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Enfants soldats : de faibles lueurs d'espoir
(14/04/2009)
Selon un rapport paru en mai dernier, des dizaines de milliers d’enfants dans le monde sont envoyés au combat par des groupes armés et huit gouvernements.
Par Isolda Agazzi (Syfia Suisse)
Les enfants soldats ont parfois toutes les peines du monde à se réinsérer lorsqu'arrive dans leur pays la paix.
Les enfants soldats ont parfois toutes les peines du monde à se réinsérer lorsqu'arrive dans leur pays la paix.
" Les enfants soldats sont parfaits parce qu’ils ne se plaignent pas, ne s’attendent pas à être payés et si tu leur dis de tuer, ils tuent. " Ces propos cyniques d’un haut gradé de l’armée tchadienne résument crûment le drame de l’enfance volée, dénoncé par la coalition des principales Ong de droits de l’homme (1), dans un rapport paru en mai 2008 (2). Un fléau qui touche des dizaines de milliers de garçons et de filles de moins de 18 ans, surtout en Afrique, mais aussi en Asie et sur les autres continents.
L’utilisation de mineurs dans les conflits armés est interdite depuis 2002 par le protocole facultatif à la Convention sur les droits de l’enfant, auquel ont adhéré les trois quarts des États de la planète. Mais la pauvreté, les violations des droits de l’homme et les discriminations sont un terreau propice au recrutement – de gré ou de force – d’enfants qui ont souvent peu d’alternatives.
La mise en œuvre de cet instrument juridique est donc très lente, regrette la Coalition, tout en reconnaissant que quelques progrès ont été accomplis. Ainsi, le nombre de conflits armés impliquant des enfants est passé de 27 à 17 en quatre ans – date du dernier rapport – et des dizaines de milliers d’enfants ont été libérés. Mais cette amélioration est surtout due à la fin de conflits au Burundi, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Liberia, en Indonésie et au Népal, plutôt qu’à une véritable volonté de démobiliser les mineurs.

Groupes armés et armées régulières

Le rapport souligne que la plupart des enfants sont recrutés par des groupes armés non étatiques qui agissent dans 24 pays. À côté des Farc en Colombie, des Tigres tamouls au Sri Lanka et de l’Armée de résistance du Seigneur en Ouganda, des groupes moins connus opèrent au sud de la Thaïlande, aux Philippines, au Myanmar (Birmanie) et en Inde. Victoria Forbes Adam, directrice de la campagne, note que " ces groupes représentent le défi le plus difficile à relever, car ils ne font souvent que peu de cas des normes internationales ", même si certains se sont engagés à mettre fin à leurs pratiques barbares.

Mais les armées régulières ne sont pas en reste. Si le Myanmar remporte la funeste palme du pays qui envoie le plus de mineurs au combat, Israël, l’Ouganda, la Rdc, la Somalie, le Soudan, le Tchad et le Yémen font aussi figure de moutons noirs. En fait, dès qu’un conflit éclate, des mineurs y sont presque systématiquement associés.

Selon les Ong, des prisonniers de guerre mineurs auraient été torturés aux États-Unis, en Israël et au Burundi, alors que d’autres jeunes seraient utilisés en Afghanistan, en Irak, au Pakistan et dans les Territoires occupés comme bombes humaines dans des attentats suicides. Human Rights Watch accuse l’armée américaine de détenir 513 mineurs irakiens en Irak, qui risquent de subir des maltraitances. Difficile de lutter contre ce phénomène alors que 63 gouvernements au moins – dont les Etats-Unis et le Royaume Uni – autorisent le recrutement volontaire de mineurs en temps de paix. Et que l’armée britannique a envoyé en Irak des soldats âgés de moins de 18 ans.

Dès lors, le grand défi est le désarmement, la démobilisation et la réinsertion d’anciens enfants soldats. Mais ces opérations sont difficiles et coûteuses et 14 000 anciens enfants soldats ont été exclus des programmes de réinsertion en RD Congo.

La difficile réinsertion des jeunes filles

Mais c’est pour les jeunes filles que la situation est la plus dramatique, qu’elles soient impliquées dans des combats ou affectées à des tâches domestiques. Victimes d’esclavage sexuel, de viol ou d’autres formes de violence, l’immense majorité d’entre elles ne bénéficient pas des programmes de démobilisation et de réinsertion. Au Liberia, seulement un quart des 11 000 jeunes filles anciennes combattantes se sont enregistrées dans les programmes officiels de démobilisation. Les autres sont retournées dans leurs communautés en catimini, avec de graves séquelles médicales et un lourd handicap économique et social. Les plus vulnérables sont les filles-mères et leurs enfants, souvent nés de viols, qui continuent à être stigmatisés et rejetés par leurs communautés.

Une lueur d’espoir pourrait venir de la justice internationale. Même si elle avance trop lentement. Pour la première fois, le Tribunal spécial pour la Sierra Leone a condamné l’année dernière quatre personnes qui avaient enrôlé des enfants soldats. Et la Cour pénale internationale va juger des responsables de groupes armés de Rdc et d’Ouganda accusés du même crime. Mais au bout du compte, la meilleure façon de rendre à ces enfants leur enfance volée reste la construction de la paix. Et c’est bien là toute la difficulté.


(1) Save the Children, Amnesty International, Défense des Enfants International, Terre des Hommes, Human Rights Watch, Quaker United Nations Office-Genève et le Service Jésuite des Réfugiés
(2) Child Soldiers Global Report 2008



Source: Le Messager


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