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Enseignement supérieur : Quand l'université sert de transit aux enseignants
(04/05/2009)
Cameroun: Beaucoup ont abandonné les étudiants pour des postes administratifs pour espérer des traitements plus honorables.
Par Parfait Tabapsi (Quotidien Mutations)
Les avis des observateurs de la scène universitaire camerounaise convergent sur un fait : S'agissant de la situation des enseignants du supérieur, il y a eu un avant et un après 1993. Ambroise Kom l'un d'eux, ne pensait pas autre chose lorsqu'il disait dans ces mêmes colonnes en mai 2004, que "avant 1993, l'enseignant d'université pouvait échapper au chantage alimentaire et se permettre de penser librement. Ses revenus et avantages connexes pouvaient lui permettre de subvenir à ses besoins essentiels. (…) Après les réductions de salaire de 1993, la dévaluation de 1994 auxquelles il faut ajouter l'inflation galopante, tout s'est gâté. Joindre les deux bouts est devenu une préoccupation de tous les instants."
Une préoccupation qui amène très souvent les enseignants à vider les amphis pour aller chercher fortune ailleurs tant "il faut faire bouillir la marmite" par temps de vaches maigres. C'est ainsi que, et toujours selon Ambroise Kom, beaucoup de ses collègues "ont déployé, avec des succès divers, un supplément de charme pour être mieux perçu et, éventuellement, obtenir quelques postes à prébendes". Pendant que les moins fortunés "s'adonnent à quelques activités parallèles" au mépris de la raison d'être de l'université qui est d'enseigner et de faire de la recherche.
Si nombre de ces enseignants ont choisi d'aller poursuivre leur carrière à l'étranger après 1993, il reste que beaucoup sont restés au pays où les strapontins ne manquent pas. En 2000 déjà, le syndicat des enseignants du supérieur (Synes) n'indiquait- t-il pas dans son bulletin que "une estimation sommaire montre que près du tiers de l'effectif du corps enseignant est aujourd'hui commis à des tâches administratives" ?

Un triste chiffre que Emmanuel Ngameni, secrétaire à l'organisation dudit syndicat, avoue aujourd'hui être en hausse dans la mesure où les institutions ont augmenté, rendant la situation "préoccupante" dans les campus. Un point de vue que ne partage pas Mathieu Minyono-Kodo de l'Inspection générale académique du Minesup. Pour lui, il n'y a point lieu de parler de saignée, tant les départs des campus restent marginaux pour l'instant puisque ne concernant que "quelques cas". Lui pense plutôt que le problème est celui des effectifs insuffisants des enseignants au sein des campus.
Raison pour laquelle son employeur "a instruit les conseillers culturels de nos ambassades de faire de la prospection en vue de faire revenir au pays des enseignants, ne serait-ce que sur certaines périodes car on a de gros problèmes au niveau de certaines filières et en ce qui concerne les professeurs de rang magistral qui ne courent pas les rues."

La phagocytose par l'administration
En attendant, Emmanuel Ngameni explique le phénomène par "l'engouement pour la fonction administrative" de ses collègues et qui "réside, à n'en pas douter, dans les 'équivalences' consacrées par les décrets de nomination entre ces fonctions et les "postes" dans l'administration centrale des ministères." Une administration qui a prévu des postes jusqu'au sein des universités et qu'occupent nombre d'enseignants de grade au détriment de leur fonction première d'enseigner et de faire de la recherche. Si l'on prend les sept universités d'Etat existant au Cameroun avec les responsabilités administratives qui sont dévolues aux enseignants, (du recteur au chef de département en passant par les doyens et autres directeurs), c'est une portion importante d'entre eux qui est ainsi promue et qui du coup abandonne la craie.

A côté de l'administration des universités, il y a que les ministères, en commençant par celui de l'Enseignement supérieur (Minesup), recourent de plus en plus aux enseignants d'université pour le plus grand malheur des étudiants. Combien sont-ils en effet ces professeurs et autres docteurs qui occupent des bureaux dans les ministères où ils sont directeurs, conseillers, inspecteurs, chargés d'étude ou de mission, chefs de service, secrétaires particuliers, secrétaires généraux ou simplement ministres ? Un bon paquet sans doute. Ce qui fait dire à Ambroise Kom que "l'université s'apparente à un simple lieu de passage, à une salle d'attente. On y est en espérant d'entrer dans les cercles du pouvoir, en attendant de créer son affaire ou d'être invité à joindre telle ou telle structure privée, régionale ou internationale. L'enseignant est en transit sur le campus."

Un campus où l'étudiant est celui qui subit in fine cette désertion. Surtout que ceux des enseignants qui restent ont souvent "un pied à l'université et un autre en dehors". C'est ainsi que, en plus des autres problèmes auxquels il doit faire face, l'étudiant doit compter avec les retards qui s'accumulent dans l'exécution des emplois de temps, ou encore sur le fait que les enseignements sont souvent mal dispensés ou pas dispensés du tout. Pour l'étudiant André Benang, "ils sont peu nombreux les enseignants qui suivent effectivement les programmes jusqu'au bout comme on peut le voir avec les travaux dirigés qui sont bâclés quand ils sont programmés. Et là je ne parle même pas des travaux dirigés qui souffrent de l'absence d'équipement adéquat des laboratoires existantes".


Source: Quotidien Mutations


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