L’affaire des « Biens mal acquis » n’en finit pas entre la France et le Cameroun. Après deux plaintes déposées par des associations camerounaises en France, c’est le parquet de Paris qui a ouvert une enquête préliminaire contre le président de la République du Cameroun.
L’enquête a été confiée aux policiers de l’Office Central de La Répression de la Grande Délinquance Financière – OCRGDF – afin de déterminer si le chef de l’Etat camerounais s’est réellement rendu coupable de détournements de fonds publics dans l’exercice de ses 28 ans de mandat.
D’après le porte parole du gouvernement, cette enquête est complètement infondée, Paul Biya n’ayant à répondre à aucune accusation en France : « La réaction du gouvernement est très simple : nous affirmons que le président de la République du Cameroun n'est comptable que devant son peuple... Il n'a pas à répondre à ces accusations », a-t-il déclaré en réponse à l’ouverture de l’enquête.
Si la question des détournements est pertinente notamment dans l’actualité politique camerounaise, avec l’arrivée des élections l’an prochain, on peut effectivement comme Issa Tchiroma Bakary se demander quelle est la légitimité de la France pour ouvrir une enquête sur le chef d’un Etat étranger dans un cadre qui ne se place pas dans l’enceinte des crimes contre l’humanité et autres.
En effet, si l’enquête révélait que le président camerounais s’était rendu coupable de mauvaise gestion et de détournements de fonds au Cameroun, quelle serait l’attitude de la France à l’égard du président camerounais ? Saisie de ses biens en France ? Plainte au tribunal international ? La marge de manœuvre semble bien réduite dans une affaire qui ressemble encore une fois à une « leçon de démocratie à la Française »
A l’instar du patrimoine de Paul Biya en France, les patrimoines des anciens présidents français en Afrique francophone ont souvent tâche d’huile ; si Nicolas Sarkozy n’a pour l’instant jamais été pointé du doigt en ce sens, les affaires Bettencourt, Karachi, Clearstream et autres forment un emploi du temps déjà bien corsé à la France pour qu’elle ait le temps d’enquêter sur Paul Biya, dictateur fut-il.
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