experts et les opérateurs économiques conviennent que le sempiternel problème de l’environnement des affaires contribue à brider une croissance dont il est dit que le secteur privé est le moteur. Tout s’y tient : le cadre règlementaire, le secteur judiciaire, la gouvernance, etc… Sont aussi en instance résolution de nombreuses équations à plusieurs inconnues. Le renforcement de la gestion des dépenses publiques. Les mesures susceptibles de soutenir les activités des Petites et moyennes entreprises. La réforme des entreprises publiques, dont les plus optimistes des experts affirment que les autorités ne feront pas l’économie par temps de rareté des ressources financières, et en raison de leur importance dans des activités productrices (Camtel, Campost, etc). Le secteur financier n’est pas en reste. Il est question de le renforcer. Et ce sont les défis qui manquent le moins : réduction des délais dans la résolution des conflits de type commercial (l’idée de la création d’un tribunal de commerce a été déjà évoquée) ; réforme du cadastre dans un environnement où les titres fonciers interviennent comme caution pour les crédits bancaires ; révision du coût du crédit jugé élevé (des annonces du ministre des Finances ont momentanément ému une partie du secteur bancaire il y a quelques mois) ; constitution d’une centrale des risques, etc…
Des points qui avaient retenu l’attention d’une mission du Fmi venue évaluer le système bancaire camerounais en 2007. Déjà !
Source: La Nouvelle Expression
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